1 00:00:05,380 --> 00:00:08,780 Relativement à l'erreur en tant que vice du consentement, 2 00:00:09,100 --> 00:00:12,640 la jurisprudence est venue préciser certains points, 3 00:00:12,840 --> 00:00:17,020 certains qui sont d'ailleurs repris dans les textes aujourd'hui, 4 00:00:17,220 --> 00:00:20,700 mais points qui sont venus illustrer les problèmes 5 00:00:20,900 --> 00:00:24,380 pratiques que peut soulever ce vice du consentement. 6 00:00:24,580 --> 00:00:29,340 Le premier problème pratique et qui a été résolu par la 7 00:00:29,540 --> 00:00:34,360 jurisprudence, c'est celui du moment de l'appréciation de l'erreur. 8 00:00:35,040 --> 00:00:39,100 Moment de l'appréciation de l'erreur puisque, rappelons-le, 9 00:00:39,320 --> 00:00:44,040 l'erreur c'est une mauvaise représentation de la réalité, 10 00:00:44,440 --> 00:00:48,400 donc c'est une discordance entre la croyance de la 11 00:00:48,600 --> 00:00:50,540 victime de l'erreur et la réalité. 12 00:00:50,940 --> 00:00:53,880 La croyance de la victime de l'erreur ne correspond pas à 13 00:00:54,080 --> 00:00:54,860 la réalité. 14 00:00:55,740 --> 00:00:59,480 Parfois, dans la plupart des cas, il y a une discordance qui 15 00:00:59,680 --> 00:01:02,360 peut être constatée au moment de la conclusion du contrat. 16 00:01:02,560 --> 00:01:04,700 C'est-à-dire qu'au moment de la conclusion du contrat, 17 00:01:04,980 --> 00:01:09,380 je croyais acquérir par exemple un original et en 18 00:01:09,580 --> 00:01:12,100 fait c'est une copie, cette discordance elle 19 00:01:12,300 --> 00:01:14,740 existait dès le moment de la conclusion du contrat, 20 00:01:14,960 --> 00:01:17,380 à ce moment-là il n'y aura pas un problème de preuve. 21 00:01:17,580 --> 00:01:19,760 Le problème qui peut se 22 00:01:19,960 --> 00:01:23,500 présenter c'est lorsque la réalité, 23 00:01:24,040 --> 00:01:28,320 donc le caractère d'original ou de copie d'un tableau par exemple, 24 00:01:28,740 --> 00:01:32,620 lorsque la réalité n'était pas connue au moment de la 25 00:01:32,820 --> 00:01:36,380 conclusion du contrat et qu'elle va apparaître par la suite. 26 00:01:36,660 --> 00:01:39,100 Je prends un exemple concret, un exemple pratique, 27 00:01:39,540 --> 00:01:42,640 vente en 2020 d'un tableau 28 00:01:42,840 --> 00:01:45,360 qui sera vendu comme un original. 29 00:01:45,780 --> 00:01:50,740 Et puis, une expertise va être réalisée trois ans après, 30 00:01:51,560 --> 00:01:55,980 une expertise est réalisée en 2023 et les résultats de 31 00:01:56,180 --> 00:01:59,260 cette expertise vont permettre de déterminer que 32 00:01:59,460 --> 00:02:02,680 ce qu'on croyait être un original est une copie. 33 00:02:02,880 --> 00:02:05,380 Alors ce qu'il faut évidemment préciser c'est que 34 00:02:05,580 --> 00:02:09,539 la réalité telle qu'elle résulte de l'expertise de 2023, 35 00:02:10,020 --> 00:02:13,200 la réalité n'a pas bougé, c'est-à-dire que la réalité 36 00:02:13,399 --> 00:02:18,100 même si elle est révélée en 2023 existait déjà en 2020, 37 00:02:18,440 --> 00:02:23,400 même si en 2020 cette réalité n'était pas encore connue par 38 00:02:23,600 --> 00:02:24,359 les parties. 39 00:02:24,559 --> 00:02:29,440 Or en 2020 la croyance des parties, 40 00:02:30,180 --> 00:02:34,600 la croyance notamment de l'acquéreur, c'était bien que le tableau 41 00:02:34,799 --> 00:02:35,559 était un original. 42 00:02:35,900 --> 00:02:38,360 Donc on va considérer que 43 00:02:38,560 --> 00:02:42,120 même si la discordance entre 44 00:02:42,320 --> 00:02:45,820 la croyance de la victime de l'erreur et la réalité 45 00:02:46,019 --> 00:02:49,780 n'apparaît qu'en 2023, cette discordance elle 46 00:02:49,980 --> 00:02:54,640 existait déjà en 2020, date de la conclusion du 47 00:02:54,839 --> 00:02:57,320 contrat puisque dès 2020 en réalité, 48 00:02:57,780 --> 00:03:01,080 la réalité ne correspondait 49 00:03:01,280 --> 00:03:03,900 pas à ce que croyait l'acquéreur. 50 00:03:04,100 --> 00:03:08,840 Donc conclusion, la jurisprudence admet qu'on se 51 00:03:09,040 --> 00:03:13,160 serve d'éléments postérieurs au contrat, postérieurs à la 52 00:03:13,359 --> 00:03:17,100 conclusion du contrat, même si l'erreur est bien 53 00:03:17,299 --> 00:03:20,940 appréciée au moment de la formation, la commission d'une erreur 54 00:03:21,140 --> 00:03:24,800 peut être révélée par des éléments postérieurs à la 55 00:03:25,000 --> 00:03:25,860 conclusion du contrat. 56 00:03:26,140 --> 00:03:29,540 Donc ça, c'est le premier point, on apprécie l'existence de 57 00:03:29,739 --> 00:03:31,340 l'erreur au moment de la conclusion du contrat, 58 00:03:31,720 --> 00:03:35,240 mais on peut établir l'existence de cette erreur 59 00:03:35,440 --> 00:03:38,300 en se fondant sur des éléments de preuve 60 00:03:38,500 --> 00:03:40,740 postérieurs à la conclusion du contrat. 61 00:03:42,220 --> 00:03:46,300 Deuxième point qui est repris aujourd'hui à l'article 1133 62 00:03:46,500 --> 00:03:50,100 et qui est pendant un certain temps avait été discuté en 63 00:03:50,299 --> 00:03:53,620 jurisprudence, savoir si on peut prendre en compte, 64 00:03:53,820 --> 00:03:57,020 est-ce qu'on peut invoquer devant le juge en cas de 65 00:03:57,220 --> 00:04:01,600 litige une erreur commise sur sa propre prestation ? 66 00:04:01,840 --> 00:04:06,800 Et aujourd'hui l'article 1133 du Code civil donne une solution, 67 00:04:07,220 --> 00:04:09,420 donne une réponse positive à cette question. 68 00:04:10,200 --> 00:04:13,000 C'était déjà le cas avant la réforme de 2016, depuis un 69 00:04:13,200 --> 00:04:15,100 certain nombre d'années les tribunaux avaient admis la 70 00:04:15,299 --> 00:04:18,079 prise en compte de l'erreur sur sa propre prestation. 71 00:04:18,300 --> 00:04:22,120 Mais pourquoi ceci avait été discuté par une partie de la 72 00:04:22,320 --> 00:04:23,760 doctrine ? Parce que certains 73 00:04:23,960 --> 00:04:28,380 auteurs estimaient qu’un vendeur par exemple ne 74 00:04:28,580 --> 00:04:32,680 pouvait pas invoquer l'erreur sur la chose qu'il vendait, 75 00:04:32,880 --> 00:04:36,320 tout simplement parce qu'il avait la chose entre les 76 00:04:36,520 --> 00:04:39,720 mains avant la conclusion du contrat de vente et qu'il lui 77 00:04:39,920 --> 00:04:43,160 appartenait de s'informer, de se renseigner sur les 78 00:04:43,360 --> 00:04:46,000 qualités de la chose qu'il allait vendre avant la 79 00:04:46,200 --> 00:04:47,720 conclusion de la vente. 80 00:04:47,920 --> 00:04:51,360 L'exemple qu'on pouvait donner, c'était le vendeur là encore 81 00:04:51,560 --> 00:04:54,620 une fois d'une œuvre d'art qui va vendre cette œuvre en 82 00:04:54,820 --> 00:04:58,000 estimant que c'est une copie et on va s'apercevoir par la 83 00:04:58,200 --> 00:05:02,220 suite que l'œuvre d'art qui a été vendue est un original, 84 00:05:02,620 --> 00:05:03,820 est une œuvre authentique. 85 00:05:04,020 --> 00:05:07,600 Pour certains auteurs le vendeur ne devait pas être 86 00:05:07,800 --> 00:05:11,840 admis à invoquer l'erreur parce qu'il lui appartenait 87 00:05:12,039 --> 00:05:15,780 de se renseigner et de découvrir lui-même à travers 88 00:05:15,979 --> 00:05:19,920 des expertises que l'œuvre était en réalité une œuvre 89 00:05:20,120 --> 00:05:21,240 authentique. On venait en 90 00:05:21,440 --> 00:05:24,680 quelque sorte sanctionner la légèreté du vendeur qui 91 00:05:24,880 --> 00:05:27,460 n'avait pas pris les précautions nécessaires avant 92 00:05:27,659 --> 00:05:32,120 de transférer la propriété du bien qu'il avait entre les mains, 93 00:05:32,320 --> 00:05:36,900 il avait loisiblement tout le temps de procéder aux études 94 00:05:37,099 --> 00:05:39,600 nécessaire. Donc malgré cette 95 00:05:39,800 --> 00:05:42,800 opinion de certains auteurs dans la doctrine civiliste, 96 00:05:43,000 --> 00:05:46,060 la Cour de cassation avait déjà admis qu'on puisse 97 00:05:46,260 --> 00:05:49,460 prendre en compte une erreur sur sa propre prestation et 98 00:05:49,659 --> 00:05:53,900 ensuite la solution a été 99 00:05:54,099 --> 00:05:57,080 reprise et figure aujourd'hui directement dans le Code 100 00:05:57,280 --> 00:05:59,320 civil à l'article 1133. 101 00:05:59,840 --> 00:06:03,200 Néanmoins on peut dire qu'ici dans l'erreur sur sa propre 102 00:06:03,400 --> 00:06:06,740 prestation, on sera peut-être plus sévère dans 103 00:06:06,940 --> 00:06:10,100 l'appréciation du caractère excusable de l'erreur. 104 00:06:10,300 --> 00:06:13,160 Si on estime en effet que c'est une erreur grossière 105 00:06:13,360 --> 00:06:16,580 commise par le vendeur dans l'exemple que j'ai pris, 106 00:06:16,780 --> 00:06:21,739 là ce serait un obstacle à la prise en compte de ce vice du 107 00:06:21,939 --> 00:06:24,060 consentement. Un troisième 108 00:06:24,260 --> 00:06:29,020 problème qui a été résolu par la jurisprudence, c'est le 109 00:06:29,219 --> 00:06:32,680 problème de savoir si l'erreur peut être invoquée 110 00:06:32,880 --> 00:06:36,540 quand il y a un doute sur la réalité. 111 00:06:37,000 --> 00:06:39,800 On vient de voir, il faut s'attacher à chaque fois à la 112 00:06:40,000 --> 00:06:43,020 définition de l'erreur en tant que vice du consentement. 113 00:06:44,000 --> 00:06:47,060 L'erreur en tant que vice du consentement, c'est une 114 00:06:47,260 --> 00:06:50,840 discordance entre la croyance de la victime de l'erreur et 115 00:06:51,039 --> 00:06:51,799 la réalité. 116 00:06:52,320 --> 00:06:56,000 Mais la question qui s'est posée, c'est de savoir si lorsque la 117 00:06:56,200 --> 00:06:59,660 réalité est incertaine, lorsqu'il y a un doute, 118 00:06:59,860 --> 00:07:02,920 est-ce que ce doute met en 119 00:07:03,120 --> 00:07:06,040 échec l'invocation de l'erreur ? 120 00:07:06,240 --> 00:07:10,380 Cette question du doute et de l'erreur, on la retrouve dans 121 00:07:10,580 --> 00:07:12,340 l'affaire dite du Poussin. 122 00:07:12,700 --> 00:07:17,000 C'est une affaire en jurisprudence qui a occupé un 123 00:07:17,200 --> 00:07:19,800 certain nombre de juridictions entre 1972 et 1987, 124 00:07:20,740 --> 00:07:23,680 avec de nombreux arrêts en appel, en cassation, en cassation 125 00:07:23,880 --> 00:07:25,080 après renvoi, etc. 126 00:07:25,760 --> 00:07:29,120 Donc il y a un certain nombre d'arrêts qu'on retrouve pour 127 00:07:29,320 --> 00:07:31,140 certains d'entre eux dans les grands arrêts de la 128 00:07:31,340 --> 00:07:33,380 jurisprudence civile, parce que c'est une affaire 129 00:07:33,580 --> 00:07:36,920 très importante qui a un peu défrayé la chronique à l'époque. 130 00:07:37,380 --> 00:07:40,440 Et dans cette affaire, eh bien finalement la 131 00:07:40,640 --> 00:07:44,440 jurisprudence va à la fois considérer que l'erreur du 132 00:07:44,640 --> 00:07:47,580 vendeur sur sa propre prestation peut être prise en compte, 133 00:07:47,840 --> 00:07:50,500 on vient de le voir, mais également que le doute 134 00:07:50,700 --> 00:07:54,800 sur la réalité, donc même quand la réalité est incertaine, 135 00:07:55,000 --> 00:07:58,040 eh bien ce n'est pas un obstacle à l'admission de 136 00:07:58,240 --> 00:08:00,040 l'annulation du contrat pour erreur. 137 00:08:00,240 --> 00:08:04,580 Donc même si la réalité est incertaine, l'erreur vice du 138 00:08:04,780 --> 00:08:06,580 consentement pourra être invoquée. 139 00:08:06,780 --> 00:08:09,680 Alors on reprend un peu les faits dans cette affaire. 140 00:08:09,880 --> 00:08:12,400 Il y a mise en vente du tableau par des particuliers 141 00:08:12,599 --> 00:08:16,220 dans l'ignorance que c'est un original. L'acquéreur va 142 00:08:16,420 --> 00:08:19,840 découvrir qu'il s'agit d'un original, après des expertises, 143 00:08:20,100 --> 00:08:21,540 et va l'exposer comme tel. 144 00:08:21,740 --> 00:08:26,500 Il va y avoir une action en nullité exercée par les 145 00:08:26,700 --> 00:08:30,900 vendeurs et la Cour de cassation va admettre cette nullité. 146 00:08:31,720 --> 00:08:34,580 La Cour de cassation va en effet considérer qu'il y a 147 00:08:34,780 --> 00:08:39,540 bien une discordance entre la réalité et la certitude qui 148 00:08:39,900 --> 00:08:41,640 était celle des vendeurs. 149 00:08:41,840 --> 00:08:45,740 Donc c'est bien là qu'on retrouve la définition de 150 00:08:45,940 --> 00:08:49,400 l'erreur en tant que vice du consentement. Pourquoi ? 151 00:08:49,600 --> 00:08:53,420 Parce que la certitude des vendeurs au moment de la vente, 152 00:08:53,640 --> 00:08:57,560 c'était que le tableau n'était pas un original de 153 00:08:57,760 --> 00:08:58,520 Nicolas Poussin. 154 00:08:58,720 --> 00:09:01,820 Et c'était la certitude qu'ils avaient au moment de 155 00:09:02,020 --> 00:09:03,100 la conclusion du contrat. 156 00:09:03,660 --> 00:09:08,040 La réalité, elle, apparaît par la suite, mais la réalité 157 00:09:08,240 --> 00:09:11,060 apparaît comme une réalité incertaine. 158 00:09:11,260 --> 00:09:14,760 Une réalité douteuse, c'est ce qui est révélé par 159 00:09:14,960 --> 00:09:16,160 les expertises qui vont suivre. 160 00:09:16,900 --> 00:09:21,140 D'après les experts, c'est peut-être un tableau de Poussin, 161 00:09:21,360 --> 00:09:24,620 mais peut-être pas, il y a une réalité incertaine ici. 162 00:09:24,980 --> 00:09:27,900 Eh bien pour la Cour de cassation, le fait que la réalité soit 163 00:09:28,100 --> 00:09:30,480 incertaine n'empêche pas qu'il y ait bien une 164 00:09:30,680 --> 00:09:33,720 discordance entre la certitude des vendeurs et 165 00:09:33,920 --> 00:09:38,680 l'incertitude qui pèse sur le caractère authentique du tableau. 166 00:09:38,920 --> 00:09:42,480 D'après les juges, le doute sur la réalité n'est un 167 00:09:42,680 --> 00:09:46,420 obstacle à l'admission d'une annulation pour erreur. 168 00:09:46,620 --> 00:09:50,080 Donc là, c'est le premier point qui est posé par la 169 00:09:50,280 --> 00:09:53,960 Cour de cassation en présence d'une réalité incertaine. 170 00:09:54,840 --> 00:09:59,800 L'autre conflit qui peut survenir, il a été illustré par une 171 00:10:00,260 --> 00:10:03,820 autre affaire relative, encore une fois, à un tableau 172 00:10:04,020 --> 00:10:05,440 à la vente d'une œuvre d'art. 173 00:10:05,760 --> 00:10:07,980 On appelle cette affaire l'affaire du "Verrou" de Fragonard, 174 00:10:10,520 --> 00:10:14,820 affaire jugée par la Cour de cassation dans un arrêt de la 175 00:10:15,020 --> 00:10:18,640 première chambre civile du 24 mars 1987. 176 00:10:19,640 --> 00:10:21,820 Alors cette affaire, elle illustre un autre 177 00:10:22,020 --> 00:10:26,580 principe très important lié à l'appréciation de l'erreur en 178 00:10:26,780 --> 00:10:27,960 tant que vice du consentement. 179 00:10:28,160 --> 00:10:31,940 Cette fois-ci, on renverse un peu l'effet de l'affaire Poussin, 180 00:10:32,160 --> 00:10:32,920 les faits sont différents. 181 00:10:33,160 --> 00:10:37,640 Donc il y a bien vente d'un tableau, mais lorsque la vente va être conclue, 182 00:10:37,840 --> 00:10:42,080 il y a un aléa cette fois-ci qui va être acceptée par les parties. 183 00:10:42,460 --> 00:10:46,880 L'aléa va entrer, et c'est un élément très important, 184 00:10:47,200 --> 00:10:50,740 il va d'après la Cour de cassation entrer dans le 185 00:10:50,940 --> 00:10:51,700 champ contractuel. 186 00:10:52,100 --> 00:10:55,040 L'aléa qui entre dans le champ contractuel, ça veut 187 00:10:55,240 --> 00:10:58,220 dire que l'incertitude, elle est prise en compte par 188 00:10:58,420 --> 00:11:01,840 les parties et elle va être acceptée par les parties. 189 00:11:02,780 --> 00:11:04,430 Qu'est-ce que l'incertitude ici ? 190 00:11:04,630 --> 00:11:07,940 Dans la vente du tableau, les parties acceptent que 191 00:11:08,140 --> 00:11:10,740 c'est peut-être un original, c'est peut-être une copie, 192 00:11:10,940 --> 00:11:14,860 on ne sait pas et on ne peut pas l'établir avec certitude. 193 00:11:15,380 --> 00:11:17,860 Or dans cette affaire, les deux parties vont 194 00:11:18,060 --> 00:11:20,980 connaître l'incertitude, vont la prendre en 195 00:11:21,180 --> 00:11:23,260 considération et vont l'accepter. 196 00:11:23,480 --> 00:11:27,300 Les parties vont accepter cet aléa en toute connaissance de cause. 197 00:11:28,140 --> 00:11:31,700 Si la réalité, par le jeu de certaines expertises, 198 00:11:32,000 --> 00:11:36,360 arrive, se manifeste par la suite, eh bien on ne pourra pas 199 00:11:36,560 --> 00:11:40,120 invoquer l'erreur, tout simplement parce que l'aléa 200 00:11:40,320 --> 00:11:43,800 est entré dans le champ contractuel, l'aléa a été prise en compte 201 00:11:44,000 --> 00:11:46,860 par les parties et c'est en quelque sorte un risque à accepter, 202 00:11:47,060 --> 00:11:47,880 c'est-à-dire un pari. 203 00:11:48,180 --> 00:11:49,300 Les parties ont parié. 204 00:11:49,540 --> 00:11:53,360 Le vendeur parie que c'est plutôt une copie, donc il va 205 00:11:53,560 --> 00:11:57,580 le vendre à un prix qui est supérieur à celui d'une copie, 206 00:11:57,780 --> 00:12:02,160 mais inférieur au prix d'un tableau s'il savait que 207 00:12:02,360 --> 00:12:03,120 c'était un original. 208 00:12:03,320 --> 00:12:06,520 Et l'acquéreur se dit que le tableau est peut-être un original, 209 00:12:06,980 --> 00:12:10,960 il va accepter de payer plus que si c'était une copie et 210 00:12:11,160 --> 00:12:14,200 que c'était établi, mais moins que s'il était établi 211 00:12:14,400 --> 00:12:17,260 définitivement, que le tableau était une œuvre d'art 212 00:12:17,460 --> 00:12:22,220 authentique. Donc ici l'aléa 213 00:12:22,420 --> 00:12:26,280 est entré dans le champ contractuel, c'est très important et on va 214 00:12:26,480 --> 00:12:29,680 en déduire dans cet arrêt de la première chambre civile du 215 00:12:29,880 --> 00:12:33,680 24 mars 1987, que l'aléa va 216 00:12:33,880 --> 00:12:35,540 chasser l'erreur. 217 00:12:35,820 --> 00:12:39,340 Si les parties concluent un contrat et prennent un risque 218 00:12:39,540 --> 00:12:42,240 en connaissance de cause, c'est ça qui est très important, 219 00:12:42,560 --> 00:12:45,240 elles doivent accepter ce risque alors elles font un pari. 220 00:12:45,760 --> 00:12:48,480 Pari de faire pour chacune d'entre elles une bonne affaire, 221 00:12:48,680 --> 00:12:50,920 mais si ensuite elles font une mauvaise affaire, 222 00:12:51,120 --> 00:12:53,880 que l'affaire se révèle désastreuse pour leurs intérêts, 223 00:12:54,080 --> 00:12:58,340 elles ne pourront plus tenter de remettre en cause le pari 224 00:12:58,540 --> 00:12:59,300 qu'elles ont accepté. 225 00:12:59,500 --> 00:13:03,380 Donc on ne peut pas parier et ensuite évidemment contester 226 00:13:03,580 --> 00:13:07,620 la validité du pari qu'on a accepté en toute connaissance de cause. 227 00:13:07,880 --> 00:13:10,480 Donc peu importe les circonstances ultérieures, 228 00:13:10,680 --> 00:13:15,460 ici l'aléa chasse l'erreur s'il est connu et accepté. 229 00:13:15,660 --> 00:13:18,460 Voilà on voit que la jurisprudence de la Cour de 230 00:13:18,660 --> 00:13:22,000 cassation est venue préciser un certain nombre de 231 00:13:22,200 --> 00:13:25,760 circonstances dans lesquelles l'erreur pouvait être invoquée, 232 00:13:25,960 --> 00:13:28,700 dans des arrêts qui se rattachent souvent à des 233 00:13:28,900 --> 00:13:29,660 ventes d'œuvres d'art. 234 00:13:29,860 --> 00:13:32,000 Si vous regardez dans le Code civil vous avez énormément de 235 00:13:32,200 --> 00:13:35,120 jurisprudence sur ce type de conflit parce qu’évidemment 236 00:13:35,360 --> 00:13:38,720 quand on a étendu la notion de qualité essentielle de 237 00:13:38,920 --> 00:13:41,180 qualité substantielle, ce n’est évidemment pas la 238 00:13:41,380 --> 00:13:45,000 même chose d'acquérir un original ou d'acquérir une copie. 239 00:13:45,200 --> 00:13:48,920 Donc synthèse sur ces différents éléments précisés 240 00:13:49,120 --> 00:13:50,300 par la jurisprudence. 241 00:13:50,560 --> 00:13:55,080 1, On peut se servir d'éléments postérieurs à la 242 00:13:55,280 --> 00:13:58,620 conclusion du contrat pour établir qu'il y avait bien 243 00:13:58,820 --> 00:14:01,880 une discordance entre la réalité et la croyance de la 244 00:14:02,080 --> 00:14:04,380 victime de l'erreur au moment de la conclusion de ce contrat. 245 00:14:05,380 --> 00:14:10,080 2, L'erreur sur sa propre prestation peut être prise en compte, 246 00:14:10,280 --> 00:14:14,000 mais il faudra bien vérifier qu'à ce moment-là l'erreur 247 00:14:14,200 --> 00:14:16,220 n'était pas une erreur inexcusable. 248 00:14:16,920 --> 00:14:21,880 3, Même si la réalité est douteuse, même si la réalité est incertaine, 249 00:14:22,600 --> 00:14:25,700 ça ne remet pas en cause la prise en compte de l'erreur 250 00:14:25,900 --> 00:14:29,160 si une des parties, elle, était convaincue que tel 251 00:14:29,360 --> 00:14:30,120 élément existait. 252 00:14:30,580 --> 00:14:35,540 Et ensuite, quatrième hypothèse, l'aléa chasse l'erreur si les 253 00:14:36,280 --> 00:14:39,780 parties acceptent une incertitude dans la 254 00:14:39,980 --> 00:14:42,180 conclusion du contrat, elles ne pourront plus 255 00:14:42,380 --> 00:14:45,200 ensuite dire qu'elles sont trompées pour remettre en 256 00:14:45,400 --> 00:14:47,560 cause la validité de leur engagement. 257 00:14:49,120 --> 00:14:52,000 Voilà les différentes dispositions légales, 258 00:14:52,200 --> 00:14:54,200 les différentes précisions jurisprudentielles sur le 259 00:14:54,400 --> 00:14:56,660 premier vice du consentement qui est l'erreur. 260 00:14:56,880 --> 00:15:00,060 L'erreur qui une fois qu'elle aura été prouvée permettra 261 00:15:00,260 --> 00:15:02,940 d'obtenir la nullité du contrat et en principe ce 262 00:15:03,140 --> 00:15:06,120 sera une nullité du contrat qui ne sera pas accompagnée 263 00:15:06,320 --> 00:15:07,560 de dommages et intérêts. 264 00:15:07,760 --> 00:15:10,640 Contrairement à l'hypothèse dans laquelle cette erreur 265 00:15:10,840 --> 00:15:14,960 est provoquée et l'erreur provoquée, c'est un deuxième vice du 266 00:15:15,160 --> 00:15:17,020 consentement qui est le dol.