1 00:00:07,290 --> 00:00:09,484 Nous avons vu, dans un premier temps, 2 00:00:09,511 --> 00:00:13,360 les courants classiques avec les différentes écoles qui les composent, 3 00:00:14,684 --> 00:00:19,484 avec en finalité le raisonnement brillant des néoclassiques 4 00:00:19,528 --> 00:00:22,400 qui marquent toujours le raisonnement économique contemporain, 5 00:00:22,430 --> 00:00:24,125 le raisonnement à la marge 6 00:00:24,750 --> 00:00:29,950 avec cette notion de coût d’opportunité et de recherche d’optimalité, 7 00:00:30,660 --> 00:00:35,715 mais les courants de pensée ne se limitent pas à ces approches classiques. 8 00:00:36,200 --> 00:00:42,097 Deuxième courant important, les courants de pensée au XXe siècle. 9 00:00:43,040 --> 00:00:51,275 Ces courants du XXe siècle vont être nouveaux 10 00:00:52,875 --> 00:00:56,525 dans le sens où ils vont répondre à un nouvel enjeu, 11 00:00:56,728 --> 00:00:58,933 c’est le problème de gestion de crise. 12 00:00:58,960 --> 00:01:03,208 Ce sont les courants qui vont s’affirmer avec Keynes 13 00:01:03,626 --> 00:01:14,160 lorsque des interrogations nouvelles s’imposent pour gérer notamment la crise de 1929. 14 00:01:16,586 --> 00:01:23,315 À partir des années 30, fin des années 30, Keynes, en tant qu’économiste, 15 00:01:24,266 --> 00:01:30,284 veut tenir compte des lenteurs de la réadaptation de l’économie, 16 00:01:31,004 --> 00:01:34,000 un peu le phénomène que nous subissons aujourd’hui. 17 00:01:36,008 --> 00:01:42,373 Keynes ne veut plus raisonner à la marge, comme avec les néoclassiques. 18 00:01:43,448 --> 00:01:49,084 Ça ne veut pas dire qu’il remet en cause ce raisonnement, du tout, il ne le rejette pas. 19 00:01:49,697 --> 00:01:55,537 Il considère que ce raisonnement ne s’adapte pas à la conjoncture nouvelle. 20 00:01:56,008 --> 00:01:59,235 On est exactement dans la logique actuelle : 21 00:01:59,857 --> 00:02:04,933 quel est le meilleur instrument possible pour la nouvelle conjoncture ? 22 00:02:04,977 --> 00:02:06,835 C’est l’interrogation de Keynes. 23 00:02:07,390 --> 00:02:09,573 Avec la crise de 1929, il nous dit : 24 00:02:09,600 --> 00:02:15,804 désormais, on n’est plus dans une logique individuelle des comportements des agents, 25 00:02:16,266 --> 00:02:21,742 mais dans une logique macroéconomique de l’ensemble de l’économie. 26 00:02:22,290 --> 00:02:26,770 Il faut donc raisonner en termes globaux d’une part. 27 00:02:27,850 --> 00:02:31,075 Je ne regarde plus le comportement de l’individu, 28 00:02:32,293 --> 00:02:36,115 je ne cherche plus à savoir comment chaque consommateur va raisonner, 29 00:02:36,737 --> 00:02:42,700 mais je cherche à comprendre la logique de la consommation globale. 30 00:02:43,630 --> 00:02:46,168 Est-ce qu’elle augmente, est-ce qu’elle stagne ? 31 00:02:46,900 --> 00:02:49,300 Indépendamment des comportements individuels. 32 00:02:49,733 --> 00:02:50,710 Première révolution. 33 00:02:51,790 --> 00:02:55,173 Deuxième révolution de Keynes, il nous dit : 34 00:02:56,284 --> 00:03:05,688 il faut trouver l’instrument le mieux adapté à la politique économique dans un univers nouveau, 35 00:03:05,751 --> 00:03:11,031 qui est l’univers de l’incertain d’une part et de la courte période. 36 00:03:11,608 --> 00:03:16,924 C’est fondamental pour aujourd’hui, on est exactement dans le même contexte. 37 00:03:17,351 --> 00:03:22,906 L’incertitude, on ne sait pas comment les économies vont repartir aujourd’hui. 38 00:03:23,440 --> 00:03:29,653 On essaye par des plans de relance, par des fonds injectés, de booster les économies, 39 00:03:29,680 --> 00:03:35,324 mais on ne sait pas si les entreprises vont tout de suite mordre au plan de relance, 40 00:03:35,360 --> 00:03:41,528 si les agents économiques vont aussi réagir, donc on est dans l’incertitude. 41 00:03:42,400 --> 00:03:46,462 Mais plus, Keynes nous dit : on est dans une logique de court terme. 42 00:03:46,497 --> 00:03:49,866 On ne peut plus se permettre d’attendre le moyen terme, le long terme. 43 00:03:49,980 --> 00:03:55,733 C’est fabuleux de la part de Keynes parce qu’il perçoit qu’il y a une urgence, 44 00:03:56,088 --> 00:04:01,240 donc l’instrument doit s’adapter à l’urgence du moment. 45 00:04:01,770 --> 00:04:10,773 Enfin, phénomène aussi nouveau pour Keynes, il faut raisonner en termes monétaires, 46 00:04:10,820 --> 00:04:19,217 c’est-à-dire que la monnaie, jusqu’à présent, a été considérée comme en dehors du système, 47 00:04:19,253 --> 00:04:23,973 comme si on n’avait aucune maîtrise, comme si elle n’influençait pas les comportements. 48 00:04:24,490 --> 00:04:32,346 Or pour Keynes, la monnaie est nécessairement intégrée dans l’analyse économique. 49 00:04:33,760 --> 00:04:40,853 Keynes va réfuter ce qu’on appelle, dans un langage un peu spécifique, 50 00:04:41,110 --> 00:04:43,200 la dichotomie classique, 51 00:04:43,250 --> 00:04:48,925 c’est-à-dire tout simplement la séparation entre d’une part la théorie de la valeur, 52 00:04:49,300 --> 00:04:50,900 d’autre part la théorie monétaire. 53 00:04:51,546 --> 00:04:53,582 Rapidement, je vous explique. 54 00:04:53,980 --> 00:04:57,220 Je vous ai dit avec Jean-Baptiste Say chez les classiques, 55 00:04:57,511 --> 00:05:00,942 premier courant global de pensée qu’on a étudié, 56 00:05:02,444 --> 00:05:07,928 l’idée géniale de Jean-Baptiste Say, c’est d’avoir montré grâce à la loi des débouchés, 57 00:05:07,955 --> 00:05:11,680 l’offre crée sa propre demande, que finalement, 58 00:05:12,750 --> 00:05:16,630 ça agissait sur la théorie de la valeur, c’est-à-dire sur le prix. 59 00:05:17,680 --> 00:05:23,590 Si on produit trop, la demande devient alors insuffisante, 60 00:05:25,820 --> 00:05:31,484 donc on a un décalage entre une offre très élevée et une demande très basse, le prix diminue. 61 00:05:33,528 --> 00:05:35,582 Ce qui est vrai et toujours vrai, 62 00:05:35,626 --> 00:05:40,186 une idée extrêmement valorisante de la part des classiques, 63 00:05:40,213 --> 00:05:44,195 notamment de l’école classique française représentée par Jean-Baptiste Say. 64 00:05:45,410 --> 00:05:54,817 Mais un oubli ou une erreur, c’est que Jean-Baptiste Say n’a pas lié cette notion de prix, 65 00:05:54,930 --> 00:05:56,475 cette notion de valeur, 66 00:05:57,500 --> 00:05:59,825 à la quantité de monnaie en circulation. 67 00:06:00,088 --> 00:06:00,524 Pourquoi ? 68 00:06:01,137 --> 00:06:07,380 Parce qu’il a considéré que la théorie de la valeur était totalement séparée, 69 00:06:07,493 --> 00:06:09,733 indépendante de la théorie monétaire. 70 00:06:09,955 --> 00:06:13,884 Et ça, Keynes ne va pas l’accepter et Keynes n’aura pas tort 71 00:06:14,568 --> 00:06:20,844 parce que si c’est vrai que la loi des débouchés agit sur la théorie de la valeur 72 00:06:20,870 --> 00:06:23,725 et détermine le niveau du prix, 73 00:06:24,325 --> 00:06:26,875 ce n’est pas le seul élément. 74 00:06:27,510 --> 00:06:31,375 Le niveau du prix est défini par la quantité d’offres 75 00:06:31,450 --> 00:06:34,930 par rapport à la quantité de biens demandés, c’est vrai, 76 00:06:35,537 --> 00:06:44,080 mais le prix du bien est aussi fonction de la monnaie avec laquelle je vais payer ce bien. 77 00:06:44,500 --> 00:06:47,525 Si je paie avec une monnaie qui ne vaut rien, 78 00:06:48,075 --> 00:06:51,075 vous êtes bien d’accord qu’il faut que je donne beaucoup, beaucoup, beaucoup, 79 00:06:51,075 --> 00:06:53,250 beaucoup de monnaie pour avoir ce bien. 80 00:06:53,440 --> 00:06:53,991 Pourquoi ? 81 00:06:54,284 --> 00:06:58,120 Parce que la contrepartie de ma monnaie qui est à faible valeur, 82 00:06:59,964 --> 00:07:03,760 ne me donne pas en échange un bien suffisant. 83 00:07:04,540 --> 00:07:10,657 Celui qui me vendra le bien, si ma monnaie est faible, va m’en demander dix fois plus. 84 00:07:11,170 --> 00:07:14,088 Et ça, les classiques ne l’ont pas vu. 85 00:07:14,620 --> 00:07:20,711 Ils ne l’ont pas vu parce qu’ils ont considéré que la valeur était indépendante de la monnaie. 86 00:07:21,570 --> 00:07:28,400 Keynes, par la crise de 1929 dont nous ferons l’analyse, 87 00:07:29,550 --> 00:07:36,560 a compris que la crise de 1929 qui, initialement, est une crise de surproduction, 88 00:07:37,617 --> 00:07:42,755 a finalement rejailli sur une crise financière 89 00:07:43,040 --> 00:07:47,457 et il a compris les interdépendances entre le prix et la monnaie. 90 00:07:47,920 --> 00:07:54,568 Il a donc su montrer qu’une monnaie faible affecte le prix. 91 00:07:54,817 --> 00:08:01,617 Si je paie avec une monnaie faible, je dois donner beaucoup plus d’argent pour avoir ce bien. 92 00:08:02,850 --> 00:08:09,546 Ça veut donc dire que le prix de ce bien, indirectement, a augmenté, je le paie plus cher. 93 00:08:09,857 --> 00:08:10,106 Pourquoi ? 94 00:08:10,133 --> 00:08:11,528 Parce que ma monnaie n’a pas de valeur. 95 00:08:12,175 --> 00:08:13,950 Ma monnaie dépréciée, personne n’en veut. 96 00:08:14,595 --> 00:08:19,937 Donc si je trouve un vendeur l’acceptant, il va m’en demander cent fois plus. 97 00:08:21,040 --> 00:08:21,555 Pourquoi ? 98 00:08:21,930 --> 00:08:28,755 Parce qu’en échange de cette monnaie, il n’aura pas la contrepartie qu’il pouvait escompter. 99 00:08:30,150 --> 00:08:34,942 Le raisonnement macroéconomique de Keynes est important, 100 00:08:35,220 --> 00:08:40,142 c’est-à-dire en termes globaux, fonction de consommation, fonction d’investissement, 101 00:08:40,577 --> 00:08:46,770 et non plus comportement du consommateur ou comportement de l’entreprise. 102 00:08:47,550 --> 00:08:51,031 Le raisonnement également en univers incertain 103 00:08:51,804 --> 00:08:56,337 prouve qu’il faudra adapter la conjoncture à la politique économique, 104 00:08:56,800 --> 00:09:02,275 mais qu’il faut le faire en très courte période parce qu’il y a urgence, en période de crise, 105 00:09:02,520 --> 00:09:06,750 à rebondir le plus vite possible et le plus efficacement, 106 00:09:07,280 --> 00:09:10,640 tout en intégrant la contrainte monétaire 107 00:09:10,871 --> 00:09:16,140 puisque la monnaie est intégrée dans l’analyse économique. 108 00:09:17,235 --> 00:09:26,053 Keynes va nous dire : la notion de prix devient fondamentale dans le raisonnement économique. 109 00:09:26,711 --> 00:09:32,835 Pour Jean-Baptiste Say, la flexibilité du prix, le prix qui baisse, le prix qui monte, 110 00:09:33,351 --> 00:09:35,955 permettait de trouver les conditions d’équilibre. 111 00:09:36,133 --> 00:09:38,810 Keynes dit : non, ce n’est pas garanti. 112 00:09:39,060 --> 00:09:43,262 Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas une condition automatique. 113 00:09:43,470 --> 00:09:45,730 En période de crise, ça ne fonctionne pas. 114 00:09:47,220 --> 00:09:52,853 Donc Keynes va nous montrer que quand on est dans une crise conjoncturelle, 115 00:09:53,330 --> 00:10:02,782 il faut être particulièrement vigilant parce que si l’offre est supérieure à la demande, 116 00:10:03,413 --> 00:10:06,062 la production va devoir baisser, on n’écoule pas. 117 00:10:06,106 --> 00:10:09,537 Il nous dit : "Je suis tout à fait d’accord avec les classiques comme Jean-Baptiste Say". 118 00:10:10,000 --> 00:10:15,288 Une offre déséquilibrée par rapport à une demande faible, la production ne s’écoule pas, 119 00:10:15,324 --> 00:10:22,035 donc les producteurs vont vendre moins, donc l’emploi va baisser, 120 00:10:22,346 --> 00:10:25,466 mais ça n’aura pas d’incidence automatique sur le prix, 121 00:10:25,813 --> 00:10:29,084 chose que Jean-Baptiste Say imaginait au contraire. 122 00:10:29,475 --> 00:10:33,777 Il disait que le prix, inévitablement va, évoluer. 123 00:10:34,160 --> 00:10:38,657 Keynes nous dit : Non, personne ne veut de la production, donc le prix pourra rester rigide. 124 00:10:39,520 --> 00:10:44,168 Inversement, si l’offre est inférieure à la demande, 125 00:10:44,640 --> 00:10:48,990 donc je ne produis pas assez, les agents s’arrachent les biens. 126 00:10:49,500 --> 00:10:52,657 Il faudra donc produire plus pour compenser. 127 00:10:52,675 --> 00:11:02,106 Il faudra donc augmenter la production, donc il faudra augmenter obligatoirement l’embauche, 128 00:11:02,248 --> 00:11:04,110 donc l’emploi pourra augmenter. 129 00:11:04,620 --> 00:11:10,720 Chez les classiques, on aurait dit : alors le salaire va augmenter de manière automatique. 130 00:11:11,057 --> 00:11:13,110 Keynes va nous dire : pas nécessairement. 131 00:11:13,430 --> 00:11:17,840 La crise étant là, la contrainte conjoncturelle s’impose, 132 00:11:18,180 --> 00:11:26,186 l’emploi en quantité va augmenter, mais pour un niveau de salaire qui restera le même. 133 00:11:26,248 --> 00:11:26,737 Pourquoi ? 134 00:11:26,764 --> 00:11:31,315 Parce que le taux de salaire sera rigide à court terme, 135 00:11:31,502 --> 00:11:34,337 pas à moyen terme long terme, mais à court terme. 136 00:11:34,500 --> 00:11:37,800 Il y a une incertitude, donc on ne revalorise pas. 137 00:11:38,370 --> 00:11:44,666 C’est exactement ce qu’on pourrait annoncer aujourd’hui 138 00:11:45,377 --> 00:11:48,810 dans l’analyse des phénomènes conjoncturels. 139 00:11:49,048 --> 00:11:53,431 Il y a des revendications sociales en 2019 et 2020, 140 00:11:53,457 --> 00:11:57,270 notamment par les mouvements récents des gilets jaunes, qui disent : 141 00:11:57,306 --> 00:12:05,520 nous sommes dans une crise économique avec notamment une perte de pouvoir d’achat, 142 00:12:05,555 --> 00:12:07,688 il faut donc revaloriser les salaires. 143 00:12:08,760 --> 00:12:12,180 On répond : les contraintes conjoncturelles sont trop pesantes, 144 00:12:12,480 --> 00:12:18,693 on est dans une logique keynésienne, donc la rigidité des prix et des salaires s’impose. 145 00:12:18,720 --> 00:12:20,980 Il faut d’abord ajuster les quantités. 146 00:12:21,290 --> 00:12:28,391 Et quand l’économie aura ajusté ce mouvement offre demande, c’est-à-dire à moyen terme, 147 00:12:28,462 --> 00:12:30,577 alors les revalorisations sont possibles. 148 00:12:31,770 --> 00:12:38,835 Je concède, c’est très difficile à entendre quand le niveau de pouvoir d’achat des agents se réduit, 149 00:12:39,111 --> 00:12:42,302 mais Keynes dit : c’est tout l’enjeu de la crise. 150 00:12:42,680 --> 00:12:49,751 Si on veut essayer de sortir de cette crise le plus vite possible, 151 00:12:51,235 --> 00:12:55,250 un niveau d’effort global doit être fait. 152 00:12:55,520 --> 00:12:57,440 C’est le coût d’opportunité. 153 00:12:57,710 --> 00:13:00,680 On revient toujours au même raisonnement. 154 00:13:00,950 --> 00:13:09,457 Il y a un coût d’opportunité de renonciation à la revalorisation immédiate, 155 00:13:09,626 --> 00:13:12,740 même en compensation d’une perte de pouvoir d’achat, 156 00:13:13,137 --> 00:13:19,937 dans le seul but de se donner les moyens de rompre, le plus vite possible, avec la crise. 157 00:13:20,960 --> 00:13:28,728 Ce n’est qu’à moyen terme que la redistribution devrait pouvoir se faire. 158 00:13:28,940 --> 00:13:36,924 Conclusion que va en tirer Keynes : les prix peuvent donc rester rigides. 159 00:13:38,630 --> 00:13:41,351 Il est un petit peu sévère parce que, pour lui, 160 00:13:41,822 --> 00:13:48,890 cette rigidité des prix serait pratiquement automatique. 161 00:13:49,850 --> 00:13:53,671 La rigidité des prix au moins à la baisse, 162 00:13:54,080 --> 00:13:59,991 c’est-à-dire ne pas baisser les taux de salaire en période de crise et en période de chômage 163 00:14:00,168 --> 00:14:03,244 serait naturellement une protection, 164 00:14:03,910 --> 00:14:08,875 mais bloquer les prix aussi à la hausse en période de crise 165 00:14:08,875 --> 00:14:11,725 peut être extrêmement douloureux. 166 00:14:12,400 --> 00:14:21,866 Quels enseignements devons-nous tirer de ces courants économiques du début du XXe, 167 00:14:22,755 --> 00:14:25,288 notamment de l’approche keynésienne ? 168 00:14:25,306 --> 00:14:30,680 C’est finalement que l’économie fonctionnerait comme un circuit, 169 00:14:32,110 --> 00:14:38,311 mais que ce circuit de correspondance entre les secteurs, entre l’offre et la demande, 170 00:14:38,840 --> 00:14:45,120 peut être affecté par des fuites qui vont modifier l’équilibre 171 00:14:45,155 --> 00:14:49,340 et par des injections aussi qui vont modifier l’équilibre. 172 00:14:49,550 --> 00:14:51,013 De quoi s’agit-il ? 173 00:14:51,946 --> 00:14:55,457 On a une théorie économique qui nous annonce 174 00:14:55,537 --> 00:15:01,160 que l’économie en incertitude doit tenir compte de toutes les contraintes. 175 00:15:01,440 --> 00:15:01,946 Pourquoi ? 176 00:15:01,982 --> 00:15:07,875 Parce qu’elle fonctionne comme un circuit et que si l’offre n’est pas égale à la demande, 177 00:15:07,920 --> 00:15:11,031 qu’il n’y a pas la loi des débouchés assurée, 178 00:15:11,333 --> 00:15:16,213 ceci rejaillit au niveau de l’emploi, au niveau du pouvoir d’achat, 179 00:15:16,711 --> 00:15:20,017 donc affecte de nouveau la demande, affecte l’offre. 180 00:15:20,044 --> 00:15:23,000 C’est un circuit et on ne peut pas s’en sortir. 181 00:15:23,395 --> 00:15:26,210 Il faut donc être particulièrement vigilant. 182 00:15:27,875 --> 00:15:32,390 Keynes propose, à ce moment-là, au moment de la crise, 183 00:15:32,844 --> 00:15:36,920 que des injections de compensation soient réalisées. 184 00:15:37,004 --> 00:15:38,810 C’est le rôle de l’État. 185 00:15:40,177 --> 00:15:44,693 Pour garantir ou retrouver l’équilibre qui a été menacé, 186 00:15:45,351 --> 00:15:53,475 il faut que l’État se substitue ou complète l’action privée, 187 00:15:53,964 --> 00:15:58,490 donc qu’il injecte des flux monétaires dans l’économie. 188 00:15:58,970 --> 00:16:01,310 C’est ce qu’on propose aujourd’hui avec le plan de relance. 189 00:16:01,510 --> 00:16:07,920 C’est ce que Keynes a fait également au lendemain de la crise de 1929 190 00:16:07,946 --> 00:16:13,490 et qu’on a de nouveau reconduit après la Seconde Guerre mondiale. 191 00:16:13,910 --> 00:16:21,386 Mais Keynes est très sensible aussi au niveau de la consommation et il nous dit : 192 00:16:21,413 --> 00:16:25,306 attention, la conjoncture économique est déterminante 193 00:16:25,680 --> 00:16:30,410 et donne un enseignement fondamental dont il faut tenir compte. 194 00:16:30,980 --> 00:16:36,800 Si les agents n’ont pas confiance, le niveau de consommation va rester bas 195 00:16:36,844 --> 00:16:40,373 parce que les agents vont accumuler de l’épargne, 196 00:16:40,515 --> 00:16:45,170 c’est ce qui se passe également aujourd’hui, malgré les mesures de relance, 197 00:16:45,710 --> 00:16:51,760 donc il y a des fuites du secteur, c’est-à-dire toute l’épargne de précaution, 198 00:16:51,804 --> 00:16:55,010 ce qu’il appelle la thésaurisation.