1 00:00:08,350 --> 00:00:08,950 Dans cette vidéo, 2 00:00:08,950 --> 00:00:12,375 nous allons aborder maintenant concrètement la question du droit dérivé. 3 00:00:13,575 --> 00:00:15,375 À travers cette question du droit dérivé, 4 00:00:15,420 --> 00:00:19,225 à la fin de la vidéo, on aboutira à quelques conclusions plus générales 5 00:00:19,325 --> 00:00:21,625 relatives à l'architecture globale 6 00:00:21,700 --> 00:00:24,360 et au sens donné par l'intégration européenne 7 00:00:25,025 --> 00:00:27,210 dans le cadre de la hiérarchie des normes en France. 8 00:00:29,240 --> 00:00:31,000 On a vu dans la vidéo précédente 9 00:00:31,700 --> 00:00:37,300 la suprématie formelle de la Constitution sur les traités européens. 10 00:00:37,950 --> 00:00:42,420 Néanmoins, on va maintenant voir dans cette vidéo 11 00:00:42,675 --> 00:00:46,375 la suprématie matérielle du droit de l'Union européenne. 12 00:00:49,125 --> 00:00:52,375 On voit tout de suite que la question du droit de l'Union européenne 13 00:00:52,400 --> 00:00:56,425 n'est donc pas celle de la question des traités européens. 14 00:00:56,450 --> 00:00:58,425 Ce n'est pas exactement la même chose. 15 00:00:58,775 --> 00:01:04,150 Ce n'est pas exactement la même chose puisque le droit conventionnel dérivé correspond 16 00:01:04,200 --> 00:01:06,025 — je cite le Professeur Troper — 17 00:01:06,425 --> 00:01:09,800 aux normes produites par une organisation internationale, 18 00:01:10,050 --> 00:01:15,775 créées en vertu d'un traité, et conformément aux stipulations de ce traité. 19 00:01:18,710 --> 00:01:20,175 Dans le cadre de l'Union européenne, 20 00:01:20,180 --> 00:01:22,900 le droit conventionnel dérivé est particulièrement important. 21 00:01:22,975 --> 00:01:27,725 Toutes les organisations internationales n'ont pas une telle production de normes 22 00:01:28,300 --> 00:01:29,600 qui dérivent des traités, 23 00:01:29,850 --> 00:01:32,150 tout simplement parce que toutes les organisations internationales 24 00:01:32,200 --> 00:01:35,425 n'ont pas d'institution telle que le Parlement européen, 25 00:01:35,470 --> 00:01:39,800 donc telle qu'une institution à vocation législative, 26 00:01:41,650 --> 00:01:42,800 entendue au sens large. 27 00:01:43,620 --> 00:01:46,980 Alors, à quoi correspond le droit conventionnel dérivé ? 28 00:01:47,000 --> 00:01:50,510 Il correspond à deux réalités qui sont d'une part, les directives, 29 00:01:50,520 --> 00:01:51,940 et d'autre part, les règlements. 30 00:01:52,575 --> 00:01:58,400 Toujours dans un moment de définition, d'abord, les règlements. 31 00:02:00,900 --> 00:02:04,975 On considère que le règlement est — je cite — obligatoire dans tous ses éléments, 32 00:02:05,325 --> 00:02:07,375 et il est directement applicable, 33 00:02:07,775 --> 00:02:11,710 sans aucune intervention des institutions nationales. 34 00:02:12,340 --> 00:02:15,750 Le règlement est donc d'applicabilité directe, 35 00:02:16,550 --> 00:02:21,150 ce qui signifie que les institutions — pour ce qui nous intéresse — françaises, 36 00:02:21,775 --> 00:02:24,975 n'ont pas à adapter ou à faire des mesures. 37 00:02:25,250 --> 00:02:29,800 Pour le cas français, le règlement s'applique directement pour le cas français, 38 00:02:30,600 --> 00:02:32,825 et pour les autres États membres, d'une manière générale. 39 00:02:34,270 --> 00:02:36,725 Pour ce qui est de la directive, c'est en partie différent, 40 00:02:36,725 --> 00:02:38,550 et en partie, on va le voir finalement identique. 41 00:02:39,100 --> 00:02:43,520 Néanmoins, la différence — et pour distinguer règlement et directive — 42 00:02:43,575 --> 00:02:45,850 la différence est assez facilement compréhensible, 43 00:02:46,725 --> 00:02:52,025 puisque la directive lie les États membres par rapport à l'objectif à atteindre. 44 00:02:52,270 --> 00:02:55,925 Néanmoins, elle laisse aux États membres le soin, 45 00:02:56,200 --> 00:02:58,270 aux États membres et donc aux institutions des États membres, 46 00:02:58,425 --> 00:03:01,100 le soin de prendre toutes les mesures nécessaires 47 00:03:02,050 --> 00:03:07,625 quant à la forme et aux moyens pour arriver aux objectifs fixés par la directive. 48 00:03:08,220 --> 00:03:11,020 Un moyen mémo-technique de différencier règlement et directive, 49 00:03:11,075 --> 00:03:14,875 c'est de se souvenir par exemple que la directive fixe une direction à atteindre, 50 00:03:15,250 --> 00:03:15,950 fixe un cap ; 51 00:03:16,220 --> 00:03:19,625 libre aux institutions nationales de prendre tous les moyens 52 00:03:20,175 --> 00:03:24,500 dans les formes qu'il convient pour atteindre l'objectif ou la direction de la directive. 53 00:03:26,525 --> 00:03:30,375 La directive n'est donc pas en théorie d'applicabilité directe. 54 00:03:30,450 --> 00:03:32,000 Elle n'est pas d'applicabilité directe 55 00:03:32,050 --> 00:03:35,275 puisque les institutions nationales doivent intervenir 56 00:03:35,450 --> 00:03:41,300 pour lui donner un aspect concret qui lui donne ensuite sous différentes formes, 57 00:03:41,320 --> 00:03:44,450 éventuellement, sous différentes mesures, une applicabilité. 58 00:03:44,890 --> 00:03:48,650 Néanmoins, il arrive que certaines directives 59 00:03:50,050 --> 00:03:53,525 soient suffisamment précises dans leur rédaction 60 00:03:54,075 --> 00:03:58,950 pour que finalement, elles puissent produire un effet immédiat, 61 00:04:00,225 --> 00:04:06,275 et donc, direct, et donc que certaines directives, en fonction de leur rédaction, 62 00:04:06,375 --> 00:04:08,930 aient finalement un effet très proche de celui des règlements. 63 00:04:09,030 --> 00:04:15,100 C'est-à-dire que ces directives puissent être, comme on le dit, d'applicabilité directe. 64 00:04:16,700 --> 00:04:20,000 Cet état de fait, et cette distinction entre règlement et directive 65 00:04:20,100 --> 00:04:26,200 a été ensuite jugée par la Cour de Justice de l'Union européenne, 66 00:04:26,700 --> 00:04:31,675 CJCE, devenue Cour de Justice de l'Union européenne, CJUE, 67 00:04:32,175 --> 00:04:36,750 à travers plusieurs jurisprudences qu'il faut connaitre, et que je vais vous citer. 68 00:04:37,610 --> 00:04:40,700 Dans ce premier temps, ce sera trois jurisprudences. 69 00:04:40,750 --> 00:04:45,900 La première jurisprudence, c'est 1964, CJCE, Costa contre ENEL, 70 00:04:46,425 --> 00:04:48,700 qui considère que les États membres 71 00:04:48,775 --> 00:04:51,950 qui ont transféré une partie de la souveraineté à l'Union européenne, 72 00:04:52,450 --> 00:04:57,975 et donc, le droit européen dérivé prime sur le droit national, 73 00:04:58,025 --> 00:05:00,400 et cela, de manière — je cite — irrévocable. 74 00:05:01,200 --> 00:05:08,675 Cette interprétation donc de la primauté du droit conventionnel européen, 75 00:05:08,750 --> 00:05:12,350 bref, du droit de l'Union européenne dérivé sur le droit national, 76 00:05:12,750 --> 00:05:15,260 a été confirmée ensuite à travers deux jurisprudences. 77 00:05:15,340 --> 00:05:20,050 En 1970, ce qu'on appelle l'arrêt Handelsgesellschaft 78 00:05:20,300 --> 00:05:22,550 — allez voir l'orthographe comme je vous l'ai dit dans les manuels — 79 00:05:22,700 --> 00:05:25,175 et en 1978 avec Simmenthal. 80 00:05:26,620 --> 00:05:30,525 Ces deux jurisprudences confirment donc la première, Costa contre ENEL 81 00:05:30,600 --> 00:05:34,420 en affirmant l'applicabilité directe d'une norme du droit communautaire 82 00:05:36,200 --> 00:05:37,800 et cela, y compris 83 00:05:39,600 --> 00:05:44,800 par rapport à une loi postérieure à la dite réglementation européenne, 84 00:05:45,000 --> 00:05:47,775 postérieure, qui serait contraire à la réglementation européenne. 85 00:05:47,830 --> 00:05:55,575 Dans ce cas-là, la disposition nationale postérieure au droit dérivé européen 86 00:05:56,720 --> 00:06:01,550 ne doit pas être appliquée puisqu'il est contraire à la disposition européenne. 87 00:06:04,580 --> 00:06:12,425 Plus récemment, en 2010, la CJUE a imposé la primauté du droit de l'Union européenne 88 00:06:13,970 --> 00:06:18,700 et que cette primauté soit toujours garantie — je cite le Professeur Portelli — 89 00:06:18,775 --> 00:06:21,920 y compris, dans le cas où une procédure juridictionnelle interne, 90 00:06:22,000 --> 00:06:24,475 c'est-à-dire concrètement un contrôle de constitutionnalité, 91 00:06:24,775 --> 00:06:29,425 confirmerait une disposition législative dans un État membre, 92 00:06:30,050 --> 00:06:34,175 et que cette disposition législative serait contraire au droit de l'Union européenne. 93 00:06:35,000 --> 00:06:39,700 La CJUE dit que, finalement, qu'importe le contrôle de constitutionnalité 94 00:06:39,720 --> 00:06:42,400 qui pourrait être défavorable au droit européen, 95 00:06:42,450 --> 00:06:46,775 qu'importe puisque le juge européen a ensuite toute la liberté 96 00:06:48,125 --> 00:06:52,150 pour laisser inappliquée cette disposition du droit national. 97 00:06:53,600 --> 00:06:58,925 C'est l'arrêt de la CJUE du 22 juin 2010, Melki et Abdeli. 98 00:07:00,850 --> 00:07:04,175 Alors, quel rôle joue le Conseil constitutionnel 99 00:07:04,850 --> 00:07:07,100 dans cette question du droit dérivé ? 100 00:07:07,450 --> 00:07:08,750 Vous venez de le constater, 101 00:07:08,800 --> 00:07:12,775 les différents arrêts que je viens de citer proviennent du juge européen, 102 00:07:13,050 --> 00:07:14,700 CJCE devenue CJUE. 103 00:07:15,050 --> 00:07:18,625 Quel rôle donc peut jouer le Conseil constitutionnel là-dedans ? 104 00:07:18,910 --> 00:07:22,650 A priori, le Conseil constitutionnel devrait jouer un rôle. 105 00:07:22,700 --> 00:07:23,925 C'est ce qu'on peut présupposer. 106 00:07:24,025 --> 00:07:28,025 Néanmoins, il est intéressant de constater que pendant longtemps, 107 00:07:28,025 --> 00:07:31,520 le Conseil constitutionnel s'est refusé à interroger 108 00:07:31,550 --> 00:07:34,875 la constitutionnalité du droit européen dérivé. 109 00:07:36,950 --> 00:07:39,940 Il a même été jusqu'à le dire dans une de ses décisions. 110 00:07:39,975 --> 00:07:42,730 C'est la décision du 30 décembre 1977. 111 00:07:43,530 --> 00:07:50,525 Le changement de la nature et l'acceptation du contrôle de constitutionnalité 112 00:07:50,650 --> 00:07:52,625 du droit dérivé européen est récent 113 00:07:52,800 --> 00:07:56,550 par rapport à la date de la création de l'Union européenne puisque la décision, 114 00:07:56,625 --> 00:08:03,520 c'est depuis 2004, moment auquel le Conseil constitutionnel a rendu une série de décisions, 115 00:08:03,850 --> 00:08:08,150 donc 10 juin 2004, 1er juillet 2004, 29 juillet 2004 116 00:08:08,650 --> 00:08:11,225 et une deuxième le 29 juillet 2004, 117 00:08:13,100 --> 00:08:15,475 dans lesquelles, il considère que la transposition 118 00:08:15,575 --> 00:08:18,125 ou l'application du droit européen dérivé 119 00:08:18,550 --> 00:08:20,700 l'emporte sur les règles françaises 120 00:08:20,750 --> 00:08:25,100 du fait même des dispositions de la Constitution française. 121 00:08:25,150 --> 00:08:29,225 C'est-à-dire que le juge constitutionnel français se réfère à la Constitution 122 00:08:29,225 --> 00:08:34,020 pour acter, valider d'une part, son action, son contrôle, 123 00:08:34,050 --> 00:08:40,325 et d'autre part, la supériorité du droit européen dérivé sur les dispositions françaises. 124 00:08:40,800 --> 00:08:44,950 C'est la même chose pour le Conseil d'État qui a repris cette jurisprudence, 125 00:08:45,000 --> 00:08:47,175 donc la série de décisions de 2004, 126 00:08:47,850 --> 00:08:52,010 dans un arrêt du Conseil d'État du 8 février 2007, société Arcelor. 127 00:08:54,300 --> 00:08:58,375 Dans cet arrêt, le Conseil d'État fait une petite précision 128 00:08:58,425 --> 00:09:01,800 par rapport au Conseil constitutionnel puisque c'est son domaine de compétence. 129 00:09:02,020 --> 00:09:07,000 Il étend en quelque sorte donc la portée des décisions du Conseil constit 130 00:09:07,025 --> 00:09:11,625 puisqu'il les applique aux transpositions sous forme d'actes réglementaires. 131 00:09:14,660 --> 00:09:21,825 Pour citer le Professeur Portelli sur cette question du rôle des institutions françaises, 132 00:09:21,925 --> 00:09:24,475 que ce soit le Conseil constitutionnel et le Conseil d'État, 133 00:09:24,650 --> 00:09:29,500 la conclusion qu'en tire le Professeur Portelli, c'est que clairement, cette jurisprudence, 134 00:09:30,320 --> 00:09:35,725 je cite, réduit la suprématie de la Constitution française sur le droit de l'Union européenne 135 00:09:36,000 --> 00:09:40,050 aux acquêts de quelques principes et il cite la laïcité. 136 00:09:43,750 --> 00:09:45,650 On va dire maintenant, ça va être une mise en perspective 137 00:09:47,725 --> 00:09:50,675 qui va permettre de resynthétiser tout ce qu'on a vu depuis quelques vidéos. 138 00:09:51,650 --> 00:09:55,225 Donc, on va aller vite là-dessus avant d'aborder à nouveau un point cette fois plus, 139 00:09:57,250 --> 00:10:00,520 un nouveau point, ou en tout cas, de mettre en perspective d'une autre manière. 140 00:10:00,820 --> 00:10:04,000 Premier point à voir, c'est donc que le droit communautaire dérivé 141 00:10:04,200 --> 00:10:07,250 est devenu l'une des principales sources du droit français. 142 00:10:07,370 --> 00:10:10,400 L'intégration du droit européen s'est déroulée 143 00:10:11,375 --> 00:10:14,500 d'un point de vue, on va dire, de la hiérarchie des normes d'une part, 144 00:10:14,575 --> 00:10:17,175 c'est ce qu'on vient de voir, mais ne pas oublier aussi l'aspect quantitatif. 145 00:10:17,500 --> 00:10:25,125 Le droit européen est un droit pléthorique sur notamment, des domaines législatifs 146 00:10:25,900 --> 00:10:28,870 — par exemple, l'environnement — qui sont de véritables moteurs. 147 00:10:28,925 --> 00:10:32,825 Certains diront de véritables carcans, des contraintes pour les droits nationaux, 148 00:10:32,875 --> 00:10:38,000 et donc, pour les citoyens, les entreprises de droits nationaux des États membres. 149 00:10:38,860 --> 00:10:41,650 Mais donc, il y a bien cet aspect pléthorique du droit européen, 150 00:10:41,960 --> 00:10:46,450 notamment centré sur quelques domaines, avec des mesures restrictives, 151 00:10:46,525 --> 00:10:48,380 des mesures qu'on peut considérer comme restrictives, 152 00:10:48,480 --> 00:10:51,200 mais des mesures qui sont aussi portées par d'autres principes, 153 00:10:51,350 --> 00:10:55,450 notamment la question des libertés individuelles, 154 00:10:55,500 --> 00:10:58,150 la question de la protection du consommateur également, 155 00:10:58,375 --> 00:11:00,470 en plus des autres exemples que je viens de citer, 156 00:11:00,480 --> 00:11:02,175 notamment toutes les questions écologiques aussi. 157 00:11:02,200 --> 00:11:05,350 Il y a une forte initiative, un fort moteur du droit européen sur ces questions. 158 00:11:06,970 --> 00:11:11,775 Deuxième idée, deuxième questionnement, finalement, ça pose, cette question, 159 00:11:11,800 --> 00:11:13,625 la place du législateur français, 160 00:11:13,725 --> 00:11:15,550 c'est-à-dire du Parlement français. 161 00:11:16,300 --> 00:11:19,750 Ça pose la question en plus du nombre de lois votées en France, 162 00:11:19,825 --> 00:11:23,800 dont on dit déjà qu'elles sont trop nombreuses par rapport au nombre de lois européennes 163 00:11:24,400 --> 00:11:28,300 du droit conventionnel dérivé de l'Union européenne. 164 00:11:29,225 --> 00:11:32,100 Ça pose donc déjà la question du rôle du Parlement français 165 00:11:32,170 --> 00:11:35,350 par rapport à cette — entre guillemets — "législation européenne". 166 00:11:35,850 --> 00:11:40,925 Mais, ensuite, aussi, d'un point de vue technique, la question du Parlement peut être posée. 167 00:11:41,020 --> 00:11:45,800 C'est-à-dire que la question des directives en droit français, 168 00:11:45,820 --> 00:11:48,050 de la transposition des directives en droit français, 169 00:11:48,175 --> 00:11:50,450 ne donne pas la part belle au Parlement, 170 00:11:50,525 --> 00:11:53,675 puisque la transposition se fait par voie d'ordonnance, 171 00:11:53,680 --> 00:11:55,725 c'est-à-dire par le pouvoir exécutif. 172 00:11:55,880 --> 00:11:57,875 C'est-à-dire que même dans les mesures 173 00:11:57,920 --> 00:12:01,225 qui ne sont pas d'applicabilité directe du droit dérivé européen, 174 00:12:01,500 --> 00:12:03,975 le Parlement, en quelque sorte, n'a pas son mot à dire, 175 00:12:04,720 --> 00:12:08,975 puisque c'est le gouvernement qui — là aussi, entre guillemets — "légifère" 176 00:12:08,970 --> 00:12:13,900 sur ce point par voie d'ordonnance en donnant les différentes mesures nécessaires 177 00:12:13,925 --> 00:12:16,475 à la transposition des directives. 178 00:12:19,510 --> 00:12:22,100 Le troisième point, c'est un rappel du fait que, 179 00:12:22,150 --> 00:12:25,400 malgré tout, dans la hiérarchie des normes en France, 180 00:12:25,900 --> 00:12:27,100 et c'est le cas dans les autres pays, 181 00:12:27,125 --> 00:12:30,625 vous avez toujours une supériorité de la constitution des États membres 182 00:12:30,770 --> 00:12:32,625 sur le traité européen. 183 00:12:32,800 --> 00:12:35,900 Ce sont les constitutions que l'on modifie, certes, 184 00:12:36,170 --> 00:12:39,625 mais on les modifie pour que les textes européens, les traités européens, 185 00:12:39,675 --> 00:12:43,270 soient conformes aux normes supérieures dans la hiérarchie des normes, 186 00:12:43,270 --> 00:12:45,700 c'est-à-dire aux constitutions. 187 00:12:48,000 --> 00:12:52,700 Quatrième point, c'est finalement — on terminera par-là, c'est un peu plus large — 188 00:12:53,175 --> 00:12:58,625 est-ce qu'il y a des limites à ce vaste mouvement qui est engagé du droit européen 189 00:12:58,875 --> 00:13:02,125 dans son rapport avec le droit français et avec le droit des États membres ? 190 00:13:02,520 --> 00:13:06,175 Est-ce qu'il y a en quelque sorte des limites à l'applicabilité 191 00:13:06,750 --> 00:13:09,220 du droit européen dans le droit français ? 192 00:13:10,225 --> 00:13:13,750 La première des limites, on l'a vu, c'est que malgré tout, au sommet, c'est la Constitution. 193 00:13:13,770 --> 00:13:14,900 Une deuxième limite, 194 00:13:15,150 --> 00:13:22,675 c'est que le droit européen ne fait pas partie du bloc de constitutionnalité. 195 00:13:22,975 --> 00:13:27,550 Le Conseil constitutionnel a refusé d'intégrer au bloc de constitutionnalité 196 00:13:27,725 --> 00:13:29,150 les principes européens. 197 00:13:31,675 --> 00:13:36,520 Néanmoins, une fois qu'on a dit ça, ce qui constitue une des fortes limites, 198 00:13:36,575 --> 00:13:40,225 on pourrait considérer comme des limites une certaine mauvaise volonté des gouvernements 199 00:13:40,650 --> 00:13:43,380 en termes de transposition des directives, certes. 200 00:13:44,250 --> 00:13:47,125 On peut considérer que certains gouvernements mettent beaucoup de temps 201 00:13:47,200 --> 00:13:48,625 à transposer certaines directives 202 00:13:48,700 --> 00:13:51,700 qu'ils ne souhaitent pas voir mises en œuvre immédiatement. 203 00:13:51,875 --> 00:13:57,170 Néanmoins, ces trois limites mises à part, il y a quand même un mouvement de fond assez net 204 00:13:57,900 --> 00:14:04,225 pour que l'on puisse conclure que clairement, il y a un mouvement d'intégration, 205 00:14:05,450 --> 00:14:08,820 d'articulation globale du droit français et du droit européen 206 00:14:09,025 --> 00:14:13,800 qui se constitue de plus en plus dans une lecture européenne, 207 00:14:13,975 --> 00:14:16,650 ou en tout cas, une intégration toujours plus poussée, 208 00:14:18,870 --> 00:14:24,425 que ce soit en termes de primauté du droit dérivé européen sur la loi en France 209 00:14:24,425 --> 00:14:26,250 et les autres primauté normes françaises, 210 00:14:26,820 --> 00:14:33,800 mais, également — et je terminerai par ce point — avec également, en termes de procédure. 211 00:14:33,850 --> 00:14:34,925 En termes de procédure, 212 00:14:34,975 --> 00:14:38,475 je vais reprendre l'exemple cité par le Professeur Portelli dans son manuel, 213 00:14:39,275 --> 00:14:46,475 lorsqu'il cite la décision QPC 2013-314 du 4 avril 2013. 214 00:14:48,820 --> 00:14:52,250 C'est une décision importante puisque dans cette décision QPC, 215 00:14:52,775 --> 00:14:55,050 le Conseil constitutionnel a saisi — je cite — 216 00:14:55,350 --> 00:14:59,275 "pour la première fois la Cour de Justice de l'Union européenne, la CJUE, 217 00:14:59,775 --> 00:15:04,570 d'une question préjudicielle portant sur l'interprétation d'une décision-cadre 218 00:15:04,600 --> 00:15:09,800 du Conseil des ministres de l'Union européenne relative en l'espèce au mandat d'arrêt européen." 219 00:15:10,875 --> 00:15:15,225 Ce qu'il faut retenir de cette décision QPC du 4 avril 2013, c'est ceci. 220 00:15:15,900 --> 00:15:18,525 C'est que l'intégration — et je cite le Professeur Portelli — 221 00:15:18,525 --> 00:15:22,575 c'est que "l'intégration de l'ensemble du système juridictionnel français 222 00:15:22,975 --> 00:15:26,200 dans celui de l'Union européenne est donc achevée." 223 00:15:28,200 --> 00:15:32,725 En terminant par ces mots qui sont d'une actualité récente, 224 00:15:33,870 --> 00:15:37,725 et qui permettent de dépasser simplement le cadre de la supériorité 225 00:15:37,775 --> 00:15:38,875 de la hiérarchie des normes, 226 00:15:39,050 --> 00:15:46,670 on voit clairement une articulation et un schéma global d'une articulation 227 00:15:46,700 --> 00:15:51,020 et d'une organisation du droit européen dérivé, 228 00:15:51,250 --> 00:15:55,025 des traités et de la Constitution qui fonctionnent comme un tout, 229 00:15:55,100 --> 00:15:57,675 dont maintenant les règles sont clairement posées, 230 00:15:57,775 --> 00:16:03,620 et elles sont posées dans une limite qui a été réduite, puisque l'ensemble fonctionne, 231 00:16:03,875 --> 00:16:05,300 comme cela vient d'être présenté.