1 00:00:06,020 --> 00:00:10,750 Partie 2 : Les biens et les personnes de l’ordre privé. 2 00:00:12,590 --> 00:00:17,725 Dans l’ordre privé, la grandeur des pouvoirs, des principes, 3 00:00:18,260 --> 00:00:20,950 des intérêts publics ou collectifs, 4 00:00:21,100 --> 00:00:24,900 s’effacent et apparaissent d’autres logiques. 5 00:00:25,910 --> 00:00:29,250 En passant de l’ordre public à l’ordre privé, 6 00:00:29,825 --> 00:00:36,750 nous quittons le domaine divin, souverain, pour un ordre plus matériel, celui de l’avoir. 7 00:00:38,250 --> 00:00:43,025 C’est cet avoir, ce bien, qui définit la personne dans l’ordre privé. 8 00:00:44,180 --> 00:00:47,675 Dans l’ordre privé, une constatation s’impose. 9 00:00:48,140 --> 00:00:54,050 Le statut personnel ne s’étudie véritablement qu’en fonction du statut réel. 10 00:00:54,650 --> 00:00:56,825 Nombreux sont les exemples à le prouver. 11 00:00:57,500 --> 00:01:01,700 La définition du mariage, par exemple, ne restera jamais inconnue. 12 00:01:01,775 --> 00:01:07,925 Il n’existe pas de terme indo-européen commun pour le mariage. 13 00:01:09,470 --> 00:01:12,275 Aristote observe, dans sa politique, 14 00:01:12,500 --> 00:01:18,100 qu’il n’y a pas dans sa propre langue de nom pour désigner l’union de l’homme et de la femme. 15 00:01:18,620 --> 00:01:22,300 Notre Code civil ne propose pas de définition du mariage. 16 00:01:22,910 --> 00:01:30,225 Le titre 5 du Livre premier du Code civil traite du mariage, mais ne le définit pas. 17 00:01:30,710 --> 00:01:36,975 Par contre, le régime des biens modifié par le mariage 18 00:01:37,325 --> 00:01:43,525 est toujours soigneusement décrit depuis l’Antiquité, la dot de la femme, 19 00:01:43,670 --> 00:01:48,850 le régime des biens entre époux, le retrait lignager éventuel, le douaire. 20 00:01:49,220 --> 00:01:52,750 Les biens dessinent les contours du statut personnel, 21 00:01:52,800 --> 00:01:55,975 humain et aussi forcément individuel. 22 00:01:56,420 --> 00:01:58,975 Le patrimoine définit la personne. 23 00:01:59,225 --> 00:02:02,330 C’est à partir de cette base matérielle, de cet avoir, 24 00:02:02,600 --> 00:02:10,375 que l’homme construit son être, son identité, et un monde à son image et à sa ressemblance, 25 00:02:11,000 --> 00:02:14,875 et parfois même à la ressemblance de ses biens. 26 00:02:15,825 --> 00:02:19,575 Titre 1 : Les biens de droit privé. 27 00:02:20,630 --> 00:02:27,225 Le statut des biens de droit privé a été profondément marqué par la tradition romaine. 28 00:02:27,950 --> 00:02:31,075 C’est à partir d’elle que nous devons commencer. 29 00:02:31,820 --> 00:02:34,850 Elle est toujours encore très largement d’actualité. 30 00:02:35,450 --> 00:02:42,300 Cette influence vient de l’extension considérable du concept de chose, de res à Rome. 31 00:02:42,860 --> 00:02:44,775 Dans le cadre de ce concept, 32 00:02:44,825 --> 00:02:49,400 les Romains opèrent de précises et précieuses distinctions. 33 00:02:50,000 --> 00:02:54,925 Le jurisconsulte Gaïus, au deuxième commentaire de ses Institutes, 34 00:02:55,300 --> 00:02:58,250 nous offre un tableau exceptionnel. 35 00:02:58,760 --> 00:03:04,900 Il écrit : "la division fondamentale des choses les répartit en deux catégories. 36 00:03:05,510 --> 00:03:10,625 En effet, les unes sont de droit divin, les autres de droit humain. 37 00:03:11,240 --> 00:03:15,600 Sont de droit divin, les choses sacrées et les choses religieuses. 38 00:03:15,980 --> 00:03:19,650 Sont sacrées celles qui sont consacrées aux dieux supérieurs. 39 00:03:20,060 --> 00:03:24,425 Les choses religieuses sont celles qui sont abandonnées aux dieux mânes. 40 00:03:25,010 --> 00:03:31,150 Les choses saintes, tels que les murs et les portes, sont en quelque façon de droit divin. 41 00:03:31,520 --> 00:03:35,475 Ce qui est de droit divin n’est dans le patrimoine de personne, 42 00:03:35,690 --> 00:03:40,600 mais ce qui est de droit humain est le plus souvent dans le patrimoine d’une personne. 43 00:03:40,880 --> 00:03:44,500 Ces choses peuvent aussi n’appartenir à personne. 44 00:03:44,870 --> 00:03:47,500 Les choses de droit humain sont publiques ou privées. 45 00:03:47,840 --> 00:03:52,225 Les choses publiques ne sont dans le patrimoine de personne. 46 00:03:52,580 --> 00:03:55,350 On considère qu’elles appartiennent à la communauté. 47 00:03:56,030 --> 00:03:59,200 Les choses privées appartiennent aux individus. 48 00:04:00,050 --> 00:04:04,350 D’autre part, certaines choses sont corporelles, d’autres incorporelles. 49 00:04:04,790 --> 00:04:08,425 Les choses corporelles sont celles que l’on peut toucher, 50 00:04:08,540 --> 00:04:11,200 comme un fond de terre, un esclave, un vêtement, 51 00:04:11,360 --> 00:04:15,050 de l’or, de l’argent et d’innombrables autres choses. 52 00:04:15,530 --> 00:04:19,000 Les choses incorporelles sont celles que l’on ne peut toucher, 53 00:04:19,160 --> 00:04:21,650 comme celles qui consistent en des droits, 54 00:04:21,750 --> 00:04:25,225 comme l’hérédité, l’usufruit, les obligations, 55 00:04:25,500 --> 00:04:31,900 quelle que soit la façon dont elles ont été contractées", fin de la citation. 56 00:04:33,850 --> 00:04:34,950 Vous le voyez, 57 00:04:35,450 --> 00:04:40,650 l’esprit du droit romain transparaît dans cet enchevêtrement de distinctions. 58 00:04:41,200 --> 00:04:46,100 L’extension considérable de cette définition vient 59 00:04:46,200 --> 00:04:51,500 de ce que les choses incorporelles se trouvent aussi incluses dans cet ensemble. 60 00:04:52,450 --> 00:04:56,890 Il est aussi frappant de constater que toutes ces choses sont présentées 61 00:04:56,950 --> 00:04:59,425 au regard de ceux qui les détiennent, 62 00:04:59,825 --> 00:05:05,650 les dieux supérieurs, les dieux mânes, la personne, la communauté, les individus. 63 00:05:06,150 --> 00:05:13,225 L’appropriation du patrimoine est le critère retenu par Gaïus pour opérer ces distinction. 64 00:05:13,775 --> 00:05:17,625 C’est l’appropriation qui définit les biens de droit public. 65 00:05:18,370 --> 00:05:22,950 Chapitre premier : Les appropriations privées. 66 00:05:24,780 --> 00:05:30,075 Gaïus sépare parfaitement les choses d’appropriation impossible, 67 00:05:30,550 --> 00:05:35,500 "ce qui est de droit divin n’est dans le patrimoine de personne", écrit-il, 68 00:05:36,000 --> 00:05:42,750 et je le cite encore, "les choses publiques qui ne sont dans le patrimoine de personne". 69 00:05:42,990 --> 00:05:45,850 On considère qu’elles appartiennent à la communauté. 70 00:05:46,260 --> 00:05:50,325 Pour ces choses, l’appropriation privée est interdite 71 00:05:50,650 --> 00:05:55,625 et il distingue d’autre part les choses susceptibles d’appropriation. 72 00:05:56,130 --> 00:06:01,200 Ce qui est de droit humain est le plus souvent dans le patrimoine d’une personne. 73 00:06:02,130 --> 00:06:06,175 Et les choses privées appartiennent aux individus. 74 00:06:06,750 --> 00:06:10,925 Pour ces choses, l’appropriation privée est autorisée. 75 00:06:11,970 --> 00:06:15,500 Section 1 : L’appropriation interdite. 76 00:06:16,260 --> 00:06:19,000 Dans la Bible, dans le Nouveau Testament, 77 00:06:19,150 --> 00:06:24,725 les Évangiles rapportent le piège tendu au Christ à propos de l’impôt. 78 00:06:25,350 --> 00:06:30,750 Il lui est demandé s’il est permis de payer, oui ou non, l’impôt à César. 79 00:06:31,320 --> 00:06:38,025 La réponse est délicate car dire non est une réponse provocatrice contre l’ordre romain, 80 00:06:38,500 --> 00:06:41,875 une telle réponse pourrait inciter à la révolte, 81 00:06:42,100 --> 00:06:46,225 mais dire oui, serait reconnaître l’autorité de Rome 82 00:06:46,275 --> 00:06:49,150 et la soumission de la Judée à l’imperium romain. 83 00:06:50,070 --> 00:06:55,150 La perception de l’impôt entre en effet dans le pouvoir de l’imperium. 84 00:06:55,890 --> 00:07:01,575 Pour éviter le piège, le Christ demande à voir la monnaie qui sert à payer l’impôt. 85 00:07:02,220 --> 00:07:06,450 Il interroge alors : "De qui sont l’effigie et l’inscription ?". 86 00:07:06,900 --> 00:07:09,425 Ils lui répondent : "De César". 87 00:07:09,960 --> 00:07:12,400 Sa réponse suit alors naturellement : 88 00:07:13,075 --> 00:07:19,425 "Il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". 89 00:07:19,950 --> 00:07:23,525 Par cette réponse, se trouve contourné le piège, 90 00:07:23,725 --> 00:07:30,050 mais se trouve aussi exclu de manière absolue la possibilité d’une appropriation privée. 91 00:07:30,510 --> 00:07:32,950 Rien n’appartient finalement à l’homme. 92 00:07:33,390 --> 00:07:38,100 On se place dans la logique d’un patrimoine impossible. 93 00:07:38,340 --> 00:07:43,850 Tout est à Dieu ou à César, point d’autres alternatives. 94 00:07:46,170 --> 00:07:49,450 Paragraphe premier : Rendez à Dieu. 95 00:07:51,060 --> 00:07:56,925 Selon la distinction de Gaïus, relèvent du droit divin les choses sacrées, 96 00:07:57,075 --> 00:08:00,075 les choses religieuses et les choses saintes. 97 00:08:00,840 --> 00:08:06,050 Cette classification tripartite distingue trois qualifications, 98 00:08:06,840 --> 00:08:13,625 mais ne permet pas de cerner la valeur exacte des trois termes, ni leur relation, 99 00:08:14,450 --> 00:08:17,575 en sorte que les regroupements proposés par Gaïus 100 00:08:17,850 --> 00:08:20,525 laissent une certaine liberté d’aménagement, 101 00:08:20,700 --> 00:08:26,025 les choses sacrées pouvant se distinguer des autres, saintes ou religieuses. 102 00:08:27,440 --> 00:08:30,525 A : Le bien de Dieu. 103 00:08:32,000 --> 00:08:37,675 Les anciens se font du patrimoine, une image concrète et morale. 104 00:08:38,450 --> 00:08:46,375 Pour eux, chacun a son lot, intangible et fixe, de fortune et d’infortune. 105 00:08:46,850 --> 00:08:50,925 Le patrimoine privé doit répondre à cet équilibre, 106 00:08:51,050 --> 00:08:53,725 sans doute plus encore que le patrimoine public. 107 00:08:54,750 --> 00:08:58,250 Or, il se trouve que par le patrimoine public, 108 00:08:58,475 --> 00:09:04,500 l’individu reçoit, dans son patrimoine privé, des biens des dieux et du souverain. 109 00:09:05,480 --> 00:09:09,650 Cette réception, que nous trouvons aujourd’hui parfaitement normale 110 00:09:09,920 --> 00:09:15,200 dans le cadre de notre État providence que nous appelons assistance 111 00:09:15,300 --> 00:09:22,475 ou sécurité économique ou Sécurité sociale, ou encore acquis sociaux ou politiques, 112 00:09:22,650 --> 00:09:27,100 n’est pas du tout comprise dans cette façon sous l’Antiquité. 113 00:09:27,800 --> 00:09:33,575 Les dons de la nature, les dons des dieux ou du souverain provoquent, 114 00:09:33,700 --> 00:09:37,525 dans le patrimoine des particuliers, un déséquilibre, 115 00:09:38,000 --> 00:09:44,300 déséquilibre positif, certes, et souvent indispensable, mais déséquilibre cependant. 116 00:09:44,600 --> 00:09:52,400 il y a dans le don, reçu de Dieu ou du souverain, une dette à combler, une contrepartie à rendre. 117 00:09:52,730 --> 00:09:58,275 Pour rétablir l’équilibre, il convient de restituer une partie du don initial 118 00:09:58,550 --> 00:10:03,625 et cette restitution se présente alors souvent sous la forme d’une offrande. 119 00:10:04,130 --> 00:10:07,225 Cette offrande est appelée à devenir sacrée, 120 00:10:07,600 --> 00:10:13,150 à s’incorporer en quelque sorte à la divinité qui s’est montrée féconde et généreuse. 121 00:10:13,470 --> 00:10:14,825 D’une certaine manière, 122 00:10:15,000 --> 00:10:19,525 celui qui fait l’offrande reproduit, imite le principe divin. 123 00:10:20,150 --> 00:10:24,350 Il l’utilise comme un modèle pour lui rendre l’accroissement, 124 00:10:24,475 --> 00:10:27,225 l’augmentation dont il a bénéficié. 125 00:10:28,050 --> 00:10:34,125 L’offrande se présente sous deux formes distinctes : liquide ou solide. 126 00:10:34,550 --> 00:10:37,725 Dans le premier cas, il s’agira de libation. 127 00:10:38,060 --> 00:10:44,425 Dans le second, l’offrande pourra concerner un sacrifice solide et parfois sanglant. 128 00:10:45,500 --> 00:10:48,150 Premièrement : libation. 129 00:10:50,500 --> 00:10:55,700 Le rituel de la libation se retrouve dans de nombreuses civilisations. 130 00:10:56,260 --> 00:11:02,425 Dans l’Inde ancienne, le liquide offert est essentiellement le beurre fondu ou la graisse. 131 00:11:02,650 --> 00:11:06,050 Ces corps gras alimentent le feu et nourrissent, 132 00:11:06,150 --> 00:11:10,300 de façon tangible et visible, la divinité. 133 00:11:10,930 --> 00:11:16,925 Ce rite trouve sa justification dans la force divine qu’il convient d’alimenter, 134 00:11:17,450 --> 00:11:21,125 la force débordante et surnaturelle des divinités 135 00:11:21,175 --> 00:11:24,350 liées au pouvoir d’accroître et d’augmenter. 136 00:11:24,850 --> 00:11:31,225 Il est fréquent dans la Bible, particulièrement au livre du Lévitique, 137 00:11:31,540 --> 00:11:34,550 de trouver des offrandes de libations. 138 00:11:35,400 --> 00:11:40,125 "Ainsi, quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne 139 00:11:40,390 --> 00:11:45,150 et que vous y ferez la moisson vous amènerez aux prêtres", 140 00:11:45,580 --> 00:11:51,750 dit Dieu dans ce livre, "la première gerbe, prémisse de votre moisson. 141 00:11:52,330 --> 00:11:58,425 Le prêtre devra offrir la gerbe devant le Seigneur pour que vous soyez agréé. 142 00:11:58,900 --> 00:12:01,300 Il l’offrira le lendemain du sabbat. 143 00:12:01,630 --> 00:12:03,900 Le jour où vous offrirez la gerbe, 144 00:12:04,100 --> 00:12:11,675 vous ferez, pour le Seigneur, l’holocauste d’un agneau sans défaut âgé d’un an, 145 00:12:11,850 --> 00:12:17,725 avec comme offrande deux dixièmes d’épha de farine pétris à l’huile. 146 00:12:18,125 --> 00:12:22,250 C’est un mets consumé pour le Seigneur, un parfum apaisant. 147 00:12:22,530 --> 00:12:26,225 Et comme libation de vin, un quart de hin". 148 00:12:27,190 --> 00:12:28,650 La libation, vous le voyez, 149 00:12:28,725 --> 00:12:33,100 intervient après une longue série d’échanges entre les hommes et Dieu. 150 00:12:33,700 --> 00:12:37,775 Dieu donne la terre, les hommes donnent leur travail. 151 00:12:38,290 --> 00:12:41,950 Les hommes apportent la première gerbe de la moisson, 152 00:12:42,190 --> 00:12:46,690 Dieu agrée les hommes et les hommes font le sacrifice d’une libation 153 00:12:46,990 --> 00:12:50,725 dans le cadre de l’alliance ainsi conclue avec Dieu. 154 00:12:52,210 --> 00:12:55,725 La tradition grecque connaît, à maintes reprises, 155 00:12:55,825 --> 00:13:00,975 des libations faites pour se prémunir d’un danger avec l’aide des dieux. 156 00:13:01,600 --> 00:13:06,625 La libation accompagne une prière destinée à obtenir la sécurité. 157 00:13:07,360 --> 00:13:11,475 Au moment de commencer une entreprise dangereuse pour soi ou pour les autres, 158 00:13:11,860 --> 00:13:15,125 on verse une offrande liquide destinée à Zeus. 159 00:13:15,730 --> 00:13:21,500 Le but est de protéger celui qui est engagé dans une aventure difficile. 160 00:13:22,450 --> 00:13:26,250 Par la libation, les dieux sont pris pour garants, 161 00:13:26,920 --> 00:13:29,075 mais pour obtenir cette garantie, 162 00:13:29,525 --> 00:13:34,675 la libation doit être prélevée sur le patrimoine personnel. 163 00:13:35,110 --> 00:13:38,550 La notion de sacrifice est nécessaire. 164 00:13:39,550 --> 00:13:42,150 Deuxièmement : Sacrifice. 165 00:13:43,750 --> 00:13:49,000 Gaïus voit, dans les choses sacrées, les choses consacrées aux dieux supérieurs. 166 00:13:49,570 --> 00:13:55,225 Ces choses vouées sont abandonnées aux dieux, en quelque sorte sacrifiées. 167 00:13:56,650 --> 00:14:02,850 Le sacrifice s’entend d’un hommage que l’on rend à la divinité 168 00:14:03,200 --> 00:14:05,300 et qui peut prendre plusieurs formes. 169 00:14:05,980 --> 00:14:11,850 La terminologie iranienne propose, dès l’origine, deux modalités au sacrifice : 170 00:14:12,450 --> 00:14:16,850 le sacrifice sanglant et le sacrifice non sanglant. 171 00:14:17,440 --> 00:14:22,325 Même si le sacrifice sanglant semble plus archaïque que le second, 172 00:14:22,600 --> 00:14:26,650 ils sont équivalents dans leurs causes et dans leurs modalités 173 00:14:26,890 --> 00:14:32,225 puisqu’ils constituent tous les deux une action, l’action de rendre sacré. 174 00:14:33,760 --> 00:14:40,750 Le sacrifice consiste non seulement à rendre le Dieu plus grand, à l’exalter, 175 00:14:41,250 --> 00:14:44,450 mais encore à le renforcer par l’offrande. 176 00:14:45,100 --> 00:14:52,525 La chose sacrée est acquise à la divinité et provoque une perte irrémédiable. 177 00:14:53,320 --> 00:14:57,900 La chose sacrée est soustraite du patrimoine des hommes. 178 00:14:58,570 --> 00:15:04,800 Sacrifier trouve tout son sens dans le latin sacrificare, sacrum facere. 179 00:15:05,300 --> 00:15:13,550 Pour rendre l’offrande sacrée, il faut la rendre sacere, 180 00:15:14,000 --> 00:15:16,650 c’est-à-dire qu’il faut la séparer. 181 00:15:18,410 --> 00:15:24,875 Si l’offrande est vivante, comme le bétail, il faut la mettre à mort. 182 00:15:25,250 --> 00:15:28,375 Par la mise à mort, la séparation s’accomplit. 183 00:15:29,060 --> 00:15:35,500 Les choses sacrées se rattachent à un domaine séparé, distinct du domaine profane. 184 00:15:35,960 --> 00:15:42,275 De même, les choses saintes, selon la définition déjà étudiée de Sanctus, 185 00:15:42,600 --> 00:15:46,225 sont les choses confirmées par une certaine sanction. 186 00:15:46,880 --> 00:15:52,875 Gaïus donne comme exemple de choses saintes, les murs et les portes. 187 00:15:53,210 --> 00:15:55,875 Les bornes sont des choses sacrées. 188 00:15:56,600 --> 00:16:01,100 Toutes les choses qui se rattachent à l’enceinte sacrée échappent 189 00:16:01,350 --> 00:16:03,200 à l’appropriation privée. 190 00:16:03,590 --> 00:16:08,975 Leur nature singulière vient de leur s rattachement possible aux dieux.