1 00:00:05,740 --> 00:00:06,760 Bonjour à toutes et tous. 2 00:00:07,360 --> 00:00:11,170 Nous continuons donc cette question, cette épineuse question relative 3 00:00:11,370 --> 00:00:12,130 aux réquisitions. 4 00:00:12,330 --> 00:00:16,030 J'évoquais la dernière fois donc la décision du 3 décembre 2021 5 00:00:16,230 --> 00:00:22,660 du Conseil constitutionnel, la loi du 2 mars 2022 et la contrariété 6 00:00:23,320 --> 00:00:28,480 du dispositif de réquisition avec la jurisprudence de la Cour de 7 00:00:28,680 --> 00:00:30,640 justice de l'Union européenne. 8 00:00:31,120 --> 00:00:36,850 Et l'année 2022,  a été marquée par quatre arrêts rendus donc un 9 00:00:37,050 --> 00:00:41,110 peu plus tard, le 12 juillet 2022, quatre arrêts rendus par la chambre 10 00:00:41,310 --> 00:00:44,410 criminelle de la Cour de cassation qui s'est prononcée donc sur les 11 00:00:44,610 --> 00:00:49,930 conditions de conservation et d'accès aux données de connexion eu égard 12 00:00:50,130 --> 00:00:53,110 au pouvoir du procureur de la République pendant la phase de 13 00:00:53,310 --> 00:00:54,070 l'enquête. 14 00:00:54,270 --> 00:00:55,750 Et donc la Cour de cassation, nous allons le voir, 15 00:00:55,950 --> 00:00:57,700 dans ces arrêts qui, encore une fois, ont été extrêmement 16 00:00:57,900 --> 00:01:01,900 discutés, controversés, critiqués, la Cour de cassation 17 00:01:02,100 --> 00:01:05,740 réceptionne la jurisprudence de la CJUE en la matière. 18 00:01:06,490 --> 00:01:10,000 Alors concernant l'accessibilité, c'est ce qui nous intéresse encore 19 00:01:10,200 --> 00:01:15,520 une fois, plus que la conservation, comme le rappelle la Cour de cassation, 20 00:01:16,000 --> 00:01:19,840 il résulte de la jurisprudence donc de la CJUE, avec son arrêt 21 00:01:20,040 --> 00:01:24,880 du 2 mars 2021 HK contre Prokuratuur que "l'accès aux données de connexion 22 00:01:25,080 --> 00:01:28,600 ne peut être autorisé qu'aux conditions suivantes", je cite, 23 00:01:28,990 --> 00:01:33,340 "si ces données ont été conservées conformément aux exigences du droit 24 00:01:33,540 --> 00:01:38,020 européen, s'il y a lieu pour la finalité ayant justifié la conservation 25 00:01:38,220 --> 00:01:41,200 ou une finalité plus grave, sauf conservation rapide, 26 00:01:41,800 --> 00:01:46,990 s'il est limité au strict nécessaire et s'agissant des données de trafic 27 00:01:47,190 --> 00:01:49,810 et de localisation, s'il est circonscrit aux procédures visant 28 00:01:50,110 --> 00:01:54,670 à la lutte contre la criminalité grave, et enfin s'il est soumis au contrôle 29 00:01:54,870 --> 00:01:58,330 préalable d'une juridiction ou d'une autorité administrative 30 00:01:58,630 --> 00:01:59,390 indépendante. 31 00:01:59,950 --> 00:02:03,070 Et s'agissant donc de ce dernier critère qui nous intéresse, 32 00:02:03,270 --> 00:02:08,590 relatif au contrôle préalable, la CJUE a précisé," outre son caractère 33 00:02:09,070 --> 00:02:14,350 essentiel, que le droit de l’Union"  donc là, je cite encore la 34 00:02:14,550 --> 00:02:17,320 jurisprudence européenne, "que le droit de l'Union s'oppose 35 00:02:17,520 --> 00:02:21,460 à une réglementation nationale donnant compétence au ministère 36 00:02:21,660 --> 00:02:25,840 public qui dirige la procédure d'enquête et exerce, 37 00:02:26,040 --> 00:02:30,280 le cas échéant, l'action publique pour autoriser l'accès d'une autorité 38 00:02:30,480 --> 00:02:33,760 publique aux données relatives au trafic et aux données de 39 00:02:33,960 --> 00:02:34,720 localisation. 40 00:02:35,020 --> 00:02:37,750 Et il en est de même pour un fonctionnaire de police qui ne 41 00:02:37,950 --> 00:02:40,900 constitue pas une juridiction et ne présente pas toutes les garanties 42 00:02:41,100 --> 00:02:43,330 d'indépendance et d'impartialité requises". 43 00:02:43,660 --> 00:02:48,790 Et ici, je cite un arrêt de la CJUE du 5 avril 2022, 44 00:02:49,120 --> 00:02:55,330 affaire C140/20, affaire Commissioner of An Garda Síochána. 45 00:03:04,510 --> 00:03:10,240 Et donc la Cour réceptionne, 46 00:03:10,440 --> 00:03:13,090 la Cour de cassation cette fois, réceptionne ainsi la jurisprudence 47 00:03:13,570 --> 00:03:19,390 européenne et en déduit logiquement que les articles 61-1 et 62-2 en 48 00:03:19,590 --> 00:03:25,060 enquête de flagrance et 77-1-1 et 77-1-2 en enquête préliminaire, 49 00:03:26,620 --> 00:03:29,050 en ce qu'il n'existe, en ce qu'il ne prévoit qu'une 50 00:03:29,250 --> 00:03:32,380 autorisation du procureur de la République ou d'un officier de 51 00:03:32,580 --> 00:03:35,890 police judiciaire sont contraires au droit de l'Union européenne 52 00:03:36,250 --> 00:03:39,190 uniquement donc en ce qu'il ne prévoit pas un contrôle préalable 53 00:03:39,400 --> 00:03:44,410 par une juridiction ou une entité administrative indépendante. 54 00:03:44,800 --> 00:03:47,890 Et les dispositions relatives aux juges d'instruction ne sont quant 55 00:03:48,090 --> 00:03:51,130 à elles pas remises en cause, ce juge étant une juridiction qui 56 00:03:51,330 --> 00:03:54,880 n'est pas partie à la procédure et qui n'exerce pas l'action publique. 57 00:03:58,310 --> 00:04:01,300 Donc le juge d'instruction est compétent pour effectuer le contrôle. 58 00:04:01,500 --> 00:04:04,360 Donc, petite parenthèse, c'est extrêmement important de 59 00:04:04,560 --> 00:04:07,120 bien comprendre cela, c'est-à-dire que j'ai évoqué un 60 00:04:07,320 --> 00:04:09,160 petit peu la dernière fois, et je vais beaucoup le redire, 61 00:04:09,610 --> 00:04:13,240 la porosité entre les actes qui peuvent être ordonnés dans le cadre 62 00:04:13,440 --> 00:04:16,660 d'une enquête de police et dans le cas d'une instruction préparatoire, 63 00:04:16,860 --> 00:04:19,330 les actes en enquête étant menées sous la direction du procureur, 64 00:04:19,810 --> 00:04:23,530 les actes dans l'instruction étant menées sous la direction du juge 65 00:04:23,730 --> 00:04:28,180 d'instruction, ce n'est pas tant une question de statut qu'une question 66 00:04:28,380 --> 00:04:32,440 de fonctions qui pose difficulté, certes, le parquet n'est pas 67 00:04:32,640 --> 00:04:35,230 indépendant, mais ce qui pose en réalité difficulté, c'est surtout 68 00:04:35,430 --> 00:04:38,380 le fait qu'il exerce l'action publique et qu'il est considéré par certains, 69 00:04:38,580 --> 00:04:42,250 pas par tous, mais il est considéré comme étant partie à la procédure, 70 00:04:42,450 --> 00:04:44,290 ce que n'est pas le juge d'instruction. 71 00:04:44,590 --> 00:04:46,900 On pourrait se dire quand même que le juge d'instruction est une 72 00:04:47,100 --> 00:04:50,350 autorité d'accusation dès lors que c'est lui qui met en examen 73 00:04:50,550 --> 00:04:53,560 et qui choisit, le cas échéant, de renvoyer la personne devant 74 00:04:53,770 --> 00:04:56,800 la juridiction de jugement mais le juge d'instruction, donc, 75 00:04:57,000 --> 00:04:59,990 n'exerce pas l'action publique, donc on ne peut pas parler 76 00:05:00,380 --> 00:05:04,640 véritablement d'autorité de poursuites. 77 00:05:04,940 --> 00:05:07,880 Et donc à partir de là, effectivement, il y a une dichotomie, 78 00:05:08,080 --> 00:05:18,020 une différence de régime qui en résulte dans la mesure où le parquet 79 00:05:18,220 --> 00:05:20,240 ne peut autoriser seul, on le voit, certains actes. 80 00:05:20,440 --> 00:05:23,180 Donc, c'est un petit peu l'architecture qui commence à se dessiner, 81 00:05:23,380 --> 00:05:27,160 puisque, je l'ai dit dans le cadre des réflexions qui sont en cours, 82 00:05:27,360 --> 00:05:30,350 il est vraisemblable que l'instruction soit maintenue. 83 00:05:31,400 --> 00:05:35,630 On le voit, deux cadres distincts, une liberté, une certaine liberté 84 00:05:35,830 --> 00:05:39,980 du juge d'instruction et la nécessité d'apporter des garanties 85 00:05:40,180 --> 00:05:42,470 supplémentaires dans le cadre de l'enquête de police, 86 00:05:42,670 --> 00:05:47,680 qui représente, attention, 96 à 97 % des hypothèses, 87 00:05:47,880 --> 00:05:50,900 l'instruction ne représente, n'occupe qu'une place résiduelle. 88 00:05:53,690 --> 00:05:55,970 Voilà donc ce qui appelle mécaniquement aussi, nous le verrons, 89 00:05:56,170 --> 00:05:59,690 à renforcer le contrôle du juge des libertés et de la détention, 90 00:06:00,190 --> 00:06:02,360 et donc notamment en enquête de police. 91 00:06:02,660 --> 00:06:06,890 C'est un raisonnement qui n'est pas nouveau, dans le cadre notamment 92 00:06:07,090 --> 00:06:11,300 de la géolocalisation, la Cour de cassation, 93 00:06:11,500 --> 00:06:18,200 le 22 octobre 2013, avait refusé la mise en œuvre d'un tel dispositif 94 00:06:18,400 --> 00:06:22,580 en enquête, ce dispositif existait dans la pratique, mais n'existait 95 00:06:22,780 --> 00:06:26,900 pas au regard de la loi, c'était une pratique consacrée 96 00:06:27,100 --> 00:06:30,170 sur le tas en raison des évolutions technologiques. 97 00:06:30,530 --> 00:06:36,510 Et la Cour de cassation avait approuvé le dispositif en instruction, 98 00:06:36,710 --> 00:06:41,760 mais non en enquête au regard de l'atteinte à la vie privée en cause. 99 00:06:41,960 --> 00:06:44,890 Et puis le législateur, nous le verrons, en 2014, 100 00:06:45,090 --> 00:06:48,510 avait finalement consacrer ce dispositif en prévoyant donc un 101 00:06:48,710 --> 00:06:49,680 contrôle du JLD. 102 00:06:50,040 --> 00:06:55,700 Donc c'est une architecture ici qui commence à se distinguer. 103 00:06:55,900 --> 00:06:58,350 Alors, je reviens aux arrêts du 12 juillet. 104 00:06:58,980 --> 00:07:03,030 La Cour de cassation constate que les exigences européennes en cause 105 00:07:03,570 --> 00:07:07,290 ont pour objectif la protection du droit au respect de la vie privée, 106 00:07:07,680 --> 00:07:11,520 y compris la protection des données à caractère personnel et la liberté 107 00:07:11,720 --> 00:07:12,480 d'expression. 108 00:07:12,720 --> 00:07:17,340 Et ces dispositions ne relèvent que de l'intérêt de la personne 109 00:07:17,540 --> 00:07:18,300 concernée. 110 00:07:18,500 --> 00:07:23,610 La Cour en déduit alors que l'absence de contrôle préalable ne peut faire 111 00:07:23,810 --> 00:07:29,130 grief au requérant que s'il établit l'existence d'une ingérence injustifiée 112 00:07:29,330 --> 00:07:30,090 dans ses droits. 113 00:07:30,290 --> 00:07:33,180 Donc une nullité ici avec grief qui suppose effectivement de montrer 114 00:07:34,950 --> 00:07:37,380 en quoi ses droits ont été atteints. 115 00:07:37,770 --> 00:07:43,740 Donc la Cour de cassation, ici finalement, conclut à l'existence 116 00:07:43,940 --> 00:07:47,580 d'une nullité d'ordre privé, dit-on, aux conditions particulièrement 117 00:07:48,480 --> 00:07:49,240 restrictives. 118 00:07:49,980 --> 00:07:52,860 Alors que faire à l'avenir ? 119 00:07:53,060 --> 00:07:56,190 Évidemment, on s'interroge sur la mise en place d'un réel contrôle 120 00:07:56,390 --> 00:07:59,460 préalable qui, encore une fois, pourrait peut-être être exercé 121 00:07:59,660 --> 00:08:05,490 par le JLD qui serait saisi donc à cette fin par le procureur de 122 00:08:05,690 --> 00:08:06,450 la République. 123 00:08:07,800 --> 00:08:13,650 Donc le JLD aurait pour mission d'autoriser de requérir la transmission 124 00:08:14,370 --> 00:08:18,480 des données de connexion et la difficulté, en revanche, 125 00:08:18,680 --> 00:08:22,650 tient au fait que le contrôle du JLD est souvent décrié comme n'étant 126 00:08:22,850 --> 00:08:24,600 pas suffisamment effectif. 127 00:08:27,950 --> 00:08:34,790 Alors par ailleurs, je précise un point particulier relatif aux 128 00:08:34,990 --> 00:08:38,570 réquisitions des données de connexion correspondant à la ligne d'un avocat. 129 00:08:39,530 --> 00:08:44,690 En effet, je renvoie ici à l'article 60-1-1 du code de procédure pénale 130 00:08:45,080 --> 00:08:48,140 créé par la loi pour la confiance dans l'institution judiciaire, 131 00:08:48,340 --> 00:08:56,840 donc la loi du 22 décembre 2021, qui a renforcé les garanties dans 132 00:08:57,040 --> 00:09:00,290 le cadre des actes d'enquête visant les avocats, réquisitions, 133 00:09:00,490 --> 00:09:01,970 perquisitions, écoutes téléphoniques. 134 00:09:02,170 --> 00:09:05,420 Et, selon cet article, "à peine de nullité, 135 00:09:05,720 --> 00:09:09,740 l'accès aux données de connexion émises par un avocat est lié à 136 00:09:09,940 --> 00:09:13,580 l'utilisation d'un réseau ou d'un service de communication électronique, 137 00:09:13,880 --> 00:09:18,200 parmi lesquels figurent les factures détaillées, ne peut être autorisé 138 00:09:18,400 --> 00:09:21,410 que lorsqu'il existe des raisons plausibles de soupçonner l'avocat 139 00:09:21,680 --> 00:09:24,050 d'avoir commis ou tenté de commettre une infraction". 140 00:09:24,590 --> 00:09:28,880 Et cet accès doit être autorisé par le JLD par une ordonnance motivée, 141 00:09:29,080 --> 00:09:32,270 insusceptible de recours mais il y a une ordonnance, cette fois-ci, 142 00:09:32,480 --> 00:09:34,430 a priori du JLD. 143 00:09:36,530 --> 00:09:39,530 Et puis enfin, dernier point, toujours dans ce cadre-là, 144 00:09:40,880 --> 00:09:44,870 nous pouvons relever que lorsqu'une personne refuse, au cours de sa 145 00:09:45,070 --> 00:09:48,080 garde à vue, de communiquer aux enquêteurs ou de mettre en œuvre 146 00:09:48,650 --> 00:09:52,010 des codes de déverrouillage de téléphones portables trouvés en 147 00:09:52,210 --> 00:09:56,990 possession, elle peut être condamnée pour refus de remettre aux autorités 148 00:09:57,190 --> 00:10:00,500 judiciaires la convention secrète de déchiffrement d'un moyen de 149 00:10:00,700 --> 00:10:01,460 cryptologie. 150 00:10:01,940 --> 00:10:05,990 En effet, donc c'est un délit sur le fondement de l'article 434-15-2 151 00:10:08,090 --> 00:10:12,260 du code pénal, une question dont on a beaucoup parlé et qui a donné 152 00:10:12,460 --> 00:10:18,380 lieu à un arrêt rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation 153 00:10:18,580 --> 00:10:24,950 le 13 octobre 2020, deux arrêts même, numéro 20-80.150 et numéro 19-85.984. 154 00:10:28,820 --> 00:10:31,700 Alors l'infraction prévue par ce texte s'applique aux tiers, 155 00:10:31,900 --> 00:10:34,850 mais aussi à l'auteur de l'infraction supposée être en lien avec un moyen 156 00:10:35,480 --> 00:10:36,560 de cryptologie. 157 00:10:36,760 --> 00:10:42,560 Simplement, pour que le refus de fournir la convention secrète de 158 00:10:42,760 --> 00:10:46,460 déchiffrement soit incriminé, sachant que la peine encourue est 159 00:10:46,660 --> 00:10:50,930 de trois ans d'emprisonnement est de 270 000 €, il faut que les 160 00:10:51,130 --> 00:10:55,100 enquêteurs aient formalisé une véritable réquisition et non une 161 00:10:55,300 --> 00:10:59,270 simple demande au cours d'une audition, comportant la précision que le 162 00:10:59,470 --> 00:11:04,640 refus du déféré est susceptible de constituer une infraction pénale. 163 00:11:05,570 --> 00:11:08,900 La simple présence d'un moyen de cryptologie ne suffit pas à justifier 164 00:11:09,100 --> 00:11:09,860 une condamnation. 165 00:11:10,060 --> 00:11:12,560 Il faut encore que le prévenu en ait connaissance. 166 00:11:12,760 --> 00:11:15,140 C'est ce qu'a affirmé notamment la Cour de cassation dans un arrêt 167 00:11:15,800 --> 00:11:18,740 du 9 mars 2022. 168 00:11:19,370 --> 00:11:24,290 Alors là encore, c'est une question dont on a pas mal discuté et un 169 00:11:24,490 --> 00:11:28,880 dispositif qui conduit à nous interroger, l'obligation imposée 170 00:11:29,080 --> 00:11:31,670 à la personne suspecte notamment, apparaît peu compatible avec le 171 00:11:31,870 --> 00:11:35,900 droit de se taire et de ne pas s’auto-incriminer, que vous avez 172 00:11:36,200 --> 00:11:36,960 étudié. 173 00:11:37,790 --> 00:11:40,520 Je fais référence notamment à un arrêt de la chambre criminelle 174 00:11:41,030 --> 00:11:47,960 rendue le 10 décembre 2019, numéro 21-83.557, par lequel la 175 00:11:48,160 --> 00:11:52,490 Cour a estimé que, je cite, "le droit de ne pas s'incriminer 176 00:11:52,690 --> 00:11:56,000 soi-même ne s'étend pas aux données que l'on peut obtenir de la personne 177 00:11:56,200 --> 00:12:00,290 concernée en recourant à des pouvoirs coercitifs mais qui existent 178 00:12:00,490 --> 00:12:03,860 indépendamment de la volonté de l'intéressé. 179 00:12:04,060 --> 00:12:10,220 Alors le Conseil constitutionnel, toutefois, a déclaré, 180 00:12:10,420 --> 00:12:15,140 c'était dans une décision du 30 mars 2018, numéro 2018-696 QPC, 181 00:12:16,610 --> 00:12:25,430 il a déclaré ce texte d'incrimination, l'article 434-15-2, il l'a déclaré 182 00:12:25,630 --> 00:12:29,150 conforme à la Constitution en affirmant que le délit n'a pas pour objet 183 00:12:29,350 --> 00:12:31,640 d'obtenir des aveux, mais permet seulement le déchiffrement 184 00:12:32,120 --> 00:12:33,650 des personnes cryptées. 185 00:12:34,610 --> 00:12:39,530 Et puis enfin, par un arrêt très attendu, rendu le 7 novembre 2022, 186 00:12:39,860 --> 00:12:45,500 numéro 21-83.146, l'assemblée plénière, 187 00:12:45,700 --> 00:12:48,710 cette fois de la Cour de cassation, s'est prononcée dans le même sens 188 00:12:49,010 --> 00:12:50,510 que la chambre criminelle. 189 00:12:51,140 --> 00:12:54,080 Elle juge en effet que le Code de déverrouillage d'un téléphone 190 00:12:54,280 --> 00:12:58,220 portable peut constituer une clé de déchiffrement au sens de l'article 191 00:12:58,420 --> 00:13:05,150 434-15-2 du Code pénal, si bien que la personne qui serait 192 00:13:05,350 --> 00:13:08,750 placée en garde à vue et qui refuse de communiquer ce code de 193 00:13:08,950 --> 00:13:12,800 déverrouillage, se rend auteur d'un délit. 194 00:13:13,000 --> 00:13:16,070 Voilà, j'en ai terminé donc pour ce point. 195 00:13:16,610 --> 00:13:24,080 Nous passerons donc à un développement suivant donc la prochaine fois, 196 00:13:24,280 --> 00:13:28,350 dans une section 2 consacrée aux recherches intrusives. 197 00:13:29,100 --> 00:13:29,860 Je vous remercie.