1 00:00:05,710 --> 00:00:06,470 Bonjour à tous. 2 00:00:06,670 --> 00:00:11,230 Nous continuons donc l'étude des actes d'investigation ici qui sont 3 00:00:11,430 --> 00:00:15,220 propres à la criminalité et à la délinquance organisée et j'envisage 4 00:00:15,420 --> 00:00:18,940 donc, dans un B, l'accès à distance aux correspondances stockées par 5 00:00:19,140 --> 00:00:21,220 la voie des communications électroniques. 6 00:00:22,030 --> 00:00:24,850 C'est un procédé donc qui peut être mis en œuvre dans le cadre 7 00:00:25,050 --> 00:00:28,390 d'une enquête relative aux infractions de criminalité et délinquance 8 00:00:28,590 --> 00:00:29,350 organisée. 9 00:00:29,550 --> 00:00:34,930 On va distinguer tout d'abord, 1, les écoutes téléphoniques et 10 00:00:35,260 --> 00:00:38,350 nous verrons dans un 2 les interceptions de correspondances 11 00:00:38,980 --> 00:00:39,740 numériques. 12 00:00:39,940 --> 00:00:42,970 Donc, 1 tout d'abord : les écoutes téléphoniques. 13 00:00:43,170 --> 00:00:49,210 Alors, à l'origine, le procédé 14 00:00:49,410 --> 00:00:52,990 était réservé en effet à l'interception des correspondances émises par 15 00:00:53,190 --> 00:00:54,760 la voie des télécommunications. 16 00:00:54,960 --> 00:00:58,330 Donc cet accès à distance, à l'origine, était réservé à 17 00:00:58,530 --> 00:01:01,330 l'interception des correspondances émises par la voie des 18 00:01:01,530 --> 00:01:02,290 télécommunications. 19 00:01:02,490 --> 00:01:05,920 Donc les écoutes téléphoniques que vous trouvez ici aux articles 20 00:01:06,120 --> 00:01:12,850 706-95 un du Code de procédure pénale, s'agissant ici de ces écoutes, 21 00:01:15,970 --> 00:01:19,420 elles représentent un point de discorde qui conduit le législateur 22 00:01:19,620 --> 00:01:22,280 à renforcer le respect de ces principes. 23 00:01:22,480 --> 00:01:24,400 Elles ont constitué en tous les cas un point de discorde. 24 00:01:24,600 --> 00:01:29,440 Le législateur a dû intervenir le 10 juillet 1991 pour donner, 25 00:01:29,640 --> 00:01:30,760 fixer un cadre légal. 26 00:01:30,960 --> 00:01:35,370 Il n'y avait aucun cadre, aucune condition, puisque cette 27 00:01:36,070 --> 00:01:38,050 technique n'était pas prévue, tout simplement, elle existait 28 00:01:38,250 --> 00:01:39,010 en pratique. 29 00:01:39,250 --> 00:01:43,600 Et cette loi de 91 fait en effet suite à une condamnation retentissante 30 00:01:43,800 --> 00:01:47,980 de la France par la Cour européenne qui fait partie des grands arrêts ici, 31 00:01:49,360 --> 00:01:55,570 les arrêts Huvig contre France et Kruslin du 24 avril 1990. 32 00:01:55,960 --> 00:01:59,200 Donc le dispositif est introduit en 1991. 33 00:01:59,400 --> 00:02:02,220 Pardon, j'ai oublié de préciser que ces arrêts font suite à la 34 00:02:02,420 --> 00:02:05,830 grande affaire dite des écoutes de l'Élysée dans laquelle l'ancien 35 00:02:06,030 --> 00:02:07,780 président de la République, Monsieur François Mitterrand, 36 00:02:07,980 --> 00:02:10,150 avait fait mettre sur écoute un certain nombre de hauts fonctionnaires 37 00:02:10,350 --> 00:02:14,290 d'État en vue de cacher le secret qu'il voulait préserver, 38 00:02:14,490 --> 00:02:18,280 à savoir l'existence de sa fille cachée, Mazarine Pingeot. 39 00:02:20,200 --> 00:02:23,560 Voilà donc un cadre ainsi légal est créé et qu'approuvera la Cour 40 00:02:23,760 --> 00:02:29,350 européenne dans un arrêt Lambert contre France en date du 24 août 1998. 41 00:02:30,730 --> 00:02:35,110 Alors la notion de télécommunication, pour entrer un peu, pour exposer 42 00:02:35,350 --> 00:02:38,140 un peu des aspects techniques, désigne tout transmission, 43 00:02:38,340 --> 00:02:40,750 émission ou réception de signes, signaux écrits, images, 44 00:02:41,230 --> 00:02:43,270 sons ou renseignements de toute nature par fils, optique, 45 00:02:43,470 --> 00:02:46,750 radioélectricité ou tout autre système électromagnétique. 46 00:02:47,170 --> 00:02:50,380 Cela recouvre donc les interceptions de correspondances émises reçues 47 00:02:50,580 --> 00:02:53,050 sur des équipements terminaux tels que téléphone, télécopieur, 48 00:02:53,250 --> 00:02:56,560 Minitel, mais ça date, récepteur de télémessagerie, 49 00:02:56,760 --> 00:02:57,520 télex, etc. 50 00:02:59,260 --> 00:03:02,880 Mais encore faut-il qu'il y ait interception, interception donc, 51 00:03:03,080 --> 00:03:07,000 ce qui consiste à interposer, au moyen d'une dérivation sur la ligne, 52 00:03:07,200 --> 00:03:10,090 un procédé magnétique d'enregistrement des conversations. 53 00:03:11,140 --> 00:03:17,380 Et donc, à l'instar du dispositif qui est prévu en instruction, 54 00:03:18,070 --> 00:03:23,680 l'interception correspond à l'enregistrement et à la transcription 55 00:03:23,880 --> 00:03:27,940 de correspondances émises par la voie des télécommunications. 56 00:03:28,140 --> 00:03:33,970 Alors, à l'origine, ces mesures d'écoutes téléphoniques étaient 57 00:03:34,170 --> 00:03:35,290 réservées à l'instruction. 58 00:03:35,490 --> 00:03:38,590 Donc vous retrouvez le régime applicable aux articles 100 et 59 00:03:38,790 --> 00:03:41,920 suivants donc articles applicables en matière d'instruction préparatoire. 60 00:03:42,280 --> 00:03:44,920 Comprenez la logique, nous sommes en 1991. 61 00:03:45,160 --> 00:03:48,460 Il s'agit d'introduire cette nouvelle technique. 62 00:03:48,660 --> 00:03:55,000 C'est véritablement le premier acte d'investigation technologique, 63 00:03:55,480 --> 00:03:57,670 suivront beaucoup d'actes ensuite, nous allons le voir. 64 00:03:58,930 --> 00:04:03,730 L'atteinte à la vie privée est si grande que cet acte doit être 65 00:04:03,930 --> 00:04:07,840 réservé à la criminalité la plus grave et aux cadres d'investigation 66 00:04:08,040 --> 00:04:10,210 les plus restreints, à savoir l'instruction préparatoire 67 00:04:10,410 --> 00:04:13,270 donc menée par le juge d'instruction. 68 00:04:13,470 --> 00:04:18,850 Voilà, plus tard, nous verrons que, 69 00:04:19,480 --> 00:04:21,610 par exemple, en 2004, avec la loi Perben II, 70 00:04:23,590 --> 00:04:27,850 certaines mesures vis-à-vis desquelles les pouvoirs publics étaient réticents 71 00:04:28,450 --> 00:04:30,940 ont été réservées à l'instruction préparatoire, je pense aux mesures 72 00:04:31,140 --> 00:04:32,650 de sonorisation et fixation d'images. 73 00:04:32,850 --> 00:04:35,950 L'évolution, aujourd'hui, c'est une parenthèse que j'ouvre, 74 00:04:36,150 --> 00:04:37,270 mais encore une fois, elle est importante, 75 00:04:37,840 --> 00:04:40,840 l'évolution aujourd'hui consiste pour le législateur lorsqu'il prévoit 76 00:04:41,040 --> 00:04:43,870 un nouvel acte d'enquête, à le prévoir directement en enquête. 77 00:04:44,070 --> 00:04:49,870 Il ne s'embarrasse plus de cette première réserve ou de ce premier 78 00:04:50,680 --> 00:04:55,000 réflexe qui consiste à réserver l'acte d'investigation à l'instruction 79 00:04:55,200 --> 00:04:59,590 préparatoire et la prévoit directement en enquête de police sous le contrôle, 80 00:04:59,790 --> 00:05:01,120 vous l'avez compris, du JLD. 81 00:05:02,050 --> 00:05:04,240 Alors je reviens à mon propos, précisément, vous allez comprendre. 82 00:05:04,690 --> 00:05:07,480 Donc à l'origine, c'était réservé à l'instruction sauf que, 83 00:05:07,680 --> 00:05:10,900 à titre dérogatoire et au nom d'un impératif de protection de l'ordre 84 00:05:11,100 --> 00:05:14,860 public et de recherche de la vérité, ces écoutes peuvent également être 85 00:05:15,060 --> 00:05:19,240 mises en œuvre dans le cadre de l'enquête alors de flagrance, 86 00:05:19,440 --> 00:05:24,880 depuis la loi du 9 mars 2004, attention, l'enquête de flagrance 87 00:05:25,080 --> 00:05:26,770 visant la recherche d'une personne en fuite, d'accord ? 88 00:05:27,670 --> 00:05:31,090 Donc nous ne sommes pas forcément ici dans le cadre de la délinquance 89 00:05:31,600 --> 00:05:33,040 et criminalité organisée, mais je mentionne quand même cette 90 00:05:33,240 --> 00:05:35,830 hypothèse, je vise ici l'article 74-2. 91 00:05:38,110 --> 00:05:41,020 Donc elles peuvent être réalisées par les OPJ à la requête du procureur, 92 00:05:41,220 --> 00:05:44,860 ici, pour une durée de deux mois renouvelables. 93 00:05:45,220 --> 00:05:49,300 Alors attention, ça suppose que l'enquête vise à rechercher une 94 00:05:49,500 --> 00:05:53,050 personne en fuite qui a fait l'objet d'un mandat d'arrêt d'une juridiction 95 00:05:53,250 --> 00:05:56,320 ou qui a été condamnée à une peine d'emprisonnement ferme d'au moins 96 00:05:56,520 --> 00:05:58,360 un an d'emprisonnement donc autrement dit, vous voyez, ça ne vaut pas 97 00:05:58,560 --> 00:06:01,090 pour toutes les enquêtes de flagrance ordinaire, je vous renvoie à l'article 98 00:06:01,290 --> 00:06:02,050 74-2. 99 00:06:02,590 --> 00:06:06,190 Et puis, deuxième condition, ça suppose l'autorisation du JLD, 100 00:06:06,390 --> 00:06:09,070 qui conserve ici l'autorité et le contrôle du déroulement de 101 00:06:09,270 --> 00:06:12,550 l'opération, et qui, à ce titre, est tenu informé des 102 00:06:12,750 --> 00:06:16,570 opérations accomplies, article 74-2, donc alinéas 2 et 3. 103 00:06:18,610 --> 00:06:21,880 Dans ce cadre-là, les écoutes sont autorisées pour une durée de deux mois, 104 00:06:23,020 --> 00:06:25,480 donc renouvelables par le JLD. 105 00:06:25,720 --> 00:06:28,750 Et le procureur de la République, dans ce cadre, est investi des 106 00:06:28,950 --> 00:06:32,320 mêmes pouvoirs que ceux dont bénéficie le juge d'instruction en instruction. 107 00:06:32,620 --> 00:06:38,350 L'article 74-2 prévoit en effet que le procureur est doté des mêmes 108 00:06:38,550 --> 00:06:40,660 attributions que celles du juge d'instruction prévues aux articles 109 00:06:40,990 --> 00:06:43,510 100-3 à 100-5 du code. 110 00:06:43,710 --> 00:06:46,990 Voilà, donc ça, c'est une première hypothèse. 111 00:06:47,190 --> 00:06:49,810 Mais surtout, et celle qui nous intéresse tout particulièrement, 112 00:06:50,010 --> 00:06:56,830 c'est la possibilité de mettre en œuvre de telles écoutes en enquêtes 113 00:06:59,320 --> 00:07:03,310 de flagrance et préliminaire dès lors que l'infraction relève de 114 00:07:03,510 --> 00:07:05,680 la criminalité et délinquance organisée, d'accord ? 115 00:07:06,490 --> 00:07:10,330 Donc plus encore, le législateur repousse les limites de la coercition 116 00:07:10,530 --> 00:07:15,220 puisque dans le cadre de la lutte contre la criminalité et la délinquance 117 00:07:15,420 --> 00:07:18,850 organisée, il est possible donc depuis 2004, d'avoir recours aux 118 00:07:19,050 --> 00:07:21,660 écoutes téléphoniques en enquête de flagrance, dirais-je, 119 00:07:21,930 --> 00:07:24,820 ordinaire – alors ordinaire dans le sens où ça ne vise pas forcément 120 00:07:25,360 --> 00:07:26,710 une personne en fuite. 121 00:07:27,580 --> 00:07:30,060 Mais attention, il faut que l'infraction relève de la délinquance 122 00:07:30,260 --> 00:07:33,250 et de la criminalité organisée, en enquête de flagrance ordinaire 123 00:07:33,700 --> 00:07:38,260 et en enquête préliminaire, là encore donc sous le contrôle du JLD, 124 00:07:38,650 --> 00:07:44,140 article 706-95 qui renvoie aux articles 100-1 et suivants du code 125 00:07:45,100 --> 00:07:47,500 relatif aux écoutes téléphoniques applicable en instruction, 126 00:07:47,700 --> 00:07:51,490 ce qui, là encore, nuit à la lisibilité vraiment de la procédure. 127 00:07:51,690 --> 00:07:55,240 Voilà, donc c'est encore une fois l'intervention, on le voit, 128 00:07:55,440 --> 00:08:00,520 d'une autorité judiciaire incarnée par le JLD, qui rend possible une 129 00:08:00,720 --> 00:08:01,990 telle évolution. 130 00:08:02,190 --> 00:08:06,150 Alors, que l'on soit en enquête de flagrance ou préliminaire, 131 00:08:06,350 --> 00:08:08,440 la durée prévue cette fois est d'un mois renouvelable. 132 00:08:08,800 --> 00:08:13,300 C'est difficilement compréhensible puisque 74-2, j'évoquais un délai 133 00:08:13,500 --> 00:08:14,260 de deux mois. 134 00:08:14,500 --> 00:08:18,610 Le juge doit motiver par écrit sa décision en vérifiant le domaine 135 00:08:18,810 --> 00:08:22,600 de l'infraction et en précisant les raisons ainsi que la durée 136 00:08:22,930 --> 00:08:23,690 de la mesure. 137 00:08:25,450 --> 00:08:33,240 Et par ailleurs, le texte prévoit 138 00:08:33,440 --> 00:08:37,860 certaines interceptions particulières qui se trouvent soumises à des 139 00:08:38,060 --> 00:08:38,940 règles précises. 140 00:08:40,050 --> 00:08:47,640 Le JLD donc doit recueillir l'avis du président du Sénat ou de l'Assemblée 141 00:08:47,840 --> 00:08:52,860 nationale lorsque la ligne visée est celle d'un député ou d'un sénateur. 142 00:08:53,280 --> 00:08:58,380 De même, aucune interception ne peut avoir lieu sur la ligne dépendant 143 00:08:58,580 --> 00:09:01,260 du cabinet d'un magistrat ou de son domicile, sans que le premier 144 00:09:01,560 --> 00:09:05,310 président ou le procureur général de la juridiction où il réside 145 00:09:05,510 --> 00:09:06,690 en soit informé. 146 00:09:07,080 --> 00:09:10,920 Et puis enfin, lorsque l'interception vise la ligne dépendant du cabinet 147 00:09:11,400 --> 00:09:15,600 d'un avocat ou de son domicile, le bâtonnier doit en être informé. 148 00:09:16,290 --> 00:09:23,220 Je renvoie ici à l'article 706-95 qui lui-même renvoie à l'article 149 00:09:23,420 --> 00:09:27,540 100-7 qui liste ainsi les professionnels protégés. 150 00:09:27,740 --> 00:09:33,210 Alors attention, le secret 151 00:09:33,780 --> 00:09:37,860 professionnel de l'avocat a été, je l'ai dit, renforcé par la loi 152 00:09:38,060 --> 00:09:41,580 confiance donc du 22 décembre 2021. 153 00:09:41,780 --> 00:09:46,470 Désormais, donc, l'article 100 du Code de procédure pénale prévoit 154 00:09:46,670 --> 00:09:50,370 qu'aucune interception ne peut porter sur une ligne dépendant 155 00:09:50,570 --> 00:09:52,470 du cabinet d'un avocat ou de son domicile. 156 00:09:52,830 --> 00:09:55,500 Elle reste toutefois possible, s'il existe des raisons plausibles 157 00:09:56,010 --> 00:09:58,800 de le soupçonner d'avoir commis ou tenté de commettre, 158 00:09:59,100 --> 00:10:02,430 en tant qu'auteur ou complice, l'infraction qui fait l'objet de 159 00:10:02,630 --> 00:10:05,100 la procédure ou une infraction connexe. 160 00:10:05,820 --> 00:10:10,620 Et cette mesure doit être autorisée par ordonnance motivée du JLD, 161 00:10:10,820 --> 00:10:14,290 qui est ainsi saisi. 162 00:10:14,490 --> 00:10:18,870 Et cette mesure doit être proportionnée au regard de la nature et de la 163 00:10:19,070 --> 00:10:20,310 gravité des faits. 164 00:10:20,510 --> 00:10:23,370 Voilà, donc vous voyez, on retrouve la même solution qui 165 00:10:24,030 --> 00:10:26,520 consiste, comme pour les réquisitions et pour les perquisitions, 166 00:10:26,720 --> 00:10:30,420 à solliciter désormais le JLD pour un contrôle a priori. 167 00:10:30,720 --> 00:10:34,140 Et le législateur a également étendu aux dispositions relatives aux 168 00:10:34,340 --> 00:10:37,740 écoutes téléphoniques les exceptions que l'on a vues, applicables en 169 00:10:37,940 --> 00:10:41,190 matière de perquisitions, qui sont prévues à l'article 56-1-2 170 00:10:42,780 --> 00:10:44,010 du Code de procédure pénale. 171 00:10:44,210 --> 00:10:45,260 Je vous renvoie à ce qu'on avait vu. 172 00:10:45,460 --> 00:10:49,350 Donc ça signifie qu'en matière de fraude fiscale, de corruption, 173 00:10:49,550 --> 00:10:52,140 de trafic d'influence nationale et internationale et de financement 174 00:10:52,340 --> 00:10:55,500 de terrorisme et de blanchiment de ces délits, la transcription 175 00:10:55,700 --> 00:10:59,040 des correspondances avec un avocat, réalisée donc dans le cadre de 176 00:10:59,240 --> 00:11:02,730 son activité de conseil est possible si ces correspondances établissent 177 00:11:02,930 --> 00:11:06,360 la preuve de leur utilisation aux fins de commettre ou de faciliter 178 00:11:06,870 --> 00:11:09,930 la commission des infractions en question. 179 00:11:10,130 --> 00:11:16,470 Voilà, alors je termine sur ce point en formulant quand même une 180 00:11:16,670 --> 00:11:20,730 remarque par rapport au contrôle du JLD en matière d'écoutes 181 00:11:20,930 --> 00:11:25,110 téléphoniques, parce que ça ouvre des pistes de réflexion par ailleurs, 182 00:11:25,680 --> 00:11:28,050 lorsqu'il s'agit de s'interroger sur la façon dont on peut renforcer 183 00:11:28,250 --> 00:11:31,590 effectivement ce contrôle, le juge du siège donc conserve 184 00:11:31,790 --> 00:11:42,570 en principe le contrôle de l'opération mais en réalité, toute l'installation 185 00:11:42,770 --> 00:11:47,550 et l'exécution se réalisent sous le contrôle du procureur de la 186 00:11:47,750 --> 00:11:48,510 République. 187 00:11:48,870 --> 00:11:52,590 Par exemple, c'est le procureur qui rédige le PV et qui est chargé 188 00:11:52,790 --> 00:11:54,810 de la transcription du PV ici. 189 00:11:55,800 --> 00:12:01,410 C'est également lui qui est chargé 190 00:12:01,610 --> 00:12:04,260 de détruire les bandes magnétiques à l'expiration du délai de prescription 191 00:12:04,460 --> 00:12:05,220 de l'action publique. 192 00:12:05,460 --> 00:12:08,580 Donc si vous voulez, c'est l'idée que le JLD ne délivre 193 00:12:08,910 --> 00:12:10,740 qu'une autorisation suspendue. 194 00:12:11,700 --> 00:12:15,150 Et ce contrôle est d'autant plus réduit que la jurisprudence en 195 00:12:15,350 --> 00:12:16,960 limite aussi de son côté la portée. 196 00:12:17,160 --> 00:12:18,090 Je vous donne quelques exemples. 197 00:12:18,290 --> 00:12:22,630 Certes, le JLD doit être informé de l'opération, mais la Cour n'exige 198 00:12:24,210 --> 00:12:26,100 pas une information immédiate. 199 00:12:26,300 --> 00:12:31,620 Elle n'exige qu'une information à l'issue des opérations. 200 00:12:32,130 --> 00:12:37,410 C'est un arrêt, notamment du 23 mai 2006, bulletin numéro 139. 201 00:12:38,040 --> 00:12:41,280 De même, elle a pu affirmer que cette information porte sur les 202 00:12:41,480 --> 00:12:44,880 diligences effectuées et non sur le contenu des opérations et non 203 00:12:45,080 --> 00:12:48,900 sur le contenu des écoutes, chambre criminelle, 26 mars 2008, 204 00:12:49,170 --> 00:12:50,910 bulletin numéro 74. 205 00:12:52,260 --> 00:12:58,020 Et plus encore, dans l'arrêt de 2006, donc du 23 mai 2006 et dans un 206 00:12:58,220 --> 00:13:01,740 autre arrêt du 27 juin 2007, bulletin numéro 172, 207 00:13:02,130 --> 00:13:04,860 la Cour a précisé que l'absence d'informations n'entraîne pas 208 00:13:05,060 --> 00:13:06,630 nécessairement la nullité de la mesure. 209 00:13:07,110 --> 00:13:10,800 Elle qualifie ainsi de nullité d'intérêt privé l'absence d'information 210 00:13:11,000 --> 00:13:15,540 du JLD, ce qui suppose donc que celui qui conteste la validité 211 00:13:15,740 --> 00:13:18,660 de la mesure, apporte la preuve d'un grief. 212 00:13:19,120 --> 00:13:22,500 Donc c'est dire comme le contrôle apparaît en définitive limité puisque 213 00:13:22,700 --> 00:13:25,110 finalement, c'est un contrôle assez ponctuel. 214 00:13:25,710 --> 00:13:27,480 Il n'y a pas de contrôle a posteriori. 215 00:13:27,780 --> 00:13:30,900 Le juge ne peut pas contrôler le bon déroulement de la mesure, 216 00:13:31,100 --> 00:13:33,150 ne peut pas révoquer, ne peut pas la suspendre. 217 00:13:33,930 --> 00:13:37,050 Et puis, par ailleurs, son contrôle est assez faible puisque 218 00:13:37,740 --> 00:13:41,640 même en l'absence d'informations, la Cour vient nous dire que la 219 00:13:41,840 --> 00:13:44,970 mesure n'est pas forcément nulle puisqu'il va falloir prouver un grief. 220 00:13:45,170 --> 00:13:49,590 Donc c'est extrêmement limité et vous allez voir que cela contraste 221 00:13:49,790 --> 00:13:52,320 par exemple avec les techniques spéciales d'enquête qui ont été 222 00:13:52,520 --> 00:13:55,710 introduites plus tardivement en France et pour lesquelles le 223 00:13:55,910 --> 00:13:57,180 législateur a renforcé le dispositif. 224 00:13:57,380 --> 00:14:02,430 Or, si demain on doit réécrire le code, précisément, on peut s'interroger 225 00:14:02,630 --> 00:14:06,810 sur la possibilité peut-être justement de renforcer ce contrôle du JLD 226 00:14:07,010 --> 00:14:10,680 en prévoyant cette possibilité éventuellement de détruire les 227 00:14:10,880 --> 00:14:13,770 bandes magnétiques, de détruire les PV si les opérations n'ont 228 00:14:13,970 --> 00:14:16,740 pas été réalisées conformément à ces prescriptions, etc. 229 00:14:17,670 --> 00:14:25,320 Et puis quand je souligne que la Cour de cassation affirme que 230 00:14:25,520 --> 00:14:28,140 l'information porte sur les diligences effectuées et non sur le contenu 231 00:14:28,340 --> 00:14:32,520 des opérations, ça résume aussi la difficulté de la fonction du 232 00:14:32,720 --> 00:14:36,750 JLD qui est un juge externe qui contrôle la légalité des 233 00:14:36,950 --> 00:14:38,400 investigations, qui n'est pas enquêteur. 234 00:14:39,210 --> 00:14:42,120 Il n'est pas investigueur, il est juge de la légalité des 235 00:14:42,320 --> 00:14:43,470 investigations, ce qui est différent. 236 00:14:43,710 --> 00:14:47,670 Il y a enquêter, et il y a contrôler l'enquête et lui est chargé du 237 00:14:47,870 --> 00:14:50,040 contrôle justement de ces actes d'investigation. 238 00:14:50,340 --> 00:14:55,990 Et donc doit-il avoir connaissance du contenu des opérations, 239 00:14:56,190 --> 00:14:59,850 ou son contrôle porte-t-il sur juste la nécessité des diligences 240 00:15:00,050 --> 00:15:00,810 matérielles ? 241 00:15:01,010 --> 00:15:03,900 C'est toute la difficulté, c'est toute la difficulté de ce 242 00:15:04,100 --> 00:15:04,860 contrôle. 243 00:15:05,060 --> 00:15:09,240 Et je reprendrai ici une expression, une phrase, un extrait de la 244 00:15:09,440 --> 00:15:14,370 professeure Giudicelli-Delage qui évoquait cela sur un tout autre sujet, 245 00:15:14,570 --> 00:15:17,970 mais que je trouve intéressante transposée ici, c'est toute la 246 00:15:18,170 --> 00:15:25,050 difficulté de prévoir un contrôle suffisamment loin pour ne pas être 247 00:15:25,250 --> 00:15:28,170 aveuglé et suffisamment près pour ne pas être aveugle. 248 00:15:28,370 --> 00:15:33,630 Voilà c'est la difficulté du JLD, donc à la fois d'être extérieur 249 00:15:34,140 --> 00:15:38,130 à l'enquête et de ne pas trop l'être pour ne pas devenir enquêteur à 250 00:15:38,330 --> 00:15:43,890 son tour et de ne pas s'immiscer dans le fond du dossier. 251 00:15:44,820 --> 00:15:47,150 Voilà alors attention, j'en termine sur ce point, 252 00:15:47,350 --> 00:15:50,160 quand bien même on ne se trouverait pas, attention, dans le domaine 253 00:15:50,360 --> 00:15:53,730 de la criminalité et délinquance organisée, l'enquêteur peut toujours 254 00:15:53,930 --> 00:15:56,790 utiliser un procédé technique, non pas pour écouter des conversations 255 00:15:56,990 --> 00:16:00,450 téléphoniques, mais pour identifier les auteurs d'appels téléphoniques. 256 00:16:01,970 --> 00:16:07,170 Et puis enfin, je mentionne, 2, les interceptions de correspondances 257 00:16:10,320 --> 00:16:16,980 numériques avec donc une évolution 258 00:16:17,180 --> 00:16:18,960 qui résulte de la loi du 3 juin 2016. 259 00:16:19,160 --> 00:16:22,080 Depuis, en effet, les enquêteurs peuvent étendre les interceptions 260 00:16:22,280 --> 00:16:24,060 aux correspondances numériques et non plus seulement aux 261 00:16:24,260 --> 00:16:25,020 télécommunications. 262 00:16:25,350 --> 00:16:27,900 Donc les enquêteurs peuvent être autorisés à accéder à distance 263 00:16:28,100 --> 00:16:30,690 et à l'insu de la personne aux correspondances stockées par la 264 00:16:30,890 --> 00:16:34,170 voie des communications accessibles au moyen d'un identifiant informatique 265 00:16:34,370 --> 00:16:39,660 dont concrètement les mails, article 706-95-1, notamment les mails, 266 00:16:40,680 --> 00:16:44,630 cette interception est possible pour la recherche des infractions 267 00:16:44,830 --> 00:16:47,250 donc de criminalité et délinquance organisée mais attention, 268 00:16:48,210 --> 00:16:52,410 aussi depuis la loi du 23 mars 2019 pour la recherche des crimes 269 00:16:52,920 --> 00:16:58,560 de droit commun donc ce qui me permet de dire, et pour conclure 270 00:16:58,760 --> 00:17:01,820 ce point quand même, qu'on voit encore une fois la porosité, 271 00:17:02,020 --> 00:17:04,920 et on voit même la difficulté, moi, dans la présentation et comme 272 00:17:05,120 --> 00:17:06,810 beaucoup de collègues, dans la présentation, 273 00:17:07,010 --> 00:17:11,080 dans l'ordonnancement du plan même de cours, on essaie de distinguer 274 00:17:11,280 --> 00:17:14,080 des actes communs à toutes enquêtes et puis vraiment les actes qui 275 00:17:14,280 --> 00:17:18,130 sont réservés à la criminalité et délinquance organisée mais même ça, 276 00:17:18,330 --> 00:17:21,790 on le voit, là, quelques rares exceptions, des actes qui étaient 277 00:17:21,990 --> 00:17:28,390 réservés et qui commencent aussi à gagner, à être autorisés pour 278 00:17:28,590 --> 00:17:32,650 des infractions ne relevant pas de cette criminalité organisée. 279 00:17:32,850 --> 00:17:37,960 Voilà, alors j'en ai terminé donc 280 00:17:38,160 --> 00:17:38,920 pour ce point. 281 00:17:39,120 --> 00:17:41,860 Nous verrons la prochaine fois les autres techniques spéciales 282 00:17:42,060 --> 00:17:45,520 d'enquête, ce qu'on a appelé donc les nouvelles techniques spéciales 283 00:17:46,210 --> 00:17:48,100 d'enquête, ce que nous verrons donc la prochaine fois. 284 00:17:48,610 --> 00:17:49,370 Je vous remercie.