1 00:00:05,140 --> 00:00:08,590 Septième leçon sur les actes juridiques de l’Union européenne. 2 00:00:09,730 --> 00:00:12,070 Comme nous l’avions dit, dans l’Union européenne, 3 00:00:12,850 --> 00:00:18,580 le traité attribue des compétences à l’Union qui correspondent à 4 00:00:19,090 --> 00:00:22,480 l’exercice, par les institutions, de pouvoirs et de pouvoirs 5 00:00:22,680 --> 00:00:23,710 essentiellement normatifs. 6 00:00:23,910 --> 00:00:26,590 Autrement dit, du pouvoir d’adopter des actes juridiques. 7 00:00:27,580 --> 00:00:31,510 Ces actes juridiques adoptés par les institutions et dans une moindre 8 00:00:31,710 --> 00:00:35,350 mesure, les organes et organismes de l’Union, forment le droit dérivé 9 00:00:35,550 --> 00:00:39,220 de l’Union européenne qui doit être édicté dans le respect du traité, 10 00:00:40,540 --> 00:00:44,620 traité qui détermine une base juridique ainsi qu’une procédure à suivre. 11 00:00:45,850 --> 00:00:47,350 Nous avons déjà étudié cela. 12 00:00:47,550 --> 00:00:52,270 Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est plutôt ce que l’on va trouver 13 00:00:52,470 --> 00:00:57,580 dans une section du traité, plus exactement de la sixième partie 14 00:00:57,780 --> 00:01:01,090 chapitre 2, titre 1, intitulée Les actes juridiques 15 00:01:01,290 --> 00:01:05,920 de l’Union européenne et qui comporte l’article 288 selon lequel, 16 00:01:06,120 --> 00:01:08,770 pour exercer les compétences de l’Union, les institutions adoptent 17 00:01:08,970 --> 00:01:12,940 des règlements, des directives, des décisions, des recommandations 18 00:01:13,140 --> 00:01:14,050 et des avis. 19 00:01:15,130 --> 00:01:18,250 Est donc reprise ici, par le traité de Lisbonne, 20 00:01:18,450 --> 00:01:22,120 la nomenclature des actes juridiques de l’Union européenne telle qu’elle 21 00:01:22,480 --> 00:01:24,340 existe depuis le traité de Rome. 22 00:01:24,880 --> 00:01:28,180 À cet égard, la proposition du projet de traité établissant une 23 00:01:28,380 --> 00:01:32,380 Constitution pour l’Europe de consacrer l’existence de lois, 24 00:01:32,580 --> 00:01:36,310 de lois-cadres ou de règlements, n’a pas été reprise. 25 00:01:36,510 --> 00:01:42,970 On en est resté à cette nomenclature qui demeure pertinente et qui nous 26 00:01:43,170 --> 00:01:48,130 contraint à envisager la typologie des actes juridiques de l’Union 27 00:01:49,570 --> 00:01:52,720 avant d’étudier les régimes de ses actes. 28 00:01:52,920 --> 00:01:57,670 Mais voyons d’abord chapitre 1, la typologie des actes. 29 00:01:58,420 --> 00:02:02,710 Puisque l’article 288 nous dit que les institutions adoptent des 30 00:02:02,910 --> 00:02:07,720 règlements, des directives, des décisions, des recommandations 31 00:02:07,920 --> 00:02:12,400 et des avis, puisque d’autres dispositions du traité peuvent, 32 00:02:12,600 --> 00:02:16,900 le cas échéant, prévoir certains actes pour des institutions 33 00:02:17,100 --> 00:02:21,850 particulières, on pense à l’article 132 du traité TFEU qui prévoit 34 00:02:22,050 --> 00:02:25,360 une nomenclature spécifique pour la BCE, mais sur laquelle on ne reviendra pas, 35 00:02:26,200 --> 00:02:31,060 la question qui se pose est de savoir ce qui distingue ces différents 36 00:02:31,260 --> 00:02:34,120 actes entre eux, d’autant que la jurisprudence, depuis un arrêt 37 00:02:34,320 --> 00:02:37,680 Confédération nationale des producteurs de fruits et légumes affaire 1662 38 00:02:37,880 --> 00:02:42,880 de 1962, nous dit clairement que la nature d’un acte ne dépend pas 39 00:02:43,080 --> 00:02:46,600 de cette dénomination officielle, mais de son objet et de son contenu. 40 00:02:46,800 --> 00:02:50,290 Donc, on va regarder, au-delà des dénominations, 41 00:02:50,490 --> 00:02:54,430 quels sont en réalité les effets produits par l’acte, 42 00:02:55,240 --> 00:02:59,050 ce qui nous conduit dès lors à distinguer, selon que l’acte fait 43 00:02:59,250 --> 00:03:03,400 partie de la nomenclature ou selon qu’il est en dehors de la nomenclature. 44 00:03:04,030 --> 00:03:06,760 Paragraphe 1 : les actes de la nomenclature. 45 00:03:06,960 --> 00:03:13,810 L’article 288 distingue, en effet, quatre grands types d’actes 46 00:03:16,950 --> 00:03:18,550 selon les effets qu’ils produisent. 47 00:03:18,750 --> 00:03:20,040 Il y a d’abord le règlement. 48 00:03:20,400 --> 00:03:24,870 Le règlement, article 288, alinéa 2 a une portée générale. 49 00:03:25,110 --> 00:03:27,930 Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est directement 50 00:03:28,130 --> 00:03:29,280 applicable dans tout État membre. 51 00:03:29,480 --> 00:03:34,200 Voilà les trois caractéristiques du règlement dont la vocation naturelle 52 00:03:34,400 --> 00:03:40,790 est de régir, des situations générales et impersonnelles, de par sa portée 53 00:03:40,990 --> 00:03:41,750 générale. 54 00:03:42,200 --> 00:03:48,560 Il présente aussi l’intérêt d’avoir un caractère normativement accompli, 55 00:03:48,760 --> 00:03:51,500 parfait en quelque sorte, puisqu’il est obligatoire dans 56 00:03:51,700 --> 00:03:55,730 tous ces éléments et de surcroît, il s’applique directement dans 57 00:03:55,930 --> 00:03:57,140 l’ordre juridique national. 58 00:03:58,340 --> 00:04:04,580 On a donc ici les traits caractéristiques du règlement qui est, 59 00:04:05,000 --> 00:04:11,660 par essence, l’acte qui permet ici l’uniformisation du droit dans 60 00:04:11,860 --> 00:04:15,440 l’ensemble des États membres, ce qui fait toute la force du 61 00:04:15,640 --> 00:04:16,400 règlement. 62 00:04:16,600 --> 00:04:19,880 J’insisterai, à cet égard, tout particulièrement sur cette 63 00:04:20,080 --> 00:04:22,670 caractéristique directement applicable dans tout État membre, 64 00:04:23,720 --> 00:04:26,450 ce qui signifie bien, la Cour de justice a dû le rappeler 65 00:04:26,650 --> 00:04:29,600 dans les années 70 dans les jurisprudences concernant l’Italie 66 00:04:29,800 --> 00:04:34,370 par exemple, Commission contre Italie, 39/72, ou affaire Variola, 67 00:04:34,640 --> 00:04:41,990 34/73, que le règlement produit par lui-même, un effet dans l’ordre 68 00:04:42,190 --> 00:04:45,950 juridique national, sans avoir à faire l’objet d’une réception 69 00:04:46,150 --> 00:04:47,930 par une mesure interne. 70 00:04:48,890 --> 00:04:53,120 Autrement dit, c’est bien ça l’application directe du règlement. 71 00:04:53,320 --> 00:04:57,200 C’est le fait que, par lui-même, il produit des effets dans l’ensemble 72 00:04:57,400 --> 00:04:58,160 de l’Union européenne. 73 00:04:59,840 --> 00:05:02,900 Ce qui n’empêche pas, on aura l’occasion de le voir, 74 00:05:03,380 --> 00:05:07,210 que le règlement puisse appeler des mesures de mise en œuvre. 75 00:05:07,410 --> 00:05:08,170 C’est assez logique. 76 00:05:09,020 --> 00:05:12,980 Mesures de mise en œuvre qui peuvent être soit le fait de l’Union européenne 77 00:05:13,180 --> 00:05:16,760 avec des actes d’exécution, par exemple, ou des actes délégués 78 00:05:16,960 --> 00:05:20,990 d’un règlement ou des mesures nationales qui visent à mettre 79 00:05:21,190 --> 00:05:23,300 en œuvre le règlement. 80 00:05:23,990 --> 00:05:28,190 Cela ne remet pas en cause cette caractéristique qui est de produire 81 00:05:28,390 --> 00:05:32,480 des effets juridiques par lui-même dans l’ensemble des États membres. 82 00:05:33,980 --> 00:05:39,260 Il faut bien ici faire attention à cette question, qui peut être 83 00:05:40,100 --> 00:05:45,290 parfois mal comprise, de l’applicabilité directe des 84 00:05:45,490 --> 00:05:51,920 règles parce qu’il est arrivé que la Cour de justice nous dise que 85 00:05:52,120 --> 00:05:55,640 certaines dispositions du règlement appellent des mesures d’application, 86 00:05:56,420 --> 00:06:00,890 comme dans l’affaire Monte Arcosu, affaire C-403/98, par exemple, 87 00:06:01,310 --> 00:06:03,410 ou plus récemment dans une affaire belge, C-42/10, VZW. 88 00:06:08,240 --> 00:06:11,330 Dans les deux affaires, le règlement appelait, 89 00:06:11,530 --> 00:06:16,850 pour certaines de ces dispositions, un complément qui était composé 90 00:06:17,050 --> 00:06:18,980 de mesures d’exécution. 91 00:06:20,300 --> 00:06:24,770 Cela différencie le règlement de la directive, "directive qui intrigue, 92 00:06:24,970 --> 00:06:30,530 dérange, divise", disait le professeur Kovar, et il ajoutait : 93 00:06:30,950 --> 00:06:32,860 "Sa singularité en est la cause". 94 00:06:33,060 --> 00:06:37,790 La célèbre formule revient à dire que la directive est un acte juridique 95 00:06:38,240 --> 00:06:41,270 qui révèle les spécificités de l’Union européenne. 96 00:06:41,470 --> 00:06:42,230 Pour quelles raisons ? 97 00:06:43,010 --> 00:06:45,890 Si on lit l’article 288, alinéa 3, cette fois, 98 00:06:46,090 --> 00:06:48,740 la directive, c’est l’acte qui lie tout État membre, 99 00:06:49,430 --> 00:06:52,250 destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant, 100 00:06:52,450 --> 00:06:56,300 aux instances nationales, la compétence quant à la forme 101 00:06:57,080 --> 00:06:57,840 et aux moyens. 102 00:06:58,670 --> 00:07:02,750 La formule est importante parce qu’elle montre ici toute la 103 00:07:02,950 --> 00:07:05,630 caractéristique d’un système d’intégration dans lequel les États 104 00:07:05,830 --> 00:07:10,310 membres continuent à jouer normativement un rôle puisque la 105 00:07:10,510 --> 00:07:12,830 directive leur assigne des objectifs, et c’est ensuite à eux d’atteindre, 106 00:07:14,150 --> 00:07:16,610 par leurs propres moyens, ces obligations. 107 00:07:17,150 --> 00:07:22,430 Autrement dit, la directive, c’est une forme de normativité 108 00:07:22,630 --> 00:07:26,930 à double étage, un premier étage européen, un second étage national, 109 00:07:27,380 --> 00:07:31,760 avec une obligation posée par le traité qui est celle de transposer 110 00:07:32,630 --> 00:07:34,190 et qui pèse sur les États membres. 111 00:07:34,730 --> 00:07:38,600 Autrement dit, l’État membre a l’obligation d’adopter toutes les 112 00:07:38,800 --> 00:07:43,430 mesures qui permettent de mettre en conformité le droit national 113 00:07:43,630 --> 00:07:45,550 avec les objectifs de la directive. 114 00:07:45,750 --> 00:07:49,280 Voilà l’obligation de transposition qui pèse sur tous les États membres. 115 00:07:51,380 --> 00:07:53,780 Plusieurs remarques sur cette obligation de transposition. 116 00:07:54,410 --> 00:07:57,400 La première, c’est qu’elle doit être satisfaite dans un délai qui 117 00:07:57,600 --> 00:07:59,120 est imparti par la directive. 118 00:07:59,930 --> 00:08:03,770 Vous trouvez, dans chaque directive, un délai précisé de transposition 119 00:08:03,970 --> 00:08:05,210 qui peut varier. 120 00:08:05,410 --> 00:08:08,120 En général, ce sont 12, 18, 20 mois. 121 00:08:08,320 --> 00:08:09,080 Ça dépend. 122 00:08:09,590 --> 00:08:12,560 Au sein même d’une directive, certaines dispositions peuvent 123 00:08:13,340 --> 00:08:14,950 faire l’objet d’un délai de transposition différent. 124 00:08:15,150 --> 00:08:19,580 En tout cas, c’est la directive qui le détermine. 125 00:08:20,390 --> 00:08:23,450 L’État membre a un délai dans lequel il doit mettre son droit national 126 00:08:23,650 --> 00:08:24,410 en conformité. 127 00:08:24,610 --> 00:08:28,190 Mettre son droit national en conformité signifie, en règle générale, 128 00:08:28,390 --> 00:08:29,210 une action positive. 129 00:08:29,410 --> 00:08:30,920 C’est adopter une loi de transposition. 130 00:08:31,120 --> 00:08:33,380 C’est adopter des actes réglementaires de transposition. 131 00:08:35,680 --> 00:08:39,460 Ça peut être aussi le constat que le droit national est déjà en 132 00:08:39,660 --> 00:08:40,420 conformité. 133 00:08:40,620 --> 00:08:44,080 Dans ce cas-là, il n’y a pas besoin d’adopter d’acte positif puisque 134 00:08:44,280 --> 00:08:45,730 l’obligation est déjà satisfaite. 135 00:08:46,090 --> 00:08:49,690 Ce qu’exige en revanche la Cour de justice, c’est que la transposition 136 00:08:49,890 --> 00:08:53,590 se fasse par des mesures nationales qui présentent un degré de sécurité 137 00:08:53,790 --> 00:08:57,430 juridique suffisant en répondant à certaines exigences de clarté 138 00:08:57,630 --> 00:09:02,770 et de certitude quant aux situations qui vont être régies par la directive. 139 00:09:02,970 --> 00:09:07,300 C’est une obligation de transposition très importante que doit respecter 140 00:09:07,500 --> 00:09:08,260 l’État. 141 00:09:08,460 --> 00:09:10,900 Si l’État ne respecte pas cette obligation de transposition, 142 00:09:11,100 --> 00:09:12,250 cela a deux conséquences. 143 00:09:12,450 --> 00:09:16,990 D’abord, à l’expiration du délai de transposition, s’il n’a pas 144 00:09:17,190 --> 00:09:20,350 transposé ou il a mal transposé la directive, il méconnaît le droit 145 00:09:20,550 --> 00:09:21,310 de l’Union. 146 00:09:21,510 --> 00:09:25,360 D’ailleurs, dans le traité, l’article 260 paragraphe 3 prévoit, 147 00:09:26,080 --> 00:09:30,100 à cet égard, une procédure spécifique pour sanctionner l’État devant 148 00:09:30,300 --> 00:09:33,370 la Cour de justice, avec le paiement même d’astreinte, voire de sommes 149 00:09:33,570 --> 00:09:37,180 forfaitaires, procédure inaugurée par un arrêt Commission contre 150 00:09:37,380 --> 00:09:40,630 Belgique C-543/17, première chose. 151 00:09:41,140 --> 00:09:45,340 Et seconde chose, le fait de ne pas transposer ou de mal transposer 152 00:09:45,540 --> 00:09:49,390 la directive à l’expiration du délai prévu par celle-ci a une 153 00:09:49,590 --> 00:09:50,350 conséquence. 154 00:09:50,980 --> 00:09:56,050 L’effet direct de dispositions directives peut, sous certaines 155 00:09:56,250 --> 00:09:57,370 conditions, être reconnues. 156 00:09:57,570 --> 00:09:58,810 C’est la conséquence. 157 00:09:59,560 --> 00:10:01,170 Voilà ce qui est très important. 158 00:10:01,370 --> 00:10:05,410 On ajoutera enfin que tout cela est le reflet de l’obligation de 159 00:10:05,610 --> 00:10:09,130 coopération loyale de l’article 4, paragraphe 3, ce qui nous revient 160 00:10:09,330 --> 00:10:13,660 à dire aussi et à préciser qu’au cours du délai de transposition, 161 00:10:14,110 --> 00:10:17,860 entre l’entrée en vigueur de la directive et l’expiration du délai 162 00:10:18,060 --> 00:10:20,980 de transposition, pèse également, en vertu de cette obligation de 163 00:10:21,180 --> 00:10:25,090 coopération loyale, une obligation sur l’État qui est l’obligation 164 00:10:25,840 --> 00:10:29,050 de s’abstenir de toute mesure nationale qui pourrait remettre en cause 165 00:10:30,610 --> 00:10:32,710 les objectifs de la directive. 166 00:10:32,910 --> 00:10:35,620 C’est une jurisprudence Inter-Environnement Wallonie affaire 167 00:10:35,820 --> 00:10:42,850 C-129/96 ou Mangold, C-144/04, obligation d’abstention 168 00:10:43,120 --> 00:10:45,040 pendant le délai de transposition. 169 00:10:45,640 --> 00:10:50,350 Pour le reste, l’État membre est libre quant au choix des formes 170 00:10:50,550 --> 00:10:53,530 et des moyens pour transposer la directive, dans le respect de la 171 00:10:53,730 --> 00:10:54,580 sécurité juridique. 172 00:10:54,780 --> 00:10:57,630 Ici, l’autonomie de l’État joue pleinement. 173 00:10:57,830 --> 00:11:00,250 C’est lui qui choisit, dans son ordonnancement juridique, 174 00:11:00,450 --> 00:11:01,630 les moyens les plus appropriés. 175 00:11:01,830 --> 00:11:05,260 Est-ce que c’est une voie législative, réglementaire ? 176 00:11:05,460 --> 00:11:09,700 Est-ce que c’est la jurisprudence qui va permettre la conformité ? 177 00:11:11,710 --> 00:11:19,840 La seule obligation, in fine, c’est bien celle de transposer 178 00:11:20,040 --> 00:11:24,610 la directive en rendant compatible le droit national avec la directive. 179 00:11:24,810 --> 00:11:27,280 À cela, s’ajoutent deux remarques. 180 00:11:27,970 --> 00:11:31,630 La première, c’est qu’on se rend compte que l’État fait parfois 181 00:11:32,140 --> 00:11:35,050 preuve de zèle, d’un zèle excessif dans cette obligation de transposition, 182 00:11:35,410 --> 00:11:39,490 ce qui le conduit à recopier, dans certains cas, des dispositions 183 00:11:39,690 --> 00:11:45,130 de la directive parfois très précise, donc la marge de manœuvre de l’État 184 00:11:45,330 --> 00:11:48,400 s’avère limitée, ce qui a des conséquences pour la suite. 185 00:11:49,120 --> 00:11:53,110 Et second élément, on se rend compte qu’il y a un phénomène spontané 186 00:11:53,440 --> 00:11:57,220 qu’on dit de surtransposition, que le Conseil d’État a constaté 187 00:11:57,420 --> 00:11:58,600 dans un avis de 2018. 188 00:11:58,800 --> 00:12:03,310 L’État surtranspose, c’est-à-dire qu’il reprend des 189 00:12:03,510 --> 00:12:05,770 solutions de la directive en dehors de son champ d’application, 190 00:12:05,970 --> 00:12:08,710 pour l’étendre à d’autres situations de droit interne ou de droit purement 191 00:12:08,910 --> 00:12:09,670 interne. 192 00:12:10,210 --> 00:12:13,720 Ce phénomène de transposition, de surtransposition n’est pas sans 193 00:12:14,110 --> 00:12:18,730 conséquences sur les interactions entre le juge national et la Cour 194 00:12:18,930 --> 00:12:20,410 de justice, comme on le verra par la suite. 195 00:12:21,100 --> 00:12:22,600 Voilà donc pour la directive. 196 00:12:22,800 --> 00:12:27,580 Enfin, il y a la décision dans les actes obligatoires, article 288, 197 00:12:28,480 --> 00:12:29,320 alinéa 4, TFUE. 198 00:12:30,460 --> 00:12:32,440 La décision est obligatoire dans tous ses éléments. 199 00:12:32,980 --> 00:12:35,920 Elle a soit des destinataires qu’elle désigne. 200 00:12:36,190 --> 00:12:38,110 Dans ce cas, elle n’est obligatoire que pour ceux-ci. 201 00:12:38,310 --> 00:12:41,930 C’est, en règle générale, la forme de la décision. 202 00:12:42,130 --> 00:12:45,370 C’est un acte individuel qui a un destinataire désigné. 203 00:12:46,660 --> 00:12:50,590 Soit alors, c’est aujourd’hui le cas, notamment depuis le traité de Lisbonne 204 00:12:50,790 --> 00:12:53,560 qui le reconnaît expressément, certaines décisions peuvent avoir 205 00:12:53,760 --> 00:12:54,670 une portée générale. 206 00:12:54,870 --> 00:12:59,530 C’est par exemple la décision d’autoriser une coopération renforcée 207 00:12:59,730 --> 00:13:03,880 par le Conseil en vertu de l’article 20, mais ce sont des décisions 208 00:13:04,080 --> 00:13:04,840 plutôt rares. 209 00:13:05,040 --> 00:13:10,480 En règle générale, les décisions sont individuelles, donc lient 210 00:13:11,110 --> 00:13:15,310 le destinataire de l’acte et peuvent produire un certain effet à l’encontre 211 00:13:15,510 --> 00:13:17,380 de tiers, comme on le verra. 212 00:13:17,580 --> 00:13:21,940 Enfin, l’article 288 alinéa 5 souligne l’existence des avis et des 213 00:13:22,140 --> 00:13:22,900 recommandations. 214 00:13:23,350 --> 00:13:26,350 Avis et recommandations présentent la caractéristique commune de ne 215 00:13:26,550 --> 00:13:27,640 pas être contraignants. 216 00:13:27,840 --> 00:13:29,110 Ces actes ne lient pas. 217 00:13:29,310 --> 00:13:34,330 Ils n’en sont pas moins des actes importants en droit de l’Union. 218 00:13:34,530 --> 00:13:37,510 Les avis expriment une opinion, diffusent une information, 219 00:13:37,900 --> 00:13:41,680 alors que les recommandations sont une invitation à adopter un 220 00:13:41,880 --> 00:13:42,640 comportement. 221 00:13:42,840 --> 00:13:44,740 Ce n’est pas contraignant dans les deux cas. 222 00:13:44,940 --> 00:13:50,290 Néanmoins, la Cour de justice n’hésite pas à s’y référer. 223 00:13:52,810 --> 00:13:58,330 En particulier, la Cour de justice a admis, à partir de 2021, 224 00:13:58,900 --> 00:14:02,650 que des recommandations ou des avis pourraient, le cas échéant, 225 00:14:02,850 --> 00:14:06,190 faire l’objet d’un renvoi préjudiciel en appréciation de validité et 226 00:14:06,390 --> 00:14:08,650 à cette occasion, on pourrait donc en apprécier la validité, 227 00:14:08,850 --> 00:14:12,390 comme on le voit dans une affaire FBF, affaire C-911/19. 228 00:14:14,950 --> 00:14:18,550 Il y a donc ici des actes qui présentent un intérêt certain, 229 00:14:18,940 --> 00:14:21,070 même s’ils ne sont pas contraignants.