1 00:00:05,350 --> 00:00:09,911 Section 2 : la distinction de l'action et de la demande en justice.  2 00:00:12,310 --> 00:00:17,288 Nous nous intéressons à présent à un autre morceau de l'article 30, alinéa 1er : 3 00:00:17,688 --> 00:00:21,600 l'action est le droit pour l'auteur d'une prétention. 4 00:00:24,250 --> 00:00:25,866 Le droit pour l'auteur d'une prétention. 5 00:00:26,044 --> 00:00:29,550 Si l'action est un droit pour l'auteur d'une prétention, 6 00:00:29,733 --> 00:00:33,022 c'est que c'est un droit qui appartient à l'auteur d'une prétention,  7 00:00:33,022 --> 00:00:34,888 dont est titulaire l'auteur d'une prétention. 8 00:00:35,066 --> 00:00:37,022 Qui est l'auteur d'une prétention ?  9 00:00:37,422 --> 00:00:40,133 C'est celui qui forme la prétention, c'est le demandeur. 10 00:00:44,266 --> 00:00:47,822 C'est celui qui accomplit l'acte juridique,  11 00:00:48,088 --> 00:00:51,450 qui consiste à présenter la prétention aux juges. 12 00:00:51,710 --> 00:00:53,288 Comment s'appelle cet acte juridique ?  13 00:00:53,288 --> 00:00:55,200 La demande en justice. 14 00:00:55,580 --> 00:01:01,155 La demande en justice, c'est donc l'acte au moyen duquel est exercée l'action. 15 00:01:01,610 --> 00:01:03,180 Il y a donc deux choses différentes. 16 00:01:03,380 --> 00:01:06,933 Il y a l'action ou le droit d'action, qui est un droit virtuel 17 00:01:07,160 --> 00:01:11,911 qui existe chez son titulaire avant même qu'il l'exerce. 18 00:01:12,590 --> 00:01:14,711 Par exemple, si je me fais renverser par une voiture,  19 00:01:14,844 --> 00:01:20,000 immédiatement j'ai un droit d'action,  un droit virtuel d'intenter un procès. 20 00:01:20,990 --> 00:01:24,755 Il ne me sert à rien tant que je ne l'exerce pas, il reste est à l'état virtuel. 21 00:01:25,290 --> 00:01:26,180 Et puis, il y a la demande. 22 00:01:26,222 --> 00:01:28,400 La demande n'est pas un droit, c'est un acte juridique. 23 00:01:28,730 --> 00:01:32,622 L'acte juridique dont l'objet est d'exercer ce droit d'action. 24 00:01:32,990 --> 00:01:38,044 La demande permet donc de concrétiser ce droit d'action virtuel. 25 00:01:38,870 --> 00:01:40,088 C'est grâce à cet acte 26 00:01:40,266 --> 00:01:44,266 que le juge sera effectivement obligé d'examiner la prétention au fond. 27 00:01:45,500 --> 00:01:48,311 Contrairement à la distinction de l'action et du droit substantiel,  28 00:01:48,355 --> 00:01:51,777 qui est je l'ai dit admis par tous les auteurs aujourd'hui,  29 00:01:51,955 --> 00:01:56,222 la distinction de la demande en justice est contestée par certains auteurs. 30 00:01:58,100 --> 00:02:03,275 Mais je ne peux pas entrer dans les détails de cette controverse doctrinale 31 00:02:03,270 --> 00:02:04,200 très intéressante,  32 00:02:04,488 --> 00:02:08,400 mais très doctrinale précisément, très théorique il n'y a pas d'enjeu pratique  33 00:02:08,488 --> 00:02:12,355 et ce serait trop long de tenter d'expliquer en quoi elle consiste. 34 00:02:14,240 --> 00:02:18,888 La demande donc est un acte juridique, plus précisément, c'est un acte de procédure. 35 00:02:19,790 --> 00:02:24,577 En tant que telle, la demande est soumise aux règles du code de procédure civile  36 00:02:25,200 --> 00:02:28,970 qui prescrivent des conditions de validité, qu'on évoquera plus tard. 37 00:02:29,020 --> 00:02:29,955 Mais très rapidement, 38 00:02:29,955 --> 00:02:34,666 je peux simplement dire qu'il y a deux types de conditions de validité d'un acte de procédure :  39 00:02:35,020 --> 00:02:41,111 des conditions de fond qui consistent en ceci que le demandeur doit avoir capacité pour agir 40 00:02:41,330 --> 00:02:47,155 ou que le représentant du demandeur doit avoir un pouvoir de représentation du demandeur. 41 00:02:48,120 --> 00:02:52,666 Et elle consiste, ses conditions de validité également dans des conditions de forme,  42 00:02:53,777 --> 00:02:57,290 qui impliquent que selon la juridiction saisie,  43 00:02:57,420 --> 00:03:00,888 l'acte de procédure devra prendre une certaine forme, une assignation, 44 00:03:00,933 --> 00:03:02,533 une déclaration au greffe, une requête, 45 00:03:03,777 --> 00:03:08,622 (instrumenta) qui devront eux mêmes comporter des mentions obligatoires, des signatures 46 00:03:09,288 --> 00:03:12,355 qui devront être notifiées selon certaines formalités, etc.  47 00:03:12,970 --> 00:03:16,355 Si l'une de ces conditions fait défaut, une condition de validité, 48 00:03:17,022 --> 00:03:19,070 la demande est susceptible d'être annulée. 49 00:03:19,350 --> 00:03:23,022 Et dans ce cas-là, la demande sera rejetée parce qu'elle aura été annulée. 50 00:03:25,430 --> 00:03:30,622 Pour en arriver là, le défendeur devra contester la validité de la demande. 51 00:03:31,080 --> 00:03:34,888 Il le fera en soulevant un autre moyen de défense encore 52 00:03:35,333 --> 00:03:38,755 que l'on appelle une exception de nullité d'un acte de procédure,  53 00:03:38,888 --> 00:03:40,844 soit pour vice de forme, soit pour vice de fond. 54 00:03:41,780 --> 00:03:46,820 L'exception de nullité d'un acte de procédure appartient à la catégorie 55 00:03:46,888 --> 00:03:49,244 plus générale des exceptions de procédure. 56 00:03:49,690 --> 00:03:54,444 Et on a ainsi évoqué la troisième catégorie de moyens de défense :  57 00:03:54,650 --> 00:03:55,860 les exceptions de procédure. 58 00:03:56,044 --> 00:03:59,733 On a les fins de non-recevoir, les défenses  au fond, les exceptions de procédure. 59 00:04:00,000 --> 00:04:02,133 Les exceptions de procédure,  on l'étudiera plus tard. 60 00:04:02,240 --> 00:04:03,911 C'est une catégorie fourre-tout,  61 00:04:04,044 --> 00:04:12,400 c'est-à-dire qu'elle comprend plusieurs types de moyens de contester au sens très large 62 00:04:12,520 --> 00:04:14,844 la régularité de la procédure, au sens très large. 63 00:04:15,220 --> 00:04:19,822 C'est-à-dire que j'inclus non seulement la régularité, la validité des actes de procédure, 64 00:04:20,000 --> 00:04:22,711 mais également la compétence du juge. 65 00:04:23,010 --> 00:04:27,600 On verra que l'exception d'incompétence est une autre exception de procédure. 66 00:04:28,790 --> 00:04:31,688 Pour récapituler les sections 1 et 2 :  67 00:04:32,177 --> 00:04:37,333 si le demandeur est bien titulaire d'un droit d'action, la demande est recevable. 68 00:04:38,120 --> 00:04:42,755 Si le demandeur peut démontrer l'existence du droit substantiel qu'il invoque,  69 00:04:43,333 --> 00:04:44,888 sa demande est bien fondée. 70 00:04:45,320 --> 00:04:52,222 Si le demandeur a respecté les conditions de régularité de la procédure au sens très large, 71 00:04:52,666 --> 00:04:56,933 le juge saisi sera compétent,  sa demande sera valable, etc. 72 00:04:57,510 --> 00:05:01,955 Cette trilogie trouve son pendant dans les trois types de moyens de défense 73 00:05:02,577 --> 00:05:03,980 à la disposition du défendeur : 74 00:05:04,044 --> 00:05:07,866 la fin de non-recevoir, la défense au fond, les exceptions de procédure. 75 00:05:08,780 --> 00:05:10,844 Mais attention, une précision :  76 00:05:13,150 --> 00:05:20,044 il ne faudrait pas penser que le demandeur doit démontrer qu'il a bien saisi le juge compétent 77 00:05:20,088 --> 00:05:23,060 en respectant les conditions de validité des actes de procédure, 78 00:05:23,200 --> 00:05:27,410 qu'il a intérêt et qualité pour agir donc il est titulaire d'un droit d'action, 79 00:05:27,710 --> 00:05:31,700 et qu'il est titulaire du droit substantiel qu'il invoque. 80 00:05:32,030 --> 00:05:35,688 En réalité, c'est seulement la dernière chose qu'il doit démontrer,  81 00:05:37,060 --> 00:05:41,111 tout ce qui est procédural, la régularité de la procédure au sens large, 82 00:05:41,510 --> 00:05:44,350 et la titularité du droit à l'action, sont présumées 83 00:05:44,550 --> 00:05:51,460 et n'occasionneront un débat comme si le défendeur conteste l'une de ces conditions,  84 00:05:51,820 --> 00:05:57,466 ou si le juge relève d'office un problème de cet ordre dans les cas où il a le droit,  85 00:05:57,555 --> 00:06:01,020 le pouvoir de les relever d'office,  ce qui n'est pas toujours le cas. 86 00:06:01,550 --> 00:06:07,244 La plupart du temps, dans les affaires, le débat se situera exclusivement sur le fond du droit. 87 00:06:07,733 --> 00:06:09,860 Ce sera simplement un problème de droit substantiel. 88 00:06:11,644 --> 00:06:14,480 A présent qu'on a distingué l'action des notions voisines, 89 00:06:14,680 --> 00:06:16,400 on a une idée de ce qu'elle n'est pas. 90 00:06:16,730 --> 00:06:18,577 Essayons de préciser ce qu'elle est. 91 00:06:18,920 --> 00:06:21,155 Chapitre 2 : ce qu'elle est. 92 00:06:23,210 --> 00:06:26,800 On l'a vu, c'est le droit d'obtenir un jugement sur le fond 93 00:06:27,644 --> 00:06:32,355 afin que le juge dise si la prétention est bien ou mal fondée. 94 00:06:33,050 --> 00:06:37,022 On va tenter à présent de préciser la nature du droit d'action, 95 00:06:37,970 --> 00:06:41,644 les titulaires du droit d'action et les caractères du droit d'action. 96 00:06:42,044 --> 00:06:45,822 Section 1 : La nature de l'action. 97 00:06:46,940 --> 00:06:51,555 Pour Henri Motulsky, le rédacteur du Code de procédure civile 98 00:06:51,555 --> 00:06:54,711 qui a inspiré directement la définition de l'article 30,  99 00:06:54,888 --> 00:06:57,288 le droit à l'action était un droit subjectif. 100 00:06:59,155 --> 00:07:02,266 Plus particulièrement, c'était un droit subjectif de nature personnelle,  101 00:07:02,266 --> 00:07:08,622 c'est-à-dire qu'un lien juridique s'établissait entre le juge et les parties. 102 00:07:09,020 --> 00:07:10,977 Ce lien était un lien d'obligation. 103 00:07:11,630 --> 00:07:14,844 Dès qu'une partie était titulaire du droit d'action,  104 00:07:15,155 --> 00:07:18,950 elle avait un droit à obliger le juge à statuer au fond. 105 00:07:19,288 --> 00:07:25,511 En quelque sorte, selon lui la partie est créancière, le juge est débiteur. 106 00:07:26,300 --> 00:07:30,933 Cette analyse n'est pas partagée par beaucoup d'auteurs aujourd'hui, 107 00:07:32,180 --> 00:07:35,200 parce que même si tous sont d'accord pour estimer 108 00:07:35,244 --> 00:07:37,688 que le juge a l'obligation de statuer au fond,  109 00:07:37,770 --> 00:07:43,022 en revanche tous ne sont pas d'accord pour considérer qu'il est le débiteur de la partie. 110 00:07:43,350 --> 00:07:47,775 On peut à la rigueur estimer que l'arbitre 111 00:07:47,950 --> 00:07:52,050 est débiteur vis-à-vis des parties parce qu'elles lui ont confié dans un contrat 112 00:07:52,150 --> 00:07:55,370 la mission de statuer au fond sur leurs prétentions. 113 00:07:55,640 --> 00:07:59,750 En revanche, le juge s'il est obligé de statuer au fond, c'est parce que c'est sa fonction,  114 00:07:59,825 --> 00:08:04,100 ça n'a pas de dette particulièrement envers ce demandeur-là. 115 00:08:07,822 --> 00:08:10,266 Les auteurs proposent d'autres qualifications. 116 00:08:10,970 --> 00:08:13,580 Un grand nombre considèrent qu'il s'agit bien d'un droit subjectif,  117 00:08:14,000 --> 00:08:17,511 mais qui n'est pas assimilable à un droit personnel. 118 00:08:19,850 --> 00:08:23,200 D'autres auteurs estiment qu'il ne s'agit pas d'un droit subjectif. 119 00:08:23,400 --> 00:08:26,060 Je cite en vrac, sans entrer dans le détail de ces conceptions. 120 00:08:26,480 --> 00:08:29,000 Pour certains, c'est une prérogative générale. 121 00:08:29,270 --> 00:08:32,533 Pour d'autres, c'est un lien virtuel entre deux personnes. 122 00:08:33,170 --> 00:08:37,040 Pour d'autres, c'est une possibilité ou encore un concept sui generis. 123 00:08:37,760 --> 00:08:43,066 Et puis, il y en a certains qui considèrent plus radicalement que l'action n'existe pas, 124 00:08:43,955 --> 00:08:45,688 c'est une notion inutile. 125 00:08:46,370 --> 00:08:50,622 Je n'entre pas dans ce débat qui lui aussi est purement théorique, 126 00:08:50,666 --> 00:08:52,444 bien qu'il soit très intéressant. 127 00:08:54,350 --> 00:08:57,377 Le fait que l'action soit attribuée par l'article 30,  128 00:08:57,377 --> 00:09:00,666 non seulement au demandeur mais également au défendeur, 129 00:09:00,977 --> 00:09:02,888 ne contribue pas à clarifier les choses. 130 00:09:03,244 --> 00:09:06,088 Section 2 : Les titulaires de l'action. 131 00:09:08,750 --> 00:09:12,000 J'en viens à présent à l'alinéa 2 de l'article 30. 132 00:09:12,380 --> 00:09:19,066 Pour l'adversaire, l'action est le droit de discuter le bien fondé de la prétention. 133 00:09:19,910 --> 00:09:22,755 L'article 30 postule ainsi une symétrie parfaite 134 00:09:22,800 --> 00:09:25,466 entre les positions du demandeur et du défendeur. 135 00:09:26,120 --> 00:09:29,066 Le demandeur doit être titulaire d'une action 136 00:09:29,288 --> 00:09:31,955 pour que le juge statue au fond sur la prétention. 137 00:09:32,730 --> 00:09:37,730 Et symétriquement, le défendeur doit être titulaire d'une action 138 00:09:40,977 --> 00:09:43,950 pour qu'il puisse discuter le bien fondé de la prétention du demandeur,  139 00:09:43,955 --> 00:09:48,622 c'est-à-dire pour que le juge statue au fond sur ses moyens de défense. 140 00:09:48,880 --> 00:09:49,955 C'est symétrique. 141 00:09:51,500 --> 00:09:54,666 C'est très élégant, mais est-ce que cela a un sens ?  142 00:09:55,822 --> 00:09:59,511 Parce que si on estime que le défendeur doit aussi avoir un droit d'action 143 00:09:59,511 --> 00:10:02,355 pour que le juge statue au fond sur ses moyens de défense,  144 00:10:02,533 --> 00:10:07,022 cela signifie que lui aussi va devoir réunir des conditions de recevabilité, 145 00:10:07,850 --> 00:10:09,866 les conditions générales du droit d'action. 146 00:10:10,670 --> 00:10:13,822 Principalement, comme on le verra, l'intérêt la qualité pour agir. 147 00:10:14,180 --> 00:10:18,222 Sinon, s'il ne les a pas, dans la logique de cette conception,  148 00:10:18,666 --> 00:10:23,644 le juge ne devrait pas être obligé d'examiner les moyens de défense du défendeur. 149 00:10:24,270 --> 00:10:25,466 Or, est-ce que c'est le cas ?  150 00:10:25,555 --> 00:10:27,130 Non, heureusement. 151 00:10:27,260 --> 00:10:31,911 On n'exige rien du défendeur, il n'a pas à avoir intérêt ou qualité. 152 00:10:32,090 --> 00:10:37,777 Si il peut se défendre et si le juge est obligé d'examiner ses moyens de défense,  153 00:10:38,088 --> 00:10:42,230 c'est du simple fait qu'il est en position de défense ;  154 00:10:42,680 --> 00:10:45,688 autrement dit, ce sont les droits de la défense qui l'impose. 155 00:10:46,400 --> 00:10:50,220 Ce n'est pas parce qu'il aurait un droit d'action, c'est tout à fait inutile de penser cela. 156 00:10:51,410 --> 00:10:58,000 Il est vrai cependant qu'un autre article du Code de procédure civile semble exiger 157 00:10:58,400 --> 00:11:05,555 que le défendeur ait aussi intérêt et qualité pour agir en qualité de défendeur. 158 00:11:06,050 --> 00:11:07,377 C'est l'article 31. 159 00:11:07,760 --> 00:11:09,866 L'article 31, on l'examinera en détail 160 00:11:09,866 --> 00:11:12,888 lorsqu'on évoquera les conditions d'existence du droit d'action,  161 00:11:13,155 --> 00:11:17,866 puisque c'est lui qui postule l'exigence d'un intérêt et d'une qualité pour agir. 162 00:11:18,440 --> 00:11:21,955 Je m'intéresse à présent à certains mots de l'article 31. 163 00:11:22,340 --> 00:11:23,866 Selon l'article 31, 164 00:11:24,844 --> 00:11:28,888 l'action est ouverte à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès 165 00:11:29,333 --> 00:11:31,200 ou au rejet d'une prétention, 166 00:11:32,540 --> 00:11:34,133 c'est donc l'exigence d'intérêt,  167 00:11:34,220 --> 00:11:38,550 sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit d'agir aux seules personnes 168 00:11:38,875 --> 00:11:42,675 qu'elle qualifie, auxquelles elle attribue qualité ça veut dire la même chose,  169 00:11:42,800 --> 00:11:47,377 pour élever ou combattre une prétention,  ou pour défendre un intérêt déterminé. 170 00:11:48,920 --> 00:11:55,377 Il résulte donc de l'article 31 qu'il faut avoir un intérêt au rejet d'une prétention,  171 00:11:55,466 --> 00:12:00,755 ou sous réserve des cas dans lesquels il faut avoir qualité pour combattre une prétention. 172 00:12:00,920 --> 00:12:04,444 Qui a intérêt au rejet d'une prétention,  qui combat une prétention ? 173 00:12:04,666 --> 00:12:05,570 C'est le défendeur. 174 00:12:05,600 --> 00:12:09,688 C'est donc lui qui est visé par ces exigences posées par l'article 31,  175 00:12:09,822 --> 00:12:13,022 par l'exigence de l'intérêt et de la qualité. 176 00:12:14,690 --> 00:12:16,888 C'est bizarre puisque je viens de dire qu'en réalité,  177 00:12:16,880 --> 00:12:19,150 on ne l'exigeait pas et que les droits de la Défense 178 00:12:19,550 --> 00:12:23,875 conféraient évidemment au défendeur le droit d'obtenir du juge 179 00:12:24,000 --> 00:12:26,530 qu'il examine ses moyens de défense. 180 00:12:28,520 --> 00:12:31,422 Prenons un exemple pour comprendre cet article 31.  181 00:12:32,755 --> 00:12:37,466 Mettons qu'un assuré a subi un sinistre, 182 00:12:37,466 --> 00:12:40,800 il souhaite donc obtenir l'indemnisation à laquelle il a droit 183 00:12:40,888 --> 00:12:43,111 au titre du contrat d'assurance. 184 00:12:43,910 --> 00:12:48,666 Mais au lieu d'agir en exécution du contrat d'assurance contre l'assureur,  185 00:12:48,711 --> 00:12:51,590 il se trompe et il agit contre le courtier. 186 00:12:51,644 --> 00:12:56,000 Il se trouve qu'il ne connaît que le courtier,  et donc il se trompe, c'est assez fréquent. 187 00:12:56,260 --> 00:12:58,000 Et il agit contre le courtier. 188 00:13:00,440 --> 00:13:02,088 Le courtier lui répond : 189 00:13:02,844 --> 00:13:07,040 "Vous n'avez pas assigner la bonne personne, je ne suis pas le bon défendeur". 190 00:13:07,310 --> 00:13:08,450 En d'autres termes : 191 00:13:08,700 --> 00:13:11,575 "Je n'ai pas qualité pour être défendeur". 192 00:13:12,800 --> 00:13:16,133 Est-ce que cela signifiait que le courtier ne peut pas se défendre ? 193 00:13:16,133 --> 00:13:18,560 C'est-à-dire que le juge examinera sa défense. 194 00:13:19,460 --> 00:13:20,933 Non, bien évidemment. 195 00:13:21,290 --> 00:13:26,360 Qui va être sanctionné pour le défaut de qualité du défendeur ?  196 00:13:26,977 --> 00:13:33,200 C'est le demandeur, car c'est la demande en réalité qui sera déclarée irrecevable. 197 00:13:33,540 --> 00:13:37,430 Et c'est ce qu'énonce l'article 32 du Code de procédure civile. 198 00:13:38,630 --> 00:13:47,288 Est irrecevable toute prétention émise par ou contre une personne dépourvue du droit d'agir. 199 00:13:48,480 --> 00:13:52,711 Est irrecevable toute prétention émise par une personne dépourvue du droit d'agir. 200 00:13:52,755 --> 00:13:56,311 C'est donc la simple exigence que le demandeur doit avoir un droit d'action,  201 00:13:56,400 --> 00:13:58,711 sinon sa prétention est  irrecevable, on l'a déjà vu. 202 00:13:59,460 --> 00:14:04,000 Est irrecevable toute prétention émise contre une personne dépourvue du droit d'agir. 203 00:14:04,000 --> 00:14:09,288 Cela veut dire que si j'assigne un défendeur qui n'a pas le droit d'action du défendeur,  204 00:14:09,600 --> 00:14:14,400 qui n'a pas de qualités pour être défendeur, ma demande est irrecevable. 205 00:14:15,650 --> 00:14:22,044 La qualité du défendeur est donc une autre condition de recevabilité de la demande. 206 00:14:23,690 --> 00:14:29,466 Pour le code, le défendeur doit aussi avoir un droit d'action, tout l'article 30 alinéa 2. 207 00:14:30,470 --> 00:14:34,133 Mais s'il n'a pas ce droit d'action,  c'est le demandeur qui est sanctionné. 208 00:14:34,222 --> 00:14:38,177 C'est singulièrement compliqué, et pour tout dire c'est sans doute faux,  209 00:14:39,200 --> 00:14:42,400 car en réalité on peut très bien analyser d'une façon plus simple 210 00:14:42,666 --> 00:14:46,844 le cas dans lequel l'assuré assigne le courtier et non pas l'assureur. 211 00:14:47,210 --> 00:14:48,755 Quel est le problème de cette demande ?  212 00:14:48,755 --> 00:14:50,444 Pourquoi est-ce que la demande sera rejetée ?  213 00:14:51,022 --> 00:14:55,200 En réalité, c'est parce que sur le fond, sur le terrain du fond du droit,  214 00:14:55,333 --> 00:14:57,955 en application des règles du droit civil des contrats, 215 00:14:58,577 --> 00:15:01,466 le courtier est tiers aux contrats d'assurance. 216 00:15:02,030 --> 00:15:06,800 On ne peut donc pas lui imputer une obligation en vertu de l'effet relatif des conventions. 217 00:15:07,733 --> 00:15:10,970 En réalité, c'est une raison qui relève tout simplement du droit substantiel. 218 00:15:11,110 --> 00:15:13,955 Le véritable moyen de défense qui devrait être soulevé,  219 00:15:15,155 --> 00:15:16,533 c'est un moyen de défense au fond. 220 00:15:17,030 --> 00:15:22,755 Il se trouve néanmoins que les articles 31 et 32 traitent cette situation particulière 221 00:15:22,750 --> 00:15:27,733 comme un défaut de qualité du défendeur,  et donc comme une fin de non-recevoir, 222 00:15:27,777 --> 00:15:32,933 mais qui va conduire à l'irrecevabilité de la demande. 223 00:15:33,830 --> 00:15:40,355 Cette idée de Motulsky de symétrie, de bilatéralisation du droit d'action, 224 00:15:40,400 --> 00:15:44,044 le demandeur en a un, le défendeur en a un propre aussi. 225 00:15:44,680 --> 00:15:48,044 En réalité, tout le code est construit autour de cette idée de symétrie. 226 00:15:48,400 --> 00:15:50,577 C'est-à-dire que Motulsky considérait aussi 227 00:15:50,666 --> 00:15:54,933 qu'il y avait des actes d'exercice de l'action du demandeur, 228 00:15:55,330 --> 00:15:57,155 les demandes en justice comme on l'a vu,  229 00:15:57,644 --> 00:16:02,044 et il y a aussi des actes d'exercice de l'action du défendeur,  230 00:16:03,688 --> 00:16:05,422 ces actes sont les moyens de défense. 231 00:16:07,510 --> 00:16:10,177 Le code étant construit autour de cette conception, 232 00:16:10,622 --> 00:16:12,370 pour simplifier on va l'adopter aussi. 233 00:16:12,570 --> 00:16:16,844 Donc on va aussi considérer, même si ça n'est pas mon opinion personnelle, 234 00:16:17,022 --> 00:16:22,888 on va considérer que le défendeur exerce également un droit d'action 235 00:16:23,060 --> 00:16:25,200 lorsqu'il présente ses moyens de défense,  236 00:16:25,244 --> 00:16:29,100 et ils seront donc étudiés avec les demandes en justice dans le titre 3,  237 00:16:29,460 --> 00:16:31,333 dans les actes d'exercice de l'action. 238 00:16:33,460 --> 00:16:40,755 Après la nature de l'action, puis ses titulaires, restent à évoquer ses caractères. 239 00:16:41,020 --> 00:16:44,177 Dans une section 3 : Les caractères de l'action. 240 00:16:46,311 --> 00:16:50,622 J'évoquerai les caractères  facultatifs et libres de l'action. 241 00:16:50,666 --> 00:16:53,155 L'action est facultative, l'action est libre. 242 00:16:53,820 --> 00:16:56,222 A priori, les deux termes paraissent très proches. 243 00:16:56,950 --> 00:17:01,555 Mais il se trouve que la doctrine attache à chaque adjectif une signification propre. 244 00:17:02,500 --> 00:17:05,288 Paragraphe 1 : L'action est facultative. 245 00:17:06,310 --> 00:17:12,711 Cela signifie que le titulaire d'un droit d'action peut librement décider de l'exercer 246 00:17:12,800 --> 00:17:14,355 ou de ne pas l'exercer. 247 00:17:15,430 --> 00:17:20,800 Ce caractère facultatif est lié au caractère privé des intérêts en cause en procédure civile. 248 00:17:21,070 --> 00:17:23,333 On ne peut pas vous forcer à agir en justice. 249 00:17:23,860 --> 00:17:28,444 Ce caractère facultatif a une valeur constitutionnelle depuis une décision 250 00:17:28,630 --> 00:17:34,000 du Conseil constitutionnel du 25 juillet 1989,  251 00:17:35,022 --> 00:17:38,088 décision qu'on retrouvera un peu plus tard dans le cours. 252 00:17:38,470 --> 00:17:40,780 Paragraphe 2 : l'action est libre. 253 00:17:41,200 --> 00:17:45,955 Ce qu'on désigne lorsqu'on énonce que l'action est libre,  254 00:17:46,080 --> 00:17:48,666 c'est le fait que le plaideur qui exerce une action 255 00:17:49,377 --> 00:17:53,600 ne peut pas voir sa responsabilité engagée du fait de cette action,  256 00:17:54,133 --> 00:17:55,688 et ce, même s'il perd son procès. 257 00:17:55,777 --> 00:17:58,577 Autrement dit, il n'y a pas de faute à agir en justice, 258 00:17:58,620 --> 00:18:00,755 il n'y a pas de faute a tenter d'obtenir gain de cause,  259 00:18:00,755 --> 00:18:03,466 même si finalement on n'obtient pas gain de cause. 260 00:18:04,390 --> 00:18:10,222 Il y a néanmoins une exception à cette immunité, c'est l'article 32-1 qui la pose. 261 00:18:10,540 --> 00:18:14,380 L'article 32-1 sanctionne l'abus du droit d'agir. 262 00:18:14,444 --> 00:18:17,777 C'est donc une simple application de la théorie de l'abus de droit. 263 00:18:18,660 --> 00:18:20,200 Je cite l'article 32-1 : 264 00:18:20,200 --> 00:18:26,425 "Celui qui agit de manière dilatoire ou abusive peut être condamné à une amende civile,  265 00:18:26,425 --> 00:18:28,133 d'un maximum de 3 000 euros, 266 00:18:28,400 --> 00:18:31,688 sans préjudice des dommages et intérêts qui seraient réclamés." 267 00:18:32,620 --> 00:18:36,711 Et puisque le code de procédure civile est construit dans l'idée 268 00:18:36,710 --> 00:18:39,911 que le défendeur exerce aussi un droit d'action lorsqu'il se défend, 269 00:18:41,066 --> 00:18:45,550 il existe également un abus du droit d'action du défendeur, 270 00:18:46,133 --> 00:18:49,777 on considère que le défendeur abuse également de son droit d'action,  271 00:18:50,044 --> 00:18:53,120 lorsqu'il se défend de manière dilatoire ou abusive, 272 00:18:53,440 --> 00:18:55,733 ce qu'on appelle la résistance abusive. 273 00:18:56,530 --> 00:18:58,533 En application de l'article 32-1, 274 00:18:58,620 --> 00:19:02,200 le demandeur peut demander à ce que le défendeur 275 00:19:02,310 --> 00:19:07,066 soit condamné à lui verser des dommages et intérêts pour résistance abusive. 276 00:19:08,710 --> 00:19:13,422 Nous avons à présent terminé le titre premier relatif à la notion d'action,  277 00:19:14,088 --> 00:19:18,711 il sera temps dans une prochaine vidéo d'évoquer les conditions d'existence de l'action.