1 00:00:05,650 --> 00:00:06,410 3. 2 00:00:06,610 --> 00:00:08,230 La vente de la chose d’autrui. 3 00:00:09,160 --> 00:00:12,940 De manière presque évidente, la vente n’est valable que si le 4 00:00:13,140 --> 00:00:17,560 vendeur est bien propriétaire de la chose vendue, ou plus généralement, 5 00:00:18,250 --> 00:00:22,360 titulaire du droit qu’il s’agit de transférer à l’acquéreur. 6 00:00:23,200 --> 00:00:28,810 La raison est simple qui repose sur le célèbre adage nemo plus juris, 7 00:00:29,140 --> 00:00:33,640 nul ne peut transférer plus de droits à autrui qu’il n’en a lui-même. 8 00:00:33,840 --> 00:00:38,920 Aussi, l’article 1599 du Code civil 9 00:00:39,120 --> 00:00:43,540 dispose très logiquement que la vente de la chose d’autrui est nulle. 10 00:00:43,930 --> 00:00:47,050 Elle peut donner lieu à des dommages-intérêts lorsque l’acheteur 11 00:00:47,250 --> 00:00:49,660 a ignoré que la chose fût à autrui. 12 00:00:50,980 --> 00:00:54,760 En pratique, les ventes portant sur la chose d’autrui ne sont pas 13 00:00:54,960 --> 00:00:55,720 rares. 14 00:00:55,920 --> 00:00:56,680 Quelques exemples. 15 00:00:57,340 --> 00:01:00,730 Il y a d’abord l’hypothèse, somme toute peu fréquente ici, 16 00:01:00,930 --> 00:01:05,050 du vendeur indélicat qui vend deux fois le même bien à deux personnes 17 00:01:05,250 --> 00:01:06,010 différentes. 18 00:01:06,550 --> 00:01:10,300 En principe, ce conflit est réglé en fonction de la chronologie des 19 00:01:10,500 --> 00:01:11,260 actes. 20 00:01:11,680 --> 00:01:16,090 À moins que cette règle chronologique ne soit écartée par le jeu de la 21 00:01:16,290 --> 00:01:20,350 possession mobilière, article 2276 du Code civil, 22 00:01:20,890 --> 00:01:24,670 ou par le mécanisme de la publicité foncière pour les immeubles. 23 00:01:25,480 --> 00:01:31,330 Ces solutions sont prévues aujourd’hui par l’article 1198 du Code civil 24 00:01:31,660 --> 00:01:34,330 issu de l’ordonnance du 10 février 2016. 25 00:01:35,710 --> 00:01:40,420 Plus souvent, il y a vente de la chose d’autrui lorsque le titre 26 00:01:40,750 --> 00:01:44,590 qui fondait le droit du vendeur se trouve résolu ou annulé. 27 00:01:45,550 --> 00:01:51,130 Plus largement, lorsque le vendeur est rétroactivement privé de son 28 00:01:51,330 --> 00:01:55,000 droit sur le bien, pour une raison ou pour une autre, il ne peut en 29 00:01:55,200 --> 00:01:59,080 avoir valablement transféré la propriété à l’acheteur. 30 00:01:59,950 --> 00:02:04,630 La vente est donc rétroactivement une vente qui porte sur la chose 31 00:02:04,830 --> 00:02:05,590 d’autrui. 32 00:02:06,310 --> 00:02:10,510 Le seul moyen d’éviter ces nullités en cascade consiste à appliquer 33 00:02:10,710 --> 00:02:11,650 la théorie de l’apparence. 34 00:02:12,160 --> 00:02:16,690 Le vendeur est alors regardé comme propriétaire apparent de la chose, 35 00:02:17,200 --> 00:02:20,050 ce qui permet de valider la vente qu’il a conclue. 36 00:02:21,220 --> 00:02:24,250 Deux conditions doivent cependant être réunies pour que la théorie 37 00:02:24,450 --> 00:02:26,350 de l’apparence puisse ainsi jouer. 38 00:02:26,550 --> 00:02:29,800 D’abord, l’acquéreur doit être de bonne foi. 39 00:02:30,040 --> 00:02:34,480 Il devait ignorer, au moment de la vente, que son vendeur n’était 40 00:02:34,680 --> 00:02:35,440 pas propriétaire. 41 00:02:35,640 --> 00:02:38,800 Ensuite, l’erreur commise doit être commune. 42 00:02:39,190 --> 00:02:43,480 Tout le monde pensait que le vendeur était réellement propriétaire du 43 00:02:43,680 --> 00:02:44,440 bien en question. 44 00:02:45,250 --> 00:02:49,150 Si ces deux conditions cumulatives sont remplies, la jurisprudence 45 00:02:49,350 --> 00:02:53,590 accepte parfois de faire jouer l’adage error communis facit jus, 46 00:02:54,220 --> 00:02:56,500 l’erreur commune est source de droit. 47 00:02:56,700 --> 00:03:01,840 L’application de cette règle favorable à la sécurité juridique est toutefois 48 00:03:02,040 --> 00:03:02,800 rare. 49 00:03:03,000 --> 00:03:06,220 Son terrain d’élection est celui de l’héritier apparent. 50 00:03:06,420 --> 00:03:09,280 C’est l’hypothèse dans laquelle une personne que tout le monde 51 00:03:09,480 --> 00:03:13,540 croyait héritière a appréhendé, a recueilli les biens d’une succession 52 00:03:13,930 --> 00:03:18,550 et les a vendus avant que l’héritier véritable ne revendique la succession 53 00:03:18,750 --> 00:03:19,780 à son profit avec succès. 54 00:03:19,980 --> 00:03:25,150 S’agissant de la sanction de la vente de la chose d’autrui, 55 00:03:25,350 --> 00:03:30,250 l’article 1599 est très clair : une telle vente est nulle. 56 00:03:31,030 --> 00:03:34,900 La sanction consiste donc dans la nullité de la vente et non dans 57 00:03:35,100 --> 00:03:39,160 sa résolution, ce qui est logique car l’existence de la chose, 58 00:03:39,670 --> 00:03:43,630 une chose qui appartient au vendeur, est une condition de formation 59 00:03:43,830 --> 00:03:45,370 du contrat de vente, d’où la nullité. 60 00:03:46,600 --> 00:03:50,740 Il faut ajouter que cette nullité est une nullité relative qui ne 61 00:03:50,940 --> 00:03:53,380 peut être invoquée que par l’acquéreur. 62 00:03:54,610 --> 00:03:59,170 Cette nature relative de la nullité peut à première vue paraître étrange. 63 00:03:59,680 --> 00:04:04,000 Pourquoi la nullité n’est-elle pas absolue en raison d’un défaut 64 00:04:04,200 --> 00:04:05,350 d’objet du contrat ? 65 00:04:06,520 --> 00:04:09,640 En vérité, la nullité relative est là encore logique, 66 00:04:09,880 --> 00:04:10,900 car de deux choses l’une. 67 00:04:11,440 --> 00:04:15,340 Soit l’acheteur ignorait que la chose n’appartenait pas au vendeur 68 00:04:15,670 --> 00:04:19,900 et il mérite seule protection, comme s’il s’était trompé au sens 69 00:04:20,100 --> 00:04:20,860 du droit commun. 70 00:04:21,060 --> 00:04:23,770 L’erreur vice du consentement est elle aussi sanctionnée par une 71 00:04:23,970 --> 00:04:24,730 nullité relative. 72 00:04:24,930 --> 00:04:30,190 L’article 1599 ajoute que l’acquéreur peut en outre obtenir des 73 00:04:30,390 --> 00:04:35,230 dommages-intérêts, ce qui suppose que la nullité de la vente lui 74 00:04:35,430 --> 00:04:36,190 cause un préjudice. 75 00:04:36,880 --> 00:04:43,000 Soit l’acheteur et le vendeur savaient tous les deux que la chose appartenait 76 00:04:43,200 --> 00:04:43,960 à autrui. 77 00:04:44,160 --> 00:04:48,040 Dans ce cas-là, ils ont envisagé le contrat comme une vente portant 78 00:04:48,240 --> 00:04:51,340 sur une chose future, une chose que le vendeur devra 79 00:04:51,540 --> 00:04:52,300 acquérir. 80 00:04:52,500 --> 00:04:54,070 Dans ce cas-là, la vente est valable. 81 00:04:56,230 --> 00:05:00,590 Il résulte du caractère relatif de la nullité que ni le vendeur, 82 00:05:00,800 --> 00:05:04,730 ni le véritable propriétaire, ne peuvent invoquer la nullité 83 00:05:04,930 --> 00:05:06,980 de l’article 1599. 84 00:05:07,180 --> 00:05:11,780 C’est logique pour le vendeur qui doit à son acheteur la garantie 85 00:05:11,980 --> 00:05:12,740 contre l’éviction. 86 00:05:12,940 --> 00:05:16,850 Or, comme nous le verrons au sujet des obligations du vendeur, 87 00:05:17,270 --> 00:05:19,580 qui doit garantie ne peut évincer. 88 00:05:20,810 --> 00:05:24,170 Quant au véritable propriétaire, il ne peut pas non plus demander 89 00:05:24,370 --> 00:05:26,540 la nullité de la vente portant sur son bien. 90 00:05:26,740 --> 00:05:32,870 C’est encore logique car le véritable propriétaire est étranger au contrat 91 00:05:33,070 --> 00:05:33,830 de vente. 92 00:05:34,030 --> 00:05:34,970 Il est tiers à la vente. 93 00:05:35,780 --> 00:05:39,530 Le véritable propriétaire peut en revanche exercer une action 94 00:05:39,730 --> 00:05:44,720 en revendication, donc une action réelle et non une action personnelle. 95 00:05:44,920 --> 00:05:48,680 C’est dans ce sens que s’est prononcée la Cour de cassation dans un arrêt 96 00:05:48,880 --> 00:05:54,800 rendu par sa première chambre civile le 17 juillet 1958, dans la célèbre 97 00:05:55,000 --> 00:05:56,090 affaire Biscos. 98 00:05:57,020 --> 00:05:59,570 La solution a toujours été reprise depuis lors. 99 00:06:01,010 --> 00:06:03,770 Dans certaines hypothèses, le véritable propriétaire aurait 100 00:06:03,970 --> 00:06:06,470 pourtant tout intérêt à agir en nullité. 101 00:06:06,670 --> 00:06:11,150 C’est le cas lorsque l’acquéreur lui oppose la théorie de l’apparence 102 00:06:11,420 --> 00:06:15,410 ou l’article 2276 du Code civil en matière mobilière. 103 00:06:16,250 --> 00:06:20,690 La seule issue pour le véritable propriétaire consiste alors à prouver 104 00:06:20,890 --> 00:06:23,540 la mauvaise foi de l’acquéreur s’il veut récupérer son bien. 105 00:06:25,040 --> 00:06:29,720 Dernier point, la vente de la chose d’autrui peut être consolidée et 106 00:06:29,920 --> 00:06:34,400 donc devenir inattaquable dans trois hypothèses, trois hypothèses 107 00:06:34,600 --> 00:06:40,340 dans lesquelles la nullité de l’article 1599 ne peut pas jouer ou plus jouer. 108 00:06:41,660 --> 00:06:45,560 Le premier cas est celui de la prescription quinquennale de l’article 109 00:06:45,760 --> 00:06:51,650 2224 du Code civil qui éteint l’action en nullité, avec éventuellement 110 00:06:51,850 --> 00:06:55,670 le jeu de la garantie d’éviction au profit de l’acquéreur si le 111 00:06:55,870 --> 00:06:57,560 véritable propriétaire revendique le bien. 112 00:06:58,850 --> 00:07:04,490 Deuxième cas, l’acheteur peut confirmer la vente du fait du caractère relatif 113 00:07:04,690 --> 00:07:05,450 de la nullité. 114 00:07:05,650 --> 00:07:09,110 Ici, on peut dire que la vente est consolidée, mais qu’elle n’est 115 00:07:09,310 --> 00:07:12,800 pas translative de propriété puisqu’elle porte sur un bien qui 116 00:07:13,000 --> 00:07:13,910 est la propriété d’autrui. 117 00:07:15,650 --> 00:07:17,930 La vente, dans ce cas-là, sera à la source d’une simple 118 00:07:18,140 --> 00:07:19,490 obligation personnelle. 119 00:07:19,910 --> 00:07:22,910 Le vendeur aura l’obligation d’acquérir le bien. 120 00:07:23,110 --> 00:07:25,970 C’est peu ou prou une vente de choses futures. 121 00:07:27,320 --> 00:07:31,640 La vente est enfin consolidée, troisième cas, si le véritable 122 00:07:31,840 --> 00:07:36,800 propriétaire renonce à revendiquer ou, comme dans l’hypothèse précédente, 123 00:07:37,070 --> 00:07:41,690 si le vendeur acquiert le bien dont la propriété va alors revenir 124 00:07:41,930 --> 00:07:42,690 à l’acheteur. 125 00:07:44,150 --> 00:07:47,240 Ainsi s’achève notre étude des caractères de la chose. 126 00:07:47,960 --> 00:07:51,530 Il convient à présent d’envisager sa détermination. 127 00:07:51,730 --> 00:07:52,490 B. 128 00:07:53,210 --> 00:07:55,610 La détermination de la chose. 129 00:07:57,050 --> 00:08:00,380 Conformément au droit commun, la chose vendue, objet du contrat 130 00:08:00,580 --> 00:08:04,430 de vente, doit être déterminée ou au moins déterminable, 131 00:08:04,630 --> 00:08:07,490 c’est-à-dire suffisamment identifiable. 132 00:08:07,690 --> 00:08:12,350 C’est l’application pure et simple de la règle générale posée par 133 00:08:12,550 --> 00:08:17,390 le deuxième alinéa de l’article 1163 du Code civil. 134 00:08:18,230 --> 00:08:23,330 La prestation doit être possible et déterminée ou déterminable, 135 00:08:23,570 --> 00:08:25,670 dit l’article 1163. 136 00:08:26,930 --> 00:08:30,200 Ce point appelle assez peu de commentaires, sauf à distinguer 137 00:08:30,400 --> 00:08:33,680 entre les ventes selon qu’elles portent sur des corps certains 138 00:08:34,010 --> 00:08:35,660 ou sur des choses de genre. 139 00:08:35,860 --> 00:08:40,850 S’agissant des corps certains, la chose doit être désignée avec 140 00:08:41,050 --> 00:08:43,340 suffisamment de précision par le contrat. 141 00:08:43,540 --> 00:08:47,330 Ainsi, pour un appartement, un lot de copropriété, 142 00:08:47,810 --> 00:08:51,740 les parties peuvent faire référence à la désignation du bien telle 143 00:08:51,940 --> 00:08:56,300 qu’elle figure dans le règlement de copropriété, adresse de l’immeuble, 144 00:08:56,500 --> 00:08:57,770 étage, numéro de porte, etc. 145 00:08:57,970 --> 00:09:03,800 S’agissant des choses de genre, c’est-à-dire des choses fongibles 146 00:09:04,000 --> 00:09:07,430 ou interchangeables, les solutions sont un peu plus complexes. 147 00:09:08,570 --> 00:09:14,300 Selon l’ancien article 1129 du Code civil, l’objet de l’obligation 148 00:09:14,500 --> 00:09:20,090 doit être au moins déterminé quant à son espèce, précision qui n’a 149 00:09:20,290 --> 00:09:24,320 pas été expressément reprise par le nouvel article 1163. 150 00:09:24,520 --> 00:09:30,230 L’espèce auquel la chose appartient doit être fixée au contrat. 151 00:09:30,430 --> 00:09:34,730 Ainsi, on ne vend pas des céréales, mais on vend du blé, 152 00:09:34,930 --> 00:09:36,710 de l’orge, du seigle, du froment, du colza, 153 00:09:36,910 --> 00:09:37,670 etc. 154 00:09:38,390 --> 00:09:42,770 Cette règle demeure pertinente encore aujourd’hui, même si l’article 155 00:09:42,970 --> 00:09:45,380 1163 ne la formule pas expressément. 156 00:09:45,770 --> 00:09:48,440 La chose doit être déterminée quant à son espèce. 157 00:09:48,640 --> 00:09:53,570 S’agissant de la qualité de la chose de genre qui a été vendue, 158 00:09:53,770 --> 00:09:58,820 l’article 1166 prévoit que lorsque la qualité de la prestation n’est 159 00:09:59,020 --> 00:10:01,870 pas déterminée ou déterminable en vertu du contrat, 160 00:10:02,290 --> 00:10:06,010 ce qui montre au passage que cette qualité n’a pas à être déterminée 161 00:10:06,310 --> 00:10:12,190 ou même déterminable, le débiteur doit offrir une prestation 162 00:10:12,390 --> 00:10:16,180 de qualité conforme aux attentes légitimes des parties, 163 00:10:16,630 --> 00:10:20,710 en considération de sa nature, des usages et du montant de la 164 00:10:20,910 --> 00:10:23,560 contrepartie, article 1166. 165 00:10:24,670 --> 00:10:28,570 La référence aux attentes légitimes paraît très subjective, 166 00:10:28,770 --> 00:10:33,730 tandis que la référence au montant de la contrepartie se veut objective. 167 00:10:34,990 --> 00:10:41,270 Si la qualité de la chose n’a donc pas à être déterminée au contrat, 168 00:10:41,470 --> 00:10:46,420 il en va différemment pour sa quotité, autrement dit pour la quantité 169 00:10:46,810 --> 00:10:47,620 de chose vendue. 170 00:10:49,240 --> 00:10:51,760 Cette quantité doit être déterminable. 171 00:10:52,660 --> 00:10:57,220 Le Code civil distingue à ce titre entre deux types de vente de choses 172 00:10:57,420 --> 00:11:00,970 de genre : la vente à la mesure et la vente en bloc, 173 00:11:01,930 --> 00:11:06,040 vente à la mesure et vente en bloc toutes deux soumises à des régimes 174 00:11:06,240 --> 00:11:07,000 juridiques différents. 175 00:11:08,140 --> 00:11:13,210 La vente à la mesure est visée par l’article 1585 du Code : 176 00:11:14,110 --> 00:11:18,460 "Lorsque des marchandises sont vendues au poids, au compte ou 177 00:11:18,660 --> 00:11:22,330 à la mesure, la vente n’est point parfaite en ce sens que les choses 178 00:11:22,530 --> 00:11:26,230 vendues sont au risque du vendeur "jusqu’à ce qu’elles soient pesées, 179 00:11:27,160 --> 00:11:28,630 comptées ou mesurées". 180 00:11:28,830 --> 00:11:33,430 C’est donc ici le pesage pour des céréales par exemple, 181 00:11:33,670 --> 00:11:38,440 le comptage pour des fruits et légumes vendus à l’unité ou le 182 00:11:38,640 --> 00:11:44,520 mesurage pour du tissu, qui opère le transfert de la propriété 183 00:11:44,720 --> 00:11:48,040 de la chose, donc le transfert des risques comme l’affirme le 184 00:11:48,240 --> 00:11:49,960 Code civil et comme nous le verrons plus loin. 185 00:11:51,280 --> 00:11:55,420 En d’autres termes, le transfert de propriété résulte de 186 00:11:55,620 --> 00:11:57,910 l’individualisation du bien. 187 00:11:59,380 --> 00:12:02,890 Dans l’économie standardisée qui est la nôtre, il faut noter que 188 00:12:03,090 --> 00:12:07,870 la vente des biens industriels doit être considérée comme une 189 00:12:08,070 --> 00:12:11,530 vente à la mesure, ainsi pour la vente d’une voiture, 190 00:12:11,730 --> 00:12:13,510 d’un frigo ou d’un smartphone. 191 00:12:13,710 --> 00:12:19,120 Attention, si le transfert de propriété est retardé au moment de 192 00:12:19,320 --> 00:12:24,220 l’individualisation de la chose, il n’en reste pas moins que la 193 00:12:24,420 --> 00:12:29,080 vente est conclue avant cette individualisation, de sorte que 194 00:12:29,280 --> 00:12:35,470 si l’une des parties refuse de procéder aux opérations de mesurage, 195 00:12:35,670 --> 00:12:40,480 de comptage ou de pesage, ce sont les sanctions de l’inexécution 196 00:12:40,680 --> 00:12:42,010 du contrat qui s’appliqueront. 197 00:12:42,210 --> 00:12:46,390 C’est exactement ce que prévoient les derniers mots de l’article 198 00:12:46,590 --> 00:12:48,850 1585 du Code civil. 199 00:12:49,330 --> 00:12:53,140 Il pourra par exemple y avoir exécution forcée du contrat. 200 00:12:55,090 --> 00:12:57,250 Après la vente à la mesure, la vente en bloc. 201 00:12:58,210 --> 00:13:03,490 La vente en bloc est prévue à l’article 1586 du Code civil. 202 00:13:03,690 --> 00:13:07,360 Je cite : "Si au contraire, les marchandises ont été vendues 203 00:13:07,560 --> 00:13:11,470 en bloc, la vente est parfaite, quoique les marchandises n’aient 204 00:13:11,670 --> 00:13:14,530 pas encore été pesées, comptées ou mesurées". 205 00:13:14,730 --> 00:13:22,270 Ici, la chose constitue un ensemble individualisé par l’indication 206 00:13:22,470 --> 00:13:27,160 du lieu où elle se trouve, vente de telle collection de soldats 207 00:13:27,360 --> 00:13:32,290 de plomb, vente de tout le blé qui se trouve dans tel entrepôt 208 00:13:32,740 --> 00:13:35,800 ou vente d’une récolte sur pied dans tel champ. 209 00:13:37,000 --> 00:13:41,950 Du fait de cette indication géographique, les choses de genre 210 00:13:42,220 --> 00:13:45,820 comprises dans la vente deviennent en quelque sorte des corps certains, 211 00:13:46,300 --> 00:13:47,840 se muent en corps, certains. 212 00:13:49,270 --> 00:13:52,750 Il en résulte que le transfert de propriété, donc des risques, 213 00:13:54,010 --> 00:13:56,350 dans l’hypothèse de la vente en bloc, est immédiat. 214 00:13:58,330 --> 00:14:01,450 Après la chose, objet du contrat de vente, il faut désormais étudier 215 00:14:01,650 --> 00:14:06,510 le prix dont le paiement constitue l’objet de l’obligation de l’acheteur, 216 00:14:06,850 --> 00:14:09,400 en même temps que la cause, comme on disait jadis, 217 00:14:09,640 --> 00:14:10,900 de l’obligation du vendeur. 218 00:14:11,830 --> 00:14:16,450 Les trois prochaines vidéos seront ainsi consacrées à ce point essentiel, 219 00:14:16,720 --> 00:14:17,480 le prix de vente.