1 00:00:04,920 --> 00:00:08,880 Section 1 : les rôles respectifs du juge et des parties à l'égard 2 00:00:09,080 --> 00:00:10,780 de l'existence de l'instance. 3 00:00:11,880 --> 00:00:14,220 C'est l'article 1 qui s'occupe de cette question. 4 00:00:14,740 --> 00:00:18,860 Selon l'article 1, "seules les parties introduisent l'instance, 5 00:00:19,260 --> 00:00:22,920 or les cas où la loi en dispose autrement, elles ont la liberté 6 00:00:23,120 --> 00:00:26,340 d'y mettre fin avant qu'elle ne s'éteigne par l'effet du jugement 7 00:00:26,540 --> 00:00:27,660 ou en vertu de la loi". 8 00:00:27,860 --> 00:00:31,960 Donc dans cet article 1, il y a une solution pour le début 9 00:00:32,160 --> 00:00:34,260 de l'instance et pour la fin de l'instance. 10 00:00:34,480 --> 00:00:37,020 Paragraphe 1 : l'initiative de l'instance. 11 00:00:39,220 --> 00:00:41,800 Qui peut intenter un procès ? 12 00:00:42,000 --> 00:00:43,940 Seules les parties introduisent l'instance. 13 00:00:44,180 --> 00:00:45,040 C'est donc le principe. 14 00:00:45,700 --> 00:00:48,340 Le principe, c'est que seules les parties introduisent l'instance, 15 00:00:48,540 --> 00:00:49,740 c'est-à-dire pas le juge. 16 00:00:50,260 --> 00:00:53,380 Le juge ne peut pas se saisir d'office. 17 00:00:54,920 --> 00:00:58,040 C'est ce qu'on appelle le principe d'initiative processuelle, 18 00:00:58,320 --> 00:01:00,780 ou le principe d'impulsion processuelle. 19 00:01:00,980 --> 00:01:03,020 On peut dire les deux, principe d'initiative processuelle 20 00:01:03,220 --> 00:01:05,140 ou principe d'impulsion processuelle. 21 00:01:05,900 --> 00:01:06,840 Pourquoi ? 22 00:01:07,040 --> 00:01:08,520 Parce que les intérêts sont privés. 23 00:01:09,840 --> 00:01:13,280 Or les cas où la loi en dispose autrement, dit encore l'article 1, 24 00:01:13,580 --> 00:01:17,380 effectivement dans certains domaines très particuliers dans lesquels 25 00:01:17,580 --> 00:01:21,160 l'intérêt général est particulièrement concerné, alors même que les intérêts 26 00:01:21,360 --> 00:01:23,980 qui s'opposent entre les parties sont des intérêts privés, 27 00:01:24,180 --> 00:01:27,600 pour autant l'intérêt général est présent, dans ces domaines, 28 00:01:27,800 --> 00:01:28,860 le juge peut se saisir d'office. 29 00:01:29,200 --> 00:01:33,540 Mais en réalité aujourd'hui, ça n'arrive quasiment plus. 30 00:01:34,880 --> 00:01:39,860 Avant une période assez récente, il y avait beaucoup d'exceptions, 31 00:01:40,100 --> 00:01:42,300 beaucoup de cas dans lesquels le juge pouvait se saisir d'office 32 00:01:42,500 --> 00:01:44,220 en matière de procédures collectives. 33 00:01:44,440 --> 00:01:48,860 Le juge pouvait s'auto-saisir par exemple d'une procédure de redressement 34 00:01:49,060 --> 00:01:51,360 judiciaire ou d'une procédure de liquidation judiciaire, 35 00:01:51,560 --> 00:01:55,060 c'est-à-dire ouvrir tout seul de sa propre initiative l'instance 36 00:01:55,260 --> 00:02:00,580 destinée à décider si une société devait être placée en redressement 37 00:02:00,780 --> 00:02:03,800 judiciaire ou une société devait être placée en liquidation judiciaire. 38 00:02:04,960 --> 00:02:08,740 On justifiait ce pouvoir d'auto-saisine par l'intérêt général. 39 00:02:09,060 --> 00:02:13,700 L'idée, c'est qu'il faut à tout prix éviter qu'une société en état 40 00:02:13,900 --> 00:02:16,660 de cessation des paiements continue à contracter des dettes puisque 41 00:02:16,860 --> 00:02:20,720 c'est mauvais pour l'économie et donc il faut donner au plus de 42 00:02:20,920 --> 00:02:22,740 monde possible la possibilité d'ouvrir une instance. 43 00:02:23,040 --> 00:02:26,060 Donc il y a les parties, les créanciers, le ministère public 44 00:02:26,260 --> 00:02:27,620 et il y avait aussi le juge. 45 00:02:28,760 --> 00:02:32,320 Le problème, c'est qu'on se heurtait à l'inconvénient de la saisine 46 00:02:32,520 --> 00:02:33,280 d'office. 47 00:02:34,060 --> 00:02:39,280 Si le juge ouvre de sa propre initiative une instance et qu'à 48 00:02:39,480 --> 00:02:41,820 la fin de l'instance, il doit statuer sur la nécessité 49 00:02:42,020 --> 00:02:45,980 ou non de placer cette partie, ce débiteur en redressement ou 50 00:02:46,180 --> 00:02:49,120 en liquidation judiciaire, dès lors que c'est lui qui a ouvert 51 00:02:49,320 --> 00:02:52,000 cette instance, c'est qu'il a déjà sa petite idée sur la question. 52 00:02:52,220 --> 00:02:55,780 Autrement dit, va-t-il rester impartial au moment de prendre le jugement 53 00:02:55,980 --> 00:02:56,740 final ? 54 00:02:56,940 --> 00:02:57,700 Évidemment non. 55 00:02:58,020 --> 00:03:03,840 C'est la raison pour laquelle le Conseil constitutionnel a déclaré 56 00:03:04,040 --> 00:03:06,640 ces dispositions inconstitutionnelles. 57 00:03:06,840 --> 00:03:12,660 Dans une décision du 7 décembre 2012, c'est une décision qui était rendue 58 00:03:12,860 --> 00:03:15,460 à propos de un des cas de saisine d'office en matière de procédure 59 00:03:15,660 --> 00:03:16,420 collective. 60 00:03:17,720 --> 00:03:22,240 Ce cas a donc été déclaré inconstitutionnel parce que contraire 61 00:03:22,440 --> 00:03:23,220 au principe d'impartialité. 62 00:03:24,160 --> 00:03:27,680 Et par la suite, il y a eu d'autres décisions du Conseil constitutionnel 63 00:03:27,880 --> 00:03:29,980 à propos d'autres cas de saisine d'office et finalement, 64 00:03:30,180 --> 00:03:33,300 le législateur n'a pas attendu que le Conseil constitutionnel 65 00:03:33,500 --> 00:03:35,700 le déclare pour tous les cas de saisine d'office, il a pris les 66 00:03:35,900 --> 00:03:37,420 devants et il les a tous enlevés. 67 00:03:37,820 --> 00:03:42,440 Donc en matière de procédure collective, il n'y a plus ou presque 68 00:03:42,640 --> 00:03:45,780 plus, il reste résiduellement, un ou deux cas mais dont on peut 69 00:03:45,980 --> 00:03:48,380 même discuter sur la question de savoir si ce sont des vraies saisines 70 00:03:48,580 --> 00:03:49,340 d'office. 71 00:03:49,540 --> 00:03:52,220 Donc autant dire plus simplement qu'il n'y a plus d'hypothèses de 72 00:03:52,420 --> 00:03:55,500 saisine d'office du juge en matière de procédure collective. 73 00:03:57,180 --> 00:03:58,580 Alors que reste-t-il ? 74 00:03:58,780 --> 00:04:04,460 Il reste deux cas dans lesquels le juge peut encore se saisir d'office. 75 00:04:04,660 --> 00:04:09,760 En matière d'assistance éducative d'abord, le juge, c'est l'article 76 00:04:09,960 --> 00:04:14,900 375 du Code civil, le juge peut se saisir d'office à titre exceptionnel 77 00:04:15,100 --> 00:04:19,780 pour ordonner des mesures d'assistance éducative si la santé, 78 00:04:20,140 --> 00:04:24,380 la sécurité ou la moralité d'un mineur non émancipé sont en danger 79 00:04:24,580 --> 00:04:28,200 ou si les conditions de son éducation ou de son développement physique, 80 00:04:28,560 --> 00:04:32,000 affectif, intellectuel et social sont gravement compromises. 81 00:04:32,440 --> 00:04:37,600 Et le deuxième cas, c'est également en matière de protection des mineurs, 82 00:04:37,960 --> 00:04:42,560 c'est l'article 391 du Code civil, le juge des tutelles, 83 00:04:42,820 --> 00:04:46,140 en cas d'administration légale, donc ça veut dire lorsque l'enfant 84 00:04:46,340 --> 00:04:51,000 est élevé par ses parents, peut à tout moment et pour cause 85 00:04:51,200 --> 00:04:54,560 grave décider d'office d'ouvrir la tutelle. 86 00:04:55,740 --> 00:04:59,180 Donc on le voit, les seules matières dans lesquelles subsiste un pouvoir 87 00:04:59,380 --> 00:05:03,760 du juge de se saisir d'office sont les matières dans lesquelles un 88 00:05:03,960 --> 00:05:04,980 mineur est en danger. 89 00:05:05,180 --> 00:05:10,440 Dans ce cas, le juge est appelé à jouer un rôle protecteur qui 90 00:05:10,640 --> 00:05:15,020 manifestement prime sur le strict respect de l'exigence d'impartialité. 91 00:05:16,920 --> 00:05:19,820 Paragraphe 2 : la fin prématurée de l'instance. 92 00:05:21,400 --> 00:05:25,840 En principe, l'instance s'achève avec le jugement, c'est le jugement 93 00:05:26,040 --> 00:05:26,800 qui met fin à l'instance. 94 00:05:27,000 --> 00:05:31,500 Mais il arrive que certains événements interviennent avant qui mettent 95 00:05:31,700 --> 00:05:38,600 fin à l'instance, soit parce que la loi le décide, par exemple une 96 00:05:38,800 --> 00:05:42,060 des parties décède et c'est une action qui n'est pas transmissible 97 00:05:42,260 --> 00:05:44,980 aux héritiers, dans ce cas-là c'est la loi qui énonce que c'est une 98 00:05:45,180 --> 00:05:48,740 cause d'extinction d'instance, soit parce que les parties, 99 00:05:49,100 --> 00:05:53,340 l'une des parties ou les parties ensemble décident de mettre fin 100 00:05:53,540 --> 00:05:55,480 à l'instance avant que le jugement soit rendu. 101 00:05:55,740 --> 00:05:59,480 Alors quels sont ces actes des parties qui peuvent mettre fin 102 00:05:59,680 --> 00:06:00,730 à l'instance de façon anticipée ? 103 00:06:00,930 --> 00:06:06,140 Lorsque c'est le demandeur qui veut mettre fin à l'instance, 104 00:06:06,340 --> 00:06:09,880 il peut le faire dans un acte unilatéral qui est le désistement, 105 00:06:10,080 --> 00:06:12,260 plus précisément le désistement d'instance. 106 00:06:14,240 --> 00:06:17,360 Également le désistement d'action, mais l'effet du désistement d'action 107 00:06:17,560 --> 00:06:20,520 sera plus large que le simple désistement d'instance, 108 00:06:20,780 --> 00:06:21,600 j'explique. 109 00:06:22,540 --> 00:06:25,280 Le désistement d'instance, c'est un acte par lequel le demandeur 110 00:06:25,480 --> 00:06:29,520 met fin à l'instance qui est engagée, mais ne renonce pas à son droit 111 00:06:29,720 --> 00:06:30,480 d'action. 112 00:06:30,680 --> 00:06:33,200 Donc il peut très bien se dire, donc, intenter une instance et 113 00:06:33,400 --> 00:06:36,100 puis se dire, enfin intenter une action, et puis en cours d'instance 114 00:06:36,300 --> 00:06:38,400 se dire, ah mais ce n'est pas le moment du tout en fait pour telle 115 00:06:38,600 --> 00:06:41,800 ou telle raison, donc je me désiste, mais un an plus tard, 116 00:06:42,180 --> 00:06:46,840 si le délai de prescription n'est pas écoulé, il peut encore à nouveau 117 00:06:47,040 --> 00:06:49,460 intenter l'action, il n'y a pas d'autorité de la chose jugée, 118 00:06:49,660 --> 00:06:51,780 puisque par hypothèse il n'y a pas de jugement, la chose n'a pas 119 00:06:51,980 --> 00:06:52,740 été jugée. 120 00:06:52,940 --> 00:06:55,520 Donc c'est le bon moment maintenant et il réintente une action. 121 00:06:57,040 --> 00:06:59,960 S'il s'est désisté de son action, ça n'est pas possible, 122 00:07:00,160 --> 00:07:03,820 parce que le désistement d'action consiste pour le demandeur à mettre 123 00:07:04,020 --> 00:07:08,320 fin à l'instance et en même temps à renoncer à son droit d'action. 124 00:07:09,820 --> 00:07:11,760 Donc le droit d'action est éteint, il n'y a plus de droit d'action. 125 00:07:12,400 --> 00:07:15,480 Résultat, si un an plus tard il décide d'agir à nouveau, 126 00:07:15,880 --> 00:07:19,280 là on lui opposera, l'adversaire lui opposera son désistement d'action 127 00:07:19,480 --> 00:07:21,220 et donc l'extinction du droit d'action. 128 00:07:21,420 --> 00:07:24,680 Et donc s'il n'y a pas de droit d'action, la demande est irrecevable 129 00:07:24,880 --> 00:07:28,080 puisque c'est la sanction du défaut de droit d'action. 130 00:07:28,980 --> 00:07:32,800 Donc le désistement d'instance et le désistement d'action sont 131 00:07:33,000 --> 00:07:35,100 des actes qui mettent fin à l'instance. 132 00:07:37,380 --> 00:07:41,140 Lorsque c'est le défendeur qui veut mettre fin à l'instance avant 133 00:07:41,340 --> 00:07:42,100 le jugement. 134 00:07:42,300 --> 00:07:46,080 Alors là il ne suffit pas de dire je ne veux plus de cette instance, 135 00:07:46,360 --> 00:07:48,340 j'ai envie de mettre fin à l'instance, évidemment ce serait trop facile 136 00:07:48,540 --> 00:07:50,280 puisque c'est le défendeur donc il ne choisit pas. 137 00:07:51,340 --> 00:07:55,400 En revanche, il peut unilatéralement mettre fin à l'instance mais à 138 00:07:55,600 --> 00:07:58,280 condition d'acquiescer à la demande. 139 00:07:58,480 --> 00:08:00,940 Donc c'est l'acte d'acquiescement à la demande, c'est-à-dire qu'il 140 00:08:01,140 --> 00:08:04,900 se soumet aux prétentions et donc il va donner au demandeur ce qu'il 141 00:08:05,100 --> 00:08:07,560 veut, de son plein gré. 142 00:08:08,840 --> 00:08:11,780 Et puis il est également possible que les parties se mettent d'accord 143 00:08:11,980 --> 00:08:13,780 pour mettre fin à l'instance parce qu'elles ont trouvé une solution 144 00:08:13,980 --> 00:08:17,400 à leur litige, par exemple dans un contrat de transaction qu'on 145 00:08:17,600 --> 00:08:20,360 appellera ici une transaction judiciaire parce qu'elle intervient 146 00:08:20,560 --> 00:08:21,540 pendant le procès. 147 00:08:23,280 --> 00:08:26,520 Et donc alors il y a plusieurs façons de procéder quand les parties 148 00:08:26,720 --> 00:08:27,480 se mettent d'accord. 149 00:08:27,700 --> 00:08:31,200 Soit elles se mettent d'accord et elles vont trouver le juge en 150 00:08:31,400 --> 00:08:35,980 lui montrant leur accord sur la solution du litige, ce qui leur 151 00:08:36,180 --> 00:08:39,960 permet par la même occasion d'obtenir la force exécutoire puisque lorsque 152 00:08:40,160 --> 00:08:44,480 le juge constate un contrat, de ce fait il lui confère force 153 00:08:44,680 --> 00:08:45,440 exécutoire. 154 00:08:47,980 --> 00:08:51,720 Et le juge constate également qu'il est dessaisi puisqu'il n'y a plus 155 00:08:51,920 --> 00:08:54,900 de litige donc l'instance s'éteint. 156 00:08:55,940 --> 00:08:59,940 Soit les parties concluent un contrat, un accord sur la solution du litige 157 00:09:00,140 --> 00:09:04,500 et pour simplifier, il est simplement convenu dans la transaction que 158 00:09:04,700 --> 00:09:07,600 le demandeur se désistera de son action et dans ce cas-là, 159 00:09:07,800 --> 00:09:09,080 ça prendra la forme d'un désistement d'action. 160 00:09:10,400 --> 00:09:14,780 Tout cela, ce sont des incidents d'instance et donc ces actes des 161 00:09:14,980 --> 00:09:17,480 parties par lesquelles elles peuvent mettre fin à l'instance prématurément, 162 00:09:17,680 --> 00:09:22,480 c'est une manifestation du fait que l'existence de l'instance dépend 163 00:09:22,680 --> 00:09:23,880 exclusivement de la volonté des parties. 164 00:09:24,080 --> 00:09:27,820 Le juge ne pourrait pas s'opposer à un désistement, à un acquiescement 165 00:09:28,020 --> 00:09:31,440 à la demande ou à une transaction, ça ne le regarde pas, 166 00:09:31,640 --> 00:09:32,520 les intérêts sont privés. 167 00:09:32,720 --> 00:09:35,360 Si les parties, pour des raisons qui les regardent, veulent mettre 168 00:09:35,560 --> 00:09:38,300 fin à l'instance par l'un de ces trois actes, elles sont souveraines. 169 00:09:39,320 --> 00:09:46,340 Donc en conclusion de cette section 1, les parties ont le monopole de 170 00:09:46,540 --> 00:09:49,900 la décision de faire vivre une instance ou non. 171 00:09:50,580 --> 00:09:53,700 Pourquoi ce monopole des parties sur le début de l'instance et sur 172 00:09:53,900 --> 00:09:55,340 la fin prématurée de l'instance ? 173 00:09:55,540 --> 00:09:58,680 Parce que le début et la fin de l'instance soulèvent une même question. 174 00:09:59,160 --> 00:10:03,200 La question est la suivante, le litige va-t-il recevoir une 175 00:10:03,400 --> 00:10:07,800 solution judiciaire ou bien plutôt une solution amiable ? 176 00:10:08,000 --> 00:10:11,500 Seules les parties peuvent répondre à cette question parce que leurs 177 00:10:11,700 --> 00:10:12,460 intérêts sont privés. 178 00:10:12,960 --> 00:10:16,320 Donc elles sont maîtresses de leur litige, ça signifie qu'elles sont 179 00:10:16,520 --> 00:10:18,140 maîtresses de la façon dont elles vont le régler. 180 00:10:18,340 --> 00:10:20,980 Est-ce qu'elles vont le régler à l'amiable ou est-ce qu'elles 181 00:10:21,180 --> 00:10:23,160 vont le régler de façon juridictionnelle ? 182 00:10:23,360 --> 00:10:25,420 Elles sont les seules à pouvoir répondre à cette question d'où 183 00:10:25,620 --> 00:10:26,720 le monopole. 184 00:10:27,700 --> 00:10:30,620 La logique n'est pas du tout la même lorsqu'on s'intéresse à présent 185 00:10:30,820 --> 00:10:34,820 au rythme de l'instance une fois que l'instance a été initiée. 186 00:10:35,020 --> 00:10:39,660 Section 2 : les rôles respectifs du juge et des parties à l'égard 187 00:10:39,860 --> 00:10:41,640 de la conduite de l'instance. 188 00:10:43,820 --> 00:10:47,640 Déterminer les rôles respectifs du juge et des parties à l'égard 189 00:10:47,840 --> 00:10:52,760 de la conduite de l'instance, c'est se demander qui décide du 190 00:10:52,960 --> 00:10:56,600 rythme du cours de l'instance, qui décide de l'avancée de la 191 00:10:56,800 --> 00:11:00,020 procédure, du rythme de l'échange des pièces et des moyens, 192 00:11:00,340 --> 00:11:04,120 de la date de la plaidoirie, de la question de savoir si les 193 00:11:04,320 --> 00:11:06,880 parties peuvent encore déposer des pièces, si elles le font, 194 00:11:07,140 --> 00:11:08,240 dans quel délai ? 195 00:11:08,440 --> 00:11:09,200 Toutes ces questions. 196 00:11:09,560 --> 00:11:11,700 Alors qui décide du rythme de l'instance ? 197 00:11:11,900 --> 00:11:14,420 Qui décide de l'accomplissement des actes de procédure ? 198 00:11:14,620 --> 00:11:18,900 Ce sont les articles 2 et 3 du Code de procédure civile et quand 199 00:11:19,100 --> 00:11:21,900 on les lit, de prime abord, ça donne l'impression d'une coopération 200 00:11:22,100 --> 00:11:25,660 où chacun aurait un rôle, les parties d'un côté et le juge 201 00:11:25,860 --> 00:11:26,620 de l'autre. 202 00:11:26,820 --> 00:11:31,280 Article 2, les parties conduisent l'instance, donc rôle important 203 00:11:31,480 --> 00:11:35,880 conféré aux parties par l'article 2, sous les charges qui leur incombent. 204 00:11:36,240 --> 00:11:37,300 Quelles sont ces charges ? 205 00:11:37,500 --> 00:11:41,040 Eh bien la deuxième phrase le dit, il leur appartient d'accomplir 206 00:11:41,240 --> 00:11:44,500 les actes de la procédure dans les formes et délais requis. 207 00:11:44,900 --> 00:11:50,640 Donc les parties conduisent l'instance, par exemple, elles décident si 208 00:11:50,840 --> 00:11:52,640 elles veulent encore conclure, elles décident si elles veulent 209 00:11:52,840 --> 00:11:55,480 produire de nouvelles pièces, mais sous les charges qui leur 210 00:11:55,680 --> 00:11:58,080 incombent, c'est-à-dire qu'elles doivent respecter les formes, 211 00:11:58,280 --> 00:12:01,260 elles doivent respecter les délais, c'est l'article 2. 212 00:12:08,380 --> 00:12:12,520 Et article 3, le juge veille au bon déroulement de l'instance, 213 00:12:12,720 --> 00:12:14,800 il a le pouvoir d'impartir les délais et d'ordonner les mesures 214 00:12:15,000 --> 00:12:15,760 nécessaires. 215 00:12:15,960 --> 00:12:19,220 Donc cette fois-ci, des pouvoirs sont conférés au juge pour sanctionner 216 00:12:19,420 --> 00:12:21,680 les parties si elles ne satisfont pas à leurs charges. 217 00:12:22,220 --> 00:12:25,980 Donc on a les parties conduisent l'instance, le juge veille au bon 218 00:12:26,180 --> 00:12:27,460 déroulement de l'instance, une sorte de balancement, 219 00:12:27,660 --> 00:12:30,520 donc équilibre des rôles entre les parties et le juge. 220 00:12:31,220 --> 00:12:35,680 En réalité, les parties sont soumises à la direction du juge, 221 00:12:35,880 --> 00:12:37,540 c'est surtout le juge qui conduit l'instance. 222 00:12:39,540 --> 00:12:43,660 L'idée, c'est en effet que dès lors que les parties ont saisi 223 00:12:43,860 --> 00:12:45,920 une juridiction étatique, donc dès lors qu'elles ont décidé, 224 00:12:46,400 --> 00:12:50,400 et elles sont seules à pouvoir le faire, de donner une solution judiciaire 225 00:12:50,600 --> 00:12:54,240 à leur litige, elles doivent accepter les contraintes du fonctionnement 226 00:12:54,440 --> 00:12:55,300 du service public de la justice. 227 00:12:55,700 --> 00:12:59,460 C'est donc un objectif d'efficacité du service public de la justice 228 00:12:59,660 --> 00:13:02,760 qui guide les solutions, c'est ce que Loïc Cadiet appelle 229 00:13:02,960 --> 00:13:06,640 le management judiciaire. 230 00:13:06,840 --> 00:13:09,680 De ce point de vue, le nouveau code prend le total contre-pied 231 00:13:09,880 --> 00:13:13,160 par rapport à l'ancien code dans lequel, au contraire, 232 00:13:13,360 --> 00:13:16,680 le juge restait passif et c'est les parties exclusivement qui 233 00:13:16,880 --> 00:13:18,060 s'occupaient du rythme de l'instance. 234 00:13:18,620 --> 00:13:25,040 Désormais, le juge a un pouvoir, et un pouvoir plus important que 235 00:13:25,240 --> 00:13:26,680 ne le laissent subodorer les articles 2 et 3. 236 00:13:26,920 --> 00:13:29,180 C'est vrai qu'il reste certains éléments aux parties, 237 00:13:29,540 --> 00:13:31,660 par exemple c'est vrai que si elles veulent encore conclure, 238 00:13:31,860 --> 00:13:35,940 en principe le juge ne peut pas s'y opposer, mais il peut d'abord 239 00:13:36,140 --> 00:13:38,440 manifester son mécontentement et ne se prive souvent pas de le faire, 240 00:13:38,680 --> 00:13:42,000 et puis juridiquement, il peut leur impartir un délai 241 00:13:42,200 --> 00:13:42,960 assez court. 242 00:13:43,160 --> 00:13:46,500 Et donc le juge finalement a quand même toujours la main sur le rythme 243 00:13:46,700 --> 00:13:47,460 de l'instance. 244 00:13:47,700 --> 00:13:50,400 Alors impartir des délais et ordonner les mesures nécessaires, 245 00:13:50,600 --> 00:13:52,200 qu'est-ce que ça recouvre plus précisément ? 246 00:13:52,400 --> 00:13:53,200 Je vais vous donner des exemples. 247 00:13:53,440 --> 00:13:57,220 Par exemple, ça veut dire que le juge peut ordonner des injonctions 248 00:13:57,420 --> 00:14:01,580 de conclure, maintenant par exemple si une partie demande à chaque 249 00:14:01,780 --> 00:14:03,360 fois un renvoi parce qu'elle n'a pas eu le temps de conclure, 250 00:14:03,560 --> 00:14:05,920 au bout d'un moment le juge peut lui dire maintenant vous avez 251 00:14:06,120 --> 00:14:09,260 injonction de conclure avant telle date, sinon sanction, 252 00:14:09,640 --> 00:14:11,000 sinon je radie l'affaire par exemple. 253 00:14:12,260 --> 00:14:15,120 Et injonctions de conclure qui peuvent être données sous astreinte, 254 00:14:15,320 --> 00:14:19,640 même si apparemment assez rare, mais enfin juridiquement, 255 00:14:19,840 --> 00:14:23,240 le code autorise le juge à donner injonction, de communiquer une 256 00:14:23,440 --> 00:14:27,240 pièce sous astreinte de 50 euros par jour de retard. 257 00:14:28,600 --> 00:14:31,120 Donc injonctions de conclure, injonctions de communiquer une pièce, 258 00:14:31,520 --> 00:14:37,120 il peut ordonner la radiation du rôle, c'est-à-dire qu'il va sortir l'affaire 259 00:14:37,320 --> 00:14:41,040 du rôle spécial qu'on appelle aussi le rôle des affaires en cours, 260 00:14:41,340 --> 00:14:44,360 c'est-à-dire la liste des affaires qui progressent pour lesquelles 261 00:14:44,560 --> 00:14:48,660 on prévoit des audiences de procédure et puis finalement au bout d'un 262 00:14:48,860 --> 00:14:51,700 certain temps quand l'affaire sera mise en état, clôture de l'instruction 263 00:14:51,900 --> 00:14:54,780 si on est dans une procédure écrite et finalement audience de plaidoirie, 264 00:14:55,020 --> 00:14:58,520 l'affaire n'est plus sur ce rôle-là, sur cette liste-là, elle n'est 265 00:14:58,720 --> 00:15:01,960 plus que sur le rôle général, la liste de toutes les affaires 266 00:15:02,160 --> 00:15:04,680 pendantes devant la juridiction et quand elle est uniquement sur 267 00:15:04,880 --> 00:15:05,960 cette liste, elle ne peut pas progresser. 268 00:15:06,520 --> 00:15:08,960 Donc c'est une sanction pour le demandeur. 269 00:15:09,700 --> 00:15:12,460 Le juge peut également ordonner la clôture de l'instruction, 270 00:15:15,320 --> 00:15:18,280 au bout d'un moment dire non je n'accepte pas le renvoi, 271 00:15:18,480 --> 00:15:20,420 tant pis, je clos l'instruction. 272 00:15:20,880 --> 00:15:25,660 Et si des conclusions ont été déposées la veille de la clôture, 273 00:15:25,940 --> 00:15:29,340 il a le pouvoir d'écarter les conclusions, donc il va statuer 274 00:15:29,540 --> 00:15:30,640 sans lire les conclusions. 275 00:15:30,940 --> 00:15:33,560 Donc il a un certain nombre de pouvoirs qui font partie de son 276 00:15:33,760 --> 00:15:36,140 pouvoir de veiller au bon déroulement de l'instance. 277 00:15:39,120 --> 00:15:41,320 C'est un pouvoir qui va d'ailleurs assez loin parce que par exemple 278 00:15:41,520 --> 00:15:45,960 même si les deux parties lui demandent un renvoi à une audience ultérieure, 279 00:15:46,180 --> 00:15:48,840 donc elles sont d'accord, le juge peut le refuser 280 00:15:49,040 --> 00:15:51,400 discrétionnairement sans même donner de motifs en disant maintenant 281 00:15:51,600 --> 00:15:54,580 ça suffit, ça fait trop longtemps, donc vous me demandez toutes un 282 00:15:54,780 --> 00:15:56,660 renvoi mais je ne vous l'accorde pas. 283 00:15:57,000 --> 00:15:59,080 Alors on pourrait se dire, pourtant ça les regarde, 284 00:15:59,280 --> 00:16:00,200 leurs intérêts sont privés, etc. 285 00:16:00,720 --> 00:16:04,880 Non non non, le juge reste maître du rythme de l'instance, 286 00:16:05,080 --> 00:16:07,860 il ne faut pas que ça dure trop longtemps, donc il peut s'y opposer. 287 00:16:09,480 --> 00:16:12,520 Alors je récapitule pour les sections 1 et 2. 288 00:16:12,920 --> 00:16:15,740 Pour ce qui est de l'existence de l'instance, donc seules les 289 00:16:15,940 --> 00:16:18,780 parties maîtrisent le choix du mode de règlement du litige, 290 00:16:18,980 --> 00:16:21,800 amiable ou juridictionnel, donc seules elles introduisent 291 00:16:22,000 --> 00:16:23,620 l'instance et elles peuvent y mettre fin prématurément. 292 00:16:23,820 --> 00:16:26,480 Pour ce qui est de la conduite de l'instance, comme je viens de 293 00:16:26,680 --> 00:16:29,240 le voir, c'est principalement le juge parce qu'on est dans le cadre 294 00:16:29,440 --> 00:16:31,200 d'un service public, le service public de la justice. 295 00:16:31,860 --> 00:16:35,000 Qu'en est-il à présent de la matière litigieuse ? 296 00:16:35,200 --> 00:16:36,900 C'est ce que nous verrons dans la prochaine vidéo.