1 00:00:06,210 --> 00:00:09,533 Sous la Révolution française cette fois-ci, 2 00:00:09,800 --> 00:00:14,111 en réaction aux abus des parlements de l’Ancien Régime, 3 00:00:14,155 --> 00:00:20,088 les révolutionnaires se sont inscrits dans le sillon creusé par l’édit de Saint-Germain. 4 00:00:20,520 --> 00:00:26,244 Ils ont décidé de soustraire, à la connaissance des juridictions ordinaires, 5 00:00:26,444 --> 00:00:29,970 le contentieux de l’activité administrative. 6 00:00:30,960 --> 00:00:34,488 Deux textes sont, à cet égard, fondamentaux 7 00:00:34,600 --> 00:00:37,777 et expriment la ferme volonté des révolutionnaires. 8 00:00:38,490 --> 00:00:46,533 Il s’agit d’une part de l’article 13 de la loi des 16 et 24 août 1790, 9 00:00:46,890 --> 00:00:53,088 et d’autre part, de l’article unique du décret du 16 fructidor an III, 10 00:00:53,430 --> 00:00:57,311 c’est-à-dire du 2 septembre 1795. 11 00:00:57,810 --> 00:01:04,311 Je vous le cite : "Défenses itératives sont faites aux tribunaux 12 00:01:04,377 --> 00:01:09,911 de connaître des actes d’administration de quelques espèces qu’ils soient". 13 00:01:11,850 --> 00:01:16,288 Ces textes sont fondamentaux dans l’histoire de la justice française 14 00:01:16,333 --> 00:01:20,977 et leur importance est confirmée par leur maintien en vigueur. 15 00:01:21,230 --> 00:01:23,711 Aujourd’hui, ces deux textes sont interprétés 16 00:01:23,777 --> 00:01:28,422 comme le fondement du dualisme juridictionnel en France, 17 00:01:28,622 --> 00:01:31,466 ce qui explique notamment qu’ils soient toujours mentionnés, 18 00:01:31,622 --> 00:01:35,777 à ce titre, dans les visas des décisions du Tribunal des conflits. 19 00:01:36,660 --> 00:01:42,844 Au fond, le principe de séparation des autorités administratives et judiciaires 20 00:01:42,860 --> 00:01:44,644 est, pour les révolutionnaires, 21 00:01:44,955 --> 00:01:50,800 une conséquence de leur conception de la séparation des pouvoirs. 22 00:01:51,450 --> 00:01:54,266 Deux éléments vont dans ce sens. 23 00:01:55,155 --> 00:01:57,511 Tout d’abord, premier élément, 24 00:01:58,488 --> 00:02:02,311 une lecture stricte de la séparation des pouvoirs, 25 00:02:03,377 --> 00:02:07,155 en réaction évidemment par rapport à la concentration des pouvoirs 26 00:02:07,244 --> 00:02:09,488 qui caractérise la monarchie absolue, 27 00:02:09,970 --> 00:02:14,622 conduit les révolutionnaires à penser que les juridictions ordinaires 28 00:02:14,711 --> 00:02:18,666 ne doivent en aucun cas statuer sur des litiges 29 00:02:18,866 --> 00:02:21,466 qui mettent en cause le pouvoir exécutif, 30 00:02:22,688 --> 00:02:25,911 à travers son instrument qu’est l’administration. 31 00:02:27,340 --> 00:02:28,600 Second élément ; 32 00:02:28,800 --> 00:02:36,770 de plus, les révolutionnaires estiment qu’on ne peut créer un ordre juridictionnel spécial 33 00:02:37,022 --> 00:02:39,590 qui serait propre au contentieux administratif. 34 00:02:40,377 --> 00:02:42,288 Deux raisons l’excluent. 35 00:02:42,520 --> 00:02:46,130 En premier lieu, le principe de la séparation des pouvoirs, 36 00:02:46,177 --> 00:02:47,911 dans cette conception stricte, 37 00:02:48,222 --> 00:02:52,844 interdit qu’un juge, quel qu’il soit, soit chargé de ce contentieux. 38 00:02:53,710 --> 00:02:59,333 En second lieu, seconde raison qui exclut la création d’un ordre juridictionnel propre, 39 00:03:00,066 --> 00:03:06,911 la création d’un ordre juridictionnel spécial pour les litiges administratifs 40 00:03:07,170 --> 00:03:11,755 aurait été interprétée comme le rétablissement d’une justice d’exception 41 00:03:12,066 --> 00:03:14,422 au profit de l’administration, 42 00:03:14,688 --> 00:03:19,570 ce qui était au fond inconcevable dans une période d’abolition des privilèges. 43 00:03:20,650 --> 00:03:23,955 La solution qui a été retenue par les révolutionnaires 44 00:03:24,020 --> 00:03:26,377 a donc été d’attribuer directement 45 00:03:26,600 --> 00:03:32,133 le règlement des litiges administratifs à l’administration elle-même. 46 00:03:33,111 --> 00:03:38,488 D’abord attribué à des collèges d’administrateurs au niveau local 47 00:03:38,533 --> 00:03:40,244 et au niveau central, 48 00:03:40,444 --> 00:03:44,888 le contentieux administratif a ensuite été confié au ministre 49 00:03:45,177 --> 00:03:51,177 par la Constitution du Directoire, à savoir la Constitution du 5 fructidor an III, 50 00:03:51,355 --> 00:03:54,444 c’est-à-dire du 22 août 1795. 51 00:03:56,070 --> 00:03:59,000 La Constitution confie ainsi à chaque ministre 52 00:03:59,244 --> 00:04:04,244 le soin d’exercer les missions tant administratives que juridictionnelles 53 00:04:04,377 --> 00:04:06,688 afférentes à son domaine. 54 00:04:06,900 --> 00:04:12,755 C’est ce qu’on a appelé le système du ministre-juge qui a perduré pendant près d’un siècle. 55 00:04:16,260 --> 00:04:22,533 Cette attribution à l’administration du traitement des litiges nés de son activité, 56 00:04:22,820 --> 00:04:26,933 en raison du principe de séparation des autorités administratives et judiciaires, 57 00:04:27,080 --> 00:04:32,400 n’est qu’un premier pas vers l’avènement d’une justice administrative. 58 00:04:32,760 --> 00:04:38,177 Vous devez bien comprendre que l’état actuel de cette justice tient à une autre séparation, 59 00:04:38,400 --> 00:04:42,200 celle de l’administration active et de son juge. 60 00:04:42,800 --> 00:04:47,771 Passons donc, 2, à l’affirmation d’une juridiction administrative : 61 00:04:48,060 --> 00:04:52,440 la séparation du juge administratif et de l’administration active. 62 00:04:54,920 --> 00:04:58,644 L’avènement d’une juridiction administrative autonome 63 00:04:58,644 --> 00:05:01,311 par rapport à l’administration active 64 00:05:01,533 --> 00:05:04,866 n’est intervenu qu’au terme d’une longue évolution, 65 00:05:05,066 --> 00:05:11,044 au cours de laquelle le principe de séparation du juge administratif et de l’administration 66 00:05:11,444 --> 00:05:14,200 s’est imposé très progressivement. 67 00:05:14,960 --> 00:05:19,280 Il est permis de considérer que ce processus de juridictionnalisation 68 00:05:19,355 --> 00:05:24,222 a commencé sous le Consulat et à l’instigation de Napoléon. 69 00:05:24,800 --> 00:05:30,390 Mais avant de décrire brièvement ce processus de juridictionnalisation, 70 00:05:30,511 --> 00:05:36,040 de séparation de l’administration active et du juge administratif, 71 00:05:36,620 --> 00:05:41,000 je dois vous rappeler que le 19e siècle a été très largement 72 00:05:41,400 --> 00:05:44,911 dominé par une conception de la justice administrative 73 00:05:45,088 --> 00:05:48,155 synthétisée en une formule restée célèbre : 74 00:05:48,800 --> 00:05:53,200 "Juger l’administration, c’est encore administrer". 75 00:05:54,290 --> 00:05:58,200 Cette célèbre formule que l’on doit à Henrion de Pansey 76 00:05:58,577 --> 00:06:03,555 résume à elle seule la conception spécifiquement française 77 00:06:03,750 --> 00:06:06,466 selon laquelle le juge administratif 78 00:06:06,688 --> 00:06:11,044 ne doit pas être un juge spécialisé en matière administrative, 79 00:06:11,400 --> 00:06:15,244 mais un juge ayant l’esprit d’un administrateur, 80 00:06:15,688 --> 00:06:18,355 c’est-à-dire un juge ayant conscience 81 00:06:18,550 --> 00:06:23,933 que ses décisions sont un complément de l’action administrative. 82 00:06:25,680 --> 00:06:30,377 Ainsi, l’histoire de la justice administrative est celle d’un équilibre 83 00:06:30,630 --> 00:06:35,666 entre le souci de tenir compte des besoins de l’administration 84 00:06:36,180 --> 00:06:40,288 et la volonté d’assurer le respect des droits privés. 85 00:06:41,044 --> 00:06:45,288 Cette recherche d’équilibre s’est traduite, sur un plan institutionnel, 86 00:06:45,644 --> 00:06:51,222 par une séparation progressive entre le juge administratif et l’administration. 87 00:06:51,930 --> 00:06:55,022 Trois temps forts méritent d’être mis en lumière. 88 00:06:55,680 --> 00:06:56,466 Premier temps : 89 00:06:57,333 --> 00:07:03,400 le Consulat marque sans aucun doute le début de ce processus de juridictionnalisation, 90 00:07:03,622 --> 00:07:07,400 puisque l’article 52 de la Constitution du Consulat, 91 00:07:07,660 --> 00:07:14,733 à savoir la Constitution du 22 Frimaire an VIII, c’est-à-dire le 13 décembre 1799, 92 00:07:15,022 --> 00:07:17,133 crée le Conseil d’État. 93 00:07:17,710 --> 00:07:23,000 Cet article 52 de la Constitution du Consulat charge le Conseil d’État 94 00:07:23,240 --> 00:07:27,422 de rédiger les projets de lois et les règlements d’administration publique 95 00:07:27,977 --> 00:07:32,711 et de résoudre les difficultés qui s’élèvent en matière administrative. 96 00:07:33,790 --> 00:07:35,755 Alors ici, il faut faire bien attention, 97 00:07:35,800 --> 00:07:39,844 le Conseil d’État est essentiellement compris dans l’esprit de Napoléon 98 00:07:39,911 --> 00:07:42,844 comme un organe de centralisation administrative. 99 00:07:43,110 --> 00:07:47,111 Le Conseil d’État est un instrument de l’autorité de l’État. 100 00:07:48,150 --> 00:07:54,400 En effet, le Conseil d’État n’est alors qu’un organe placé auprès du chef de l’État. 101 00:07:54,810 --> 00:07:59,177 Le Conseil d’État se voit alors confier la préparation des projets de décision 102 00:07:59,860 --> 00:08:05,800 et le chef de l’État va prendre seul les décisions proposées par le Conseil d’État. 103 00:08:06,210 --> 00:08:11,133 C’est ce qu’on désigne en parlant de système de justice retenue. 104 00:08:12,320 --> 00:08:18,111 À cette époque, le Conseil d’État occupe deux principales fonctions. 105 00:08:18,410 --> 00:08:23,933 Première fonction, celle de juge d’attribution en premier ressort pour certains litiges. 106 00:08:24,200 --> 00:08:25,333 Seconde fonction, 107 00:08:25,444 --> 00:08:31,377 celle de juge d’appel de décisions rendues par deux organes administratifs 108 00:08:31,622 --> 00:08:35,666 chargés d’examiner les litiges administratifs en premier ressort. 109 00:08:36,200 --> 00:08:40,200 Ces deux organes sont les ministres qui sont, je vous le rappelle, 110 00:08:40,310 --> 00:08:45,977 juges de droit commun en premier ressort pour les litiges afférents à leur administration, 111 00:08:46,666 --> 00:08:48,822 et les conseils de préfecture, 112 00:08:49,100 --> 00:08:52,688 conseils de préfecture qui ont été créés dans chaque département 113 00:08:53,155 --> 00:08:59,688 par la loi du 28 pluviôse an VIII, c’est-à-dire du 17 février 1800. 114 00:09:00,810 --> 00:09:01,933 Deuxième temps fort, 115 00:09:04,422 --> 00:09:10,755 c’est l’association du Conseil d’État à la compétence juridictionnelle du chef de l’État, 116 00:09:11,044 --> 00:09:18,022 qui va franchir un pas décisif avec la création d’une commission du contentieux. 117 00:09:18,600 --> 00:09:22,911 En effet, le décret du 11 juin 1806 118 00:09:23,066 --> 00:09:26,422 crée une commission du contentieux au sein du Conseil d’État. 119 00:09:27,150 --> 00:09:30,377 À nouveau, cette commission va se borner évidemment 120 00:09:30,533 --> 00:09:35,000 à proposer des projets d’avis à l’assemblée générale du Conseil d’État, 121 00:09:35,310 --> 00:09:40,111 laquelle se prononce avant que l’Empereur ne rende sa décision, 122 00:09:40,422 --> 00:09:43,711 donc le système de justice retenue prévaut. 123 00:09:44,190 --> 00:09:49,488 Mais ce texte marque sans nul doute un début de spécialisation 124 00:09:49,555 --> 00:09:52,350 dans le traitement des affaires contentieuses. 125 00:09:53,310 --> 00:09:58,577 La juridictionnalisation de la procédure s’est poursuivie sous la Monarchie de Juillet 126 00:09:58,800 --> 00:10:05,511 avec des textes comme les décrets du 2 février et du 12 mars 1831 127 00:10:05,970 --> 00:10:08,555 qui renforcent la séparation 128 00:10:08,620 --> 00:10:11,466 entre les fonctions administratives et juridictionnelles, 129 00:10:11,888 --> 00:10:16,755 tout en instaurant par exemple les principes de l’audience publique 130 00:10:16,777 --> 00:10:20,400 ou encore de l’intervention d’un commissaire du gouvernement. 131 00:10:21,090 --> 00:10:28,222 La libéralisation du régime juridique s’est poursuivie sous le Second Empire 132 00:10:28,444 --> 00:10:32,933 puisque, par exemple, le décret du 2 novembre 1864 133 00:10:33,311 --> 00:10:39,888 a dispensé de ministère d’avocat et de droit de timbre, 134 00:10:40,110 --> 00:10:44,133 l’exercice d’un recours pour excès de pouvoir. 135 00:10:45,700 --> 00:10:49,333 Troisième et dernier temps fort, 136 00:10:49,822 --> 00:10:54,200 il faut bien comprendre que l’avènement d’un ordre juridictionnel 137 00:10:54,288 --> 00:10:58,577 pleinement indépendant de l’administration active 138 00:10:58,955 --> 00:11:05,480 a supposé un passage de la justice retenue à la justice déléguée. 139 00:11:06,450 --> 00:11:10,444 Certes, on a constaté, tout au long du 19e siècle, 140 00:11:10,777 --> 00:11:15,000 que le chef de l’État reprenait presque systématiquement 141 00:11:15,222 --> 00:11:20,911 les projets élaborés par la commission du contentieux du Conseil d’État, 142 00:11:21,420 --> 00:11:25,555 ce qui témoigne, outre de la qualité du travail accompli, 143 00:11:25,920 --> 00:11:34,244 de l’autonomie de fait acquise par le Conseil d’État dans le système de justice retenu. 144 00:11:36,090 --> 00:11:40,555 Il faut néanmoins attendre la deuxième République 145 00:11:40,730 --> 00:11:45,533 pour que la justice déléguée soit confiée, pour la première fois, 146 00:11:46,080 --> 00:11:52,555 au Conseil d’État par la loi du 3 mars 1849. 147 00:11:53,311 --> 00:11:58,200 Cependant, la chute de la République et la période du Second Empire 148 00:11:59,222 --> 00:12:01,911 ont d’abord marqué une ère de régression, 149 00:12:02,330 --> 00:12:04,828 symbolisées par le retour immédiat 150 00:12:04,942 --> 00:12:08,514 à un système de justice retenu pour le Conseil d’État. 151 00:12:09,360 --> 00:12:10,355 Dans cette perspective, 152 00:12:10,444 --> 00:12:15,666 la chute du Second Empire marque un tournant décisif 153 00:12:16,044 --> 00:12:22,044 et a ouvert une période d’enracinement d’une justice administrative indépendante. 154 00:12:23,070 --> 00:12:29,000 Trois étapes fondamentales sont à distinguer sous la Troisième République. 155 00:12:29,540 --> 00:12:34,866 La première étape fondamentale, c’est la loi du 24 mai 1872. 156 00:12:35,370 --> 00:12:41,644 En effet, cette loi octroie définitivement la justice déléguée au Conseil d’État 157 00:12:41,911 --> 00:12:44,422 et recrée le Tribunal des conflits. 158 00:12:44,970 --> 00:12:52,266 Ainsi, pour les affaires dont le Conseil d’État connaît en première instance et en appel, 159 00:12:52,444 --> 00:12:56,311 l’administration est détachée de son juge. 160 00:12:57,360 --> 00:13:03,270 Le droit positif rappelle aujourd’hui combien cette loi du 24 mai 1872 161 00:13:03,377 --> 00:13:09,177 est conçue comme le socle d’un ordre juridictionnel administratif autonome, 162 00:13:09,460 --> 00:13:16,533 par rapport à l’ordre judiciaire et indépendant par rapport au pouvoir exécutif. 163 00:13:17,430 --> 00:13:23,333 En effet, vous le savez, le Conseil constitutionnel a dégagé, de ce texte, 164 00:13:23,755 --> 00:13:28,244 un principe fondamental reconnu par les lois de la République, 165 00:13:28,650 --> 00:13:32,222 d’indépendance des juridictions administratives 166 00:13:32,342 --> 00:13:36,485 dans une décision du 22 juillet 1980. 167 00:13:38,160 --> 00:13:41,333 Deuxième étape fondamentale sous la Troisième République. 168 00:13:41,880 --> 00:13:45,971 Fort de son autonomie acquise en 1872, 169 00:13:46,171 --> 00:13:51,914 le Conseil d’État a décidé de mettre fin au système du ministre-juge, 170 00:13:52,142 --> 00:13:54,514 un système vieux d’un siècle. 171 00:13:55,333 --> 00:14:01,222 Il y a mis fin par l’arrêt Cadot du 13 décembre 1889. 172 00:14:01,866 --> 00:14:03,644 Par cette jurisprudence, 173 00:14:04,044 --> 00:14:07,977 les ministres cessent d’être juges de droit commun 174 00:14:08,133 --> 00:14:11,222 en premier ressort des litiges administratifs 175 00:14:11,533 --> 00:14:17,688 et cette compétence est transférée au Conseil d’État qui va la conserver jusqu’en 1953. 176 00:14:19,080 --> 00:14:24,222 Troisième et dernière étape fondamentale sous la Troisième République, 177 00:14:24,733 --> 00:14:29,000 un ultime lien organique va être rompu 178 00:14:29,133 --> 00:14:37,222 entre l’administration et son juge par un décret-loi du 6 septembre 1926. 179 00:14:37,980 --> 00:14:43,377 En effet, ce décret-loi va assurer l’indépendance des conseils de préfecture 180 00:14:43,660 --> 00:14:45,377 par rapport à l’administration, 181 00:14:45,577 --> 00:14:50,133 puisqu’il met fin à la présidence de ces juridictions par les préfets 182 00:14:50,377 --> 00:14:56,155 et va doter ces juridictions d’un corps de membres propres, 183 00:14:56,488 --> 00:14:59,880 distinct de l’administration préfectorale. 184 00:15:01,230 --> 00:15:06,333 Ainsi, en 1926, le juge administratif, à tous les degrés, 185 00:15:06,533 --> 00:15:12,400 bénéficie tant de la justice déléguée que d’une parfaite séparation 186 00:15:12,511 --> 00:15:17,333 avec son justiciable de premier rang qu’est l’administration. 187 00:15:18,450 --> 00:15:22,228 Si l’ordre juridictionnel administratif est ainsi 188 00:15:22,514 --> 00:15:27,085 définitivement en quelque sorte indépendant et autonome, 189 00:15:27,457 --> 00:15:33,142 il a connu d’importants aménagements au cours du 20e siècle.