1 00:00:05,160 --> 00:00:08,200 Après avoir vu les conditions de l’entrée en vigueur, 2 00:00:08,400 --> 00:00:10,920 voyons maintenant le moment de l’entrée en vigueur. 3 00:00:11,260 --> 00:00:12,400 2. 4 00:00:13,040 --> 00:00:15,500 Ce moment de l’entrée en vigueur est variable. 5 00:00:16,380 --> 00:00:18,040 Trois remarques doivent être faites. 6 00:00:18,460 --> 00:00:23,580 D’abord, l’acte peut prévoir sa propre date d’entrée en vigueur. 7 00:00:23,820 --> 00:00:30,800 Ensuite, des dispositions particulières s’appliquent si l’acte ne prévoit rien. 8 00:00:31,560 --> 00:00:36,220 Enfin, je vous indiquerai que ce moment de l’entrée en vigueur ne 9 00:00:36,420 --> 00:00:40,240 peut pas être antérieur à l’édiction de l’acte, c’est ce que l’on appelle 10 00:00:40,440 --> 00:00:42,380 le principe de non-rétroactivité. 11 00:00:42,720 --> 00:00:46,180 Je vais reprendre ces trois remarques. 12 00:00:46,560 --> 00:00:52,380 D’abord, l’acte peut prévoir lui-même une date pour son entrée en vigueur, 13 00:00:52,600 --> 00:00:56,120 date qui est postérieure à la date de son édiction. 14 00:00:56,880 --> 00:01:01,460 Par exemple, la nomination d’un fonctionnaire à un certain poste 15 00:01:01,660 --> 00:01:05,740 peut prendre effet à compter d’une date qui est fixée à l’avenir. 16 00:01:06,020 --> 00:01:09,840 De même, une réglementation peut prévoir son entrée en vigueur six 17 00:01:10,040 --> 00:01:15,380 mois après sa publication, cela pour laisser le temps aux 18 00:01:15,580 --> 00:01:18,640 entreprises qui sont concernées de s’adapter à cette nouvelle 19 00:01:18,840 --> 00:01:19,600 réglementation. 20 00:01:20,740 --> 00:01:24,960 Il est même parfois obligatoire pour l’administration de prévoir 21 00:01:25,160 --> 00:01:30,520 une entrée en vigueur différée ou, du moins, d’adapter l’entrée en 22 00:01:30,720 --> 00:01:31,900 vigueur de ces actes. 23 00:01:32,340 --> 00:01:37,560 En effet, je cite ici le Conseil d’État : "Il incombe à l’autorité 24 00:01:37,760 --> 00:01:41,900 investie du pouvoir réglementaire d’édicter, pour des motifs de sécurité 25 00:01:42,100 --> 00:01:46,820 juridique, les mesures transitoires qu’impliquent s’il y a lieu une 26 00:01:47,020 --> 00:01:47,920 réglementation nouvelle". 27 00:01:48,540 --> 00:01:52,880 Il s’agit ici d’un extrait de la décision que je citais précédemment 28 00:01:53,080 --> 00:01:58,140 KPMG de 2006 rendue par l’Assemblée du contentieux, une décision 29 00:01:58,340 --> 00:01:59,100 extrêmement importante. 30 00:01:59,800 --> 00:02:05,900 Je vais vous dire quelques mots de cette décision KPMG pour vous 31 00:02:06,100 --> 00:02:11,820 expliquer un peu mieux en quoi consiste cette réglementation adaptée 32 00:02:12,020 --> 00:02:15,780 ou plutôt l’entrée en vigueur adaptée d’une réglementation. 33 00:02:17,220 --> 00:02:22,540 À la suite d’un scandale de fraude et de manipulation comptable de 34 00:02:22,740 --> 00:02:28,040 l’entreprise Enron aux États-Unis, fraude extrêmement célèbre qui 35 00:02:28,240 --> 00:02:33,320 a entraîné de nombreuses conséquences, 36 00:02:34,900 --> 00:02:37,980 à la suite de ce scandale, plusieurs pays, dont la France, 37 00:02:38,180 --> 00:02:41,320 ont réformé leurs législations sur les comptes des entreprises. 38 00:02:42,460 --> 00:02:47,040 Dans notre pays, la loi de sécurité financière de 2003 a notamment 39 00:02:47,240 --> 00:02:53,120 renforcé la séparation des fonctions d’audit et de conseil et a renforcé 40 00:02:53,320 --> 00:02:57,200 également la réglementation de l’activité de commissaire aux comptes. 41 00:02:57,400 --> 00:03:02,000 Cette profession allait être soumise à un code de déontologie, 42 00:03:02,200 --> 00:03:09,560 code de déontologie prévu par la loi, code qui serait élaboré puis approuvé 43 00:03:09,760 --> 00:03:11,740 par décret du Premier ministre. 44 00:03:12,860 --> 00:03:17,700 Ce code est approuvé en 2005 et il est contesté, ce code de déontologie 45 00:03:17,900 --> 00:03:22,520 de la profession de commissaire aux comptes, par les grands cabinets 46 00:03:22,720 --> 00:03:26,700 d’audit et de conseil, KPMG, Deloitte, Ernst & Young, 47 00:03:26,900 --> 00:03:27,660 etc. 48 00:03:28,580 --> 00:03:35,420 L’un des principaux axes de la contestation menée par ces cabinets 49 00:03:35,620 --> 00:03:41,080 d’audit et de conseil, leur principal axe de contestation, 50 00:03:41,880 --> 00:03:46,920 c’était le fait que la nouvelle réglementation de la profession 51 00:03:47,120 --> 00:03:49,660 de commissaire aux comptes s’appliquait de manière immédiate, 52 00:03:50,360 --> 00:03:53,960 y compris à des contrats en cours d’exécution. 53 00:03:55,320 --> 00:03:59,220 Cette entrée en vigueur immédiate du code de déontologie portait 54 00:03:59,420 --> 00:04:03,740 donc atteinte, selon ces entreprises, à la sécurité juridique. 55 00:04:04,600 --> 00:04:09,360 Dans sa décision, le Conseil d’État a adopté une position un peu nuancée. 56 00:04:09,780 --> 00:04:15,240 D’un côté, il estime que les motifs d’ordre public sur lesquels repose 57 00:04:15,440 --> 00:04:19,240 la réglementation de la profession de commissaire aux comptes justifient 58 00:04:19,440 --> 00:04:23,980 une application directe, une application immédiate aux contrats 59 00:04:24,180 --> 00:04:24,940 en cours. 60 00:04:25,380 --> 00:04:30,360 Cependant, le principe de sécurité juridique suppose d’adapter cette 61 00:04:30,560 --> 00:04:34,480 réglementation, c’est-à-dire de prévoir des dispositions transitoires, 62 00:04:34,680 --> 00:04:38,780 des dispositions qui vont s’appliquer pendant un temps avant que ce code 63 00:04:38,980 --> 00:04:45,380 de déontologie devienne une routine au sein des entreprises, 64 00:04:45,880 --> 00:04:47,940 des cabinets d’audit et de conseils. 65 00:04:48,140 --> 00:04:53,660 En somme, l’administration, je parle de manière plus générale 66 00:04:53,860 --> 00:04:57,760 et pas seulement de la décision KPMG, l’administration peut prévoir une 67 00:04:57,960 --> 00:05:03,740 application différée et elle doit prévoir une application différée 68 00:05:03,940 --> 00:05:07,420 avec éventuellement une période transitoire particulière lorsque 69 00:05:07,620 --> 00:05:12,060 cela est nécessaire pour préserver la sécurité juridique. 70 00:05:12,280 --> 00:05:17,040 Vous voyez que l’entrée en vigueur est liée à ce nouveau principe. 71 00:05:17,740 --> 00:05:19,200 Ce n’est pas un principe si nouveau. 72 00:05:19,480 --> 00:05:21,940 Ce qui est nouveau dans le principe de sécurité juridique, 73 00:05:22,140 --> 00:05:26,920 c’est que le juge administratif en assure, de manière beaucoup 74 00:05:27,120 --> 00:05:31,840 plus approfondie, la garantie. 75 00:05:32,900 --> 00:05:38,260 Ce principe est devenu un principe cardinal, non seulement en droit 76 00:05:38,460 --> 00:05:41,300 administratif, mais en droit français en général. 77 00:05:42,260 --> 00:05:48,260 C’était ma première remarque sur le fait que l’administration peut 78 00:05:48,460 --> 00:05:51,500 adapter l’entrée en vigueur en prévoyant une date postérieure 79 00:05:51,700 --> 00:05:55,440 à l’édiction de l’acte, date à laquelle l’acte entre en 80 00:05:55,640 --> 00:05:56,560 vigueur. 81 00:05:56,860 --> 00:06:02,440 Deuxièmement, deuxième remarque, l’acte peut ne pas prévoir son 82 00:06:02,640 --> 00:06:03,400 entrée en vigueur. 83 00:06:03,860 --> 00:06:07,080 Dans ce cas-là, les dispositions du code des relations entre le 84 00:06:07,280 --> 00:06:09,220 public et l’administration s’appliquent. 85 00:06:09,620 --> 00:06:14,500 L’acte réglementaire entre en vigueur le lendemain du jour de 86 00:06:14,700 --> 00:06:17,120 l’accomplissement de la mesure de publicité. 87 00:06:17,580 --> 00:06:21,980 Autrement dit, lorsqu’un acte réglementaire est publié ou affiché, 88 00:06:22,180 --> 00:06:24,720 il entre en vigueur le lendemain. 89 00:06:25,260 --> 00:06:29,560 L’acte individuel, lui, devient opposable à son destinataire, 90 00:06:29,760 --> 00:06:33,560 l’administration peut en exiger le respect, il devient opposable 91 00:06:33,760 --> 00:06:36,020 à son destinataire le jour même de sa notification. 92 00:06:36,480 --> 00:06:42,740 Voilà les règles applicables lorsque l’acte ne prévoit pas de dispositions 93 00:06:42,940 --> 00:06:45,820 particulières relatives à son entrée en vigueur. 94 00:06:46,280 --> 00:06:51,020 Troisième remarque et enfin, le principe de non-rétroactivité 95 00:06:51,220 --> 00:06:55,060 s’applique aux actes administratifs, c’est-à-dire que l’entrée en vigueur 96 00:06:55,260 --> 00:07:00,220 de l’acte est forcément et obligatoirement postérieure à son 97 00:07:00,420 --> 00:07:01,480 édiction. 98 00:07:01,700 --> 00:07:07,320 Un acte administratif ne peut pas s’appliquer à des faits qui lui 99 00:07:07,520 --> 00:07:08,700 sont antérieurs. 100 00:07:08,900 --> 00:07:12,760 Il ne peut pas remettre en cause des situations acquises. 101 00:07:13,760 --> 00:07:17,180 Le principe de non-rétroactivité est un corollaire de la sécurité 102 00:07:17,380 --> 00:07:18,140 juridique. 103 00:07:18,340 --> 00:07:20,920 C’est pour cela que je vous disais que le principe de sécurité n’est 104 00:07:21,120 --> 00:07:22,040 pas un principe nouveau. 105 00:07:23,180 --> 00:07:25,600 La non-rétroactivité, qui est l’un des éléments de la 106 00:07:25,800 --> 00:07:30,040 sécurité juridique, est un principe très ancien dans notre droit, 107 00:07:31,160 --> 00:07:33,980 donc il ne faut pas considérer la sécurité juridique comme un 108 00:07:34,180 --> 00:07:38,140 phénomène nouveau, simplement comme un phénomène qui a pris plus d’ampleur 109 00:07:38,340 --> 00:07:40,060 ces 30 dernières années. 110 00:07:41,820 --> 00:07:45,900 Le principe de non-rétroactivité des actes administratifs découle 111 00:07:46,100 --> 00:07:52,260 notamment d’un arrêt très important rendu le 25 juin 1948, 112 00:07:52,460 --> 00:07:57,440 société du journal L’Aurore, décision dans laquelle le Conseil 113 00:07:57,640 --> 00:08:00,160 d’État a fait du principe de non-rétroactivité des actes 114 00:08:00,360 --> 00:08:02,800 administratifs un principe général du droit. 115 00:08:03,660 --> 00:08:09,020 En l’espèce, le ministre de l’Industrie et du Commerce a pris un arrêté 116 00:08:09,220 --> 00:08:14,920 de majoration du prix de l’électricité le 30 décembre 1947, 117 00:08:15,440 --> 00:08:18,720 applicable à partir du 1er janvier 1948. 118 00:08:19,280 --> 00:08:24,020 Or, la consommation d’électricité n’est pas relevée chez tous les 119 00:08:24,220 --> 00:08:30,000 usagers dès le 1er janvier, en particulier ici le 1er janvier 1948. 120 00:08:30,440 --> 00:08:37,140 Donc si le dernier relevé d’électricité a eu lieu avant le 1er janvier 1948, 121 00:08:37,340 --> 00:08:43,760 la majoration du tarif s’applique à une consommation antérieure à 122 00:08:43,960 --> 00:08:47,180 l’entrée en vigueur de cet acte. 123 00:08:47,400 --> 00:08:51,440 Imaginons par exemple que le dernier relevé d’électricité d’un usager 124 00:08:51,640 --> 00:08:57,900 ait eu lieu le 1er juillet 1947 et que le premier relevé de 1948 125 00:08:58,100 --> 00:09:02,800 ait lieu le 1er février, le nouveau tarif va s’appliquer 126 00:09:03,000 --> 00:09:08,420 pour la consommation d’électricité entre le 1er juillet 1947 et le 127 00:09:08,620 --> 00:09:14,580 1er février 1948, donc l’acte s’applique de manière rétroactive 128 00:09:14,780 --> 00:09:19,800 à la période qui va du 1er juillet au 31 décembre 1947. 129 00:09:20,760 --> 00:09:24,740 La société du journal L’Aurore a fait un recours devant le Conseil 130 00:09:24,940 --> 00:09:34,160 d’État en invoquant l’argument de la rétroactivité illégale de 131 00:09:34,360 --> 00:09:35,720 l’acte de majoration du tarif. 132 00:09:36,380 --> 00:09:41,860 Le Conseil d’État répond de la manière suivante : "L’acte viole 133 00:09:42,300 --> 00:09:46,040 le principe en vertu duquel les règlements ne disposent que pour 134 00:09:46,240 --> 00:09:51,540 l’avenir et il annule cette décision", il annule cet acte de majoration 135 00:09:51,740 --> 00:09:52,500 du tarif. 136 00:09:54,020 --> 00:09:59,440 Il existe cependant des aménagements à l’interdiction pour l’administration 137 00:09:59,640 --> 00:10:01,380 d’édicter des actes rétroactifs. 138 00:10:02,380 --> 00:10:06,740 D’abord la loi peut permettre à l’administration de prendre des 139 00:10:06,940 --> 00:10:13,100 actes rétroactifs, mais il faut le savoir que la loi est elle-même 140 00:10:13,300 --> 00:10:17,160 encadrée par la Constitution en matière de rétroactivité, 141 00:10:17,800 --> 00:10:21,420 par la Constitution et par la jurisprudence du Conseil 142 00:10:21,620 --> 00:10:22,380 Constitutionnel. 143 00:10:22,580 --> 00:10:28,140 D’abord, l’article 8 de la Déclaration de 1789 dispose que la loi pénale 144 00:10:28,340 --> 00:10:31,280 plus sévère ne peut jamais être rétroactive. 145 00:10:33,520 --> 00:10:37,500 Deuxième encadrement constitutionnel de la rétroactivité, 146 00:10:38,180 --> 00:10:42,440 le Conseil Constitutionnel a soumis la rétroactivité de la loi à la 147 00:10:42,640 --> 00:10:46,520 condition de la démonstration d’un intérêt général suffisant. 148 00:10:46,720 --> 00:10:50,520 Sinon, il y a violation de la sécurité juridique. 149 00:10:50,900 --> 00:10:55,440 L’administration peut, dans l’exécution d’une loi rétroactive, 150 00:10:55,640 --> 00:10:59,180 prendre des actes administratifs eux-mêmes rétroactifs, 151 00:11:00,120 --> 00:11:05,600 mais il est possible dans ce cas-là de faire une QPC à l’occasion d’un 152 00:11:05,800 --> 00:11:08,540 recours contre un acte administratif en tant qu’il fait application 153 00:11:08,740 --> 00:11:13,800 d’une loi contraire à la Constitution et contraire en particulier au 154 00:11:14,000 --> 00:11:18,180 principe constitutionnel de sécurité juridique en ce que la loi elle-même 155 00:11:18,380 --> 00:11:20,140 est rétroactive. 156 00:11:22,280 --> 00:11:26,940 Deuxième exception au principe de non-rétroactivité et dans le 157 00:11:27,140 --> 00:11:29,880 même ordre d’idées d’ailleurs, l’administration peut également 158 00:11:30,080 --> 00:11:34,080 prendre des actes rétroactifs pour exécuter une décision de justice, 159 00:11:34,800 --> 00:11:36,760 non pas une loi, mais une décision de justice. 160 00:11:37,320 --> 00:11:42,720 En effet, lorsque le juge administratif annule un acte administratif, 161 00:11:42,920 --> 00:11:47,620 sa décision produit des effets pour l’avenir certes, 162 00:11:47,820 --> 00:11:48,780 mais aussi pour le passé. 163 00:11:49,440 --> 00:11:53,240 L’acte de l’administration est réputé n’être jamais intervenu. 164 00:11:53,440 --> 00:11:56,980 L’administration peut, dans le cas d’une annulation 165 00:11:57,180 --> 00:12:02,320 contentieuse, prendre des actes rétroactifs pour rétablir la situation 166 00:12:02,520 --> 00:12:08,460 telle qu’elle existait avant l’adoption de l’acte qui a été annulé par le juge. 167 00:12:08,660 --> 00:12:14,080 L’administration peut adopter des actes rétroactifs pour exécuter 168 00:12:14,280 --> 00:12:15,320 une décision de justice. 169 00:12:17,200 --> 00:12:20,680 Ensuite, autre exception au principe de non-rétroactivité, l’administration 170 00:12:21,520 --> 00:12:27,160 peut, je vous en reparlerai bientôt, retirer des actes administratifs, 171 00:12:27,360 --> 00:12:30,540 c’est-à-dire les faire disparaître rétroactivement. 172 00:12:31,240 --> 00:12:35,520 Le retrait est cependant une technique très encadrée, nous le verrons. 173 00:12:36,920 --> 00:12:41,620 Dernière exception au principe de non-rétroactivité, le juge admet 174 00:12:41,820 --> 00:12:47,440 parfois que l’administration peut prendre des actes rétroactifs pour 175 00:12:47,640 --> 00:12:49,540 un motif d’intérêt général particulier. 176 00:12:50,580 --> 00:12:57,000 Par exemple, dans une assez complexe 177 00:12:57,200 --> 00:13:01,120 affaire Madame Anchling, le Conseil d’État ayant rendu une 178 00:13:01,320 --> 00:13:05,760 décision dans cette affaire le 28 avril 2014, le tarif de l’eau 179 00:13:05,960 --> 00:13:11,120 dans un syndicat intercommunal avait été déclaré illégal en raison 180 00:13:11,320 --> 00:13:12,920 d’un vice de procédure. 181 00:13:13,860 --> 00:13:19,200 Le syndicat intercommunal ne pouvait plus appliquer le tarif illégal 182 00:13:19,400 --> 00:13:23,460 puisque ce tarif avait été déclaré illégal par le juge. 183 00:13:23,680 --> 00:13:28,940 Il y a une jurisprudence selon 184 00:13:29,140 --> 00:13:33,820 laquelle l’administration n’a pas le droit d’appliquer une réglementation 185 00:13:34,020 --> 00:13:34,780 illégale. 186 00:13:34,980 --> 00:13:41,180 Le syndicat intercommunal ne pouvait plus réclamer aux administrés le 187 00:13:41,380 --> 00:13:44,780 paiement de leur facture puisqu’il n’y avait plus d’actes applicables, 188 00:13:45,680 --> 00:13:51,360 d’actes prévoyant le tarif de l’eau dans ce syndicat intercommunal. 189 00:13:51,980 --> 00:13:56,920 Pour régler cette situation, le syndicat intercommunal a adopté 190 00:13:57,120 --> 00:14:02,520 rétroactivement un tarif qui pourrait s’appliquer aux administrés qui 191 00:14:02,720 --> 00:14:08,200 ont profité du service public, mais ont demandé à ne pas payer 192 00:14:08,400 --> 00:14:10,420 leur facture en raison d’un tarif illégal. 193 00:14:10,640 --> 00:14:16,100 Ils avaient bien bénéficié du service, mais entendaient ne pas payer leur 194 00:14:16,300 --> 00:14:17,060 facture. 195 00:14:17,260 --> 00:14:24,020 Dans cette affaire, Madame Anchling, le Conseil d’État a jugé que dans 196 00:14:24,220 --> 00:14:26,660 cette situation précise, l’administration pouvait prendre 197 00:14:26,860 --> 00:14:31,800 une délibération tarifaire rétroactive applicable à un service qu’elle 198 00:14:32,000 --> 00:14:33,320 a rendu par le passé. 199 00:14:34,140 --> 00:14:39,680 Donc ici, la rétroactivité était fondée sur un motif d’intérêt général.