1 00:00:05,800 --> 00:00:11,050 Nous allons commencer l’étude du contrat avec, dans un titre premier, 2 00:00:11,590 --> 00:00:14,110 des développements sur la formation du contrat. 3 00:00:14,980 --> 00:00:17,780 Dans la formation du contrat, on va voir dans un premier temps 4 00:00:17,980 --> 00:00:20,530 ce qui concerne la conclusion du contrat. 5 00:00:20,730 --> 00:00:23,710 La conclusion du contrat fait aujourd’hui l’objet de plusieurs 6 00:00:23,910 --> 00:00:26,260 dispositions dans le Code civil. 7 00:00:28,360 --> 00:00:32,140 Dans le Code civil, en 1804, il n’y avait quasiment rien sur 8 00:00:32,340 --> 00:00:35,170 cette phase de conclusion, alors qu’aujourd’hui, 9 00:00:35,410 --> 00:00:38,500 il y a de nombreuses dispositions qui, pour la plupart d’ailleurs, 10 00:00:38,890 --> 00:00:43,750 viennent consacrer la jurisprudence qui s’était développée durant près 11 00:00:43,950 --> 00:00:44,710 de deux siècles. 12 00:00:45,370 --> 00:00:48,040 Dans un chapitre premier, nous allons voir la question des 13 00:00:48,240 --> 00:00:49,060 négociations. 14 00:00:49,570 --> 00:00:54,010 Sur précisément la question des négociations, on retrouve trois 15 00:00:54,210 --> 00:00:55,330 textes dans le Code civil. 16 00:00:55,810 --> 00:00:59,950 Le premier, c’est l’article 1112 qui traite de ce qu’on appelle 17 00:01:00,250 --> 00:01:01,060 les pourparlers. 18 00:01:01,260 --> 00:01:06,340 Ensuite, l’article 1112-1 qui traite de l’obligation d’information, 19 00:01:06,540 --> 00:01:12,670 puis l’article 1112-2 qui traite de l’obligation de confidentialité. 20 00:01:13,270 --> 00:01:16,540 Ces règles, je le répète, sont nouvelles dans le Code, 21 00:01:16,930 --> 00:01:21,250 mais certaines d’entre elles avaient été déjà développées par la 22 00:01:21,450 --> 00:01:22,210 jurisprudence. 23 00:01:23,290 --> 00:01:28,090 En ce qui concerne, dans une section première, la question des négociations 24 00:01:28,290 --> 00:01:31,630 précontractuelles, mais dans ce qu’on appelle plus précisément 25 00:01:31,900 --> 00:01:32,740 les pourparlers. 26 00:01:33,550 --> 00:01:37,360 La question des pourparlers en droit des contrats va présenter 27 00:01:37,560 --> 00:01:39,100 deux problèmes distincts. 28 00:01:40,270 --> 00:01:42,940 Le premier problème, c’est celui de savoir si les 29 00:01:43,140 --> 00:01:47,680 négociations précontractuelles ont ou non un caractère contraignant. 30 00:01:47,880 --> 00:01:52,600 Sont-elles au contraire dominées par un principe de liberté ? 31 00:01:53,800 --> 00:01:57,370 Le deuxième problème, à supposer qu’une faute puisse 32 00:01:57,570 --> 00:02:02,800 être commise lors de ces négociations précontractuelles, c’est celui 33 00:02:03,000 --> 00:02:04,030 de la sanction. 34 00:02:04,780 --> 00:02:08,800 Si on ne respecte pas les règles posées par le Code civil, 35 00:02:09,040 --> 00:02:12,340 quelles sanctions peuvent être prononcées par le juge ? 36 00:02:12,620 --> 00:02:15,170 Y a-t-il une indemnisation possible ? 37 00:02:15,400 --> 00:02:18,430 Et par rapport à quoi sera calculée cette indemnisation ? 38 00:02:20,110 --> 00:02:25,420 Avant de revenir sur ces deux problèmes distincts, il faut présenter les 39 00:02:25,620 --> 00:02:27,520 pourparlers, la notion de pourparlers. 40 00:02:29,230 --> 00:02:32,690 Dans la phase qui va entraîner la conclusion d’un contrat, 41 00:02:33,250 --> 00:02:34,690 il y a plusieurs possibilités. 42 00:02:34,890 --> 00:02:38,950 Plusieurs formes de conclusion du contrat peuvent se présenter 43 00:02:39,150 --> 00:02:39,910 dans la pratique. 44 00:02:40,900 --> 00:02:45,460 Dans certains cas, le contrat va être conclu immédiatement, 45 00:02:46,090 --> 00:02:49,150 mais il n’y a pas de réelles discussions entre les parties. 46 00:02:49,570 --> 00:02:53,410 En un trait de temps, instantanément, un contrat va être 47 00:02:53,610 --> 00:02:54,370 conclu. 48 00:02:54,570 --> 00:02:56,020 Il n’y a pas de négociation, pas de discussions. 49 00:02:56,220 --> 00:03:00,550 C’est l’exemple d’un consommateur qui va acheter un bien de consommation 50 00:03:00,750 --> 00:03:01,510 courante. 51 00:03:01,710 --> 00:03:05,110 Le contrat se forme immédiatement et s’exécute en un trait de temps. 52 00:03:06,640 --> 00:03:10,510 Dans d’autres hypothèses, en revanche, parce que le contrat 53 00:03:10,710 --> 00:03:14,110 porte sur une somme importante, parce que les enjeux du contrat 54 00:03:14,310 --> 00:03:17,050 sont importants, dans les grands contrats de fourniture entre 55 00:03:17,250 --> 00:03:20,260 entreprises, les contrats qui organisent des relations de longue 56 00:03:20,460 --> 00:03:27,160 durée entre des partenaires commerciaux, en raison de l’importance 57 00:03:27,360 --> 00:03:32,920 des enjeux, il va y avoir, en préalable à la conclusion effective 58 00:03:33,120 --> 00:03:37,750 du contrat, une phase de négociation qui va durer plus ou moins longtemps. 59 00:03:38,320 --> 00:03:41,830 Les partenaires discutent de l’éventualité de la conclusion 60 00:03:42,030 --> 00:03:45,550 du contrat et vont discuter des clauses éventuellement qui vont 61 00:03:45,750 --> 00:03:47,440 garnir ce contrat. 62 00:03:48,880 --> 00:03:52,120 Cette phase de discussion, cette phase de négociation, 63 00:03:52,320 --> 00:03:54,310 c’est ce qu’on appelle les pourparlers. 64 00:03:56,590 --> 00:03:59,800 Ce qu’il faut savoiren premier lieu sur cette phase des pourparlers, 65 00:04:00,000 --> 00:04:04,300 c’est qu’en droit français, il existe un principe ici de liberté. 66 00:04:05,230 --> 00:04:08,560 Les pourparlers n’ont pas de caractère contraignant. 67 00:04:08,760 --> 00:04:10,090 C’est d’ailleurs leur intérêt. 68 00:04:10,960 --> 00:04:14,740 Les parties discutent, mais aucune n’est forcée de conclure 69 00:04:14,940 --> 00:04:15,700 le contrat. 70 00:04:15,900 --> 00:04:19,120 On discute pour voir si effectivement le contrat sera conclu, 71 00:04:19,320 --> 00:04:21,700 mais on n’est pas obligé de conclure. 72 00:04:22,000 --> 00:04:22,760 On réfléchit. 73 00:04:23,710 --> 00:04:27,280 Ce qui a comme conséquences, ce qui a pu être rappelé par la 74 00:04:27,480 --> 00:04:30,930 jurisprudence, que les parties peuvent négocier avec d’autres 75 00:04:31,130 --> 00:04:33,490 parallèlement, que l’on appelle les négociations parallèles. 76 00:04:34,000 --> 00:04:38,230 Une même entreprise qui va conclure un marché peut tester différents 77 00:04:38,430 --> 00:04:40,330 partenaires potentiels, ensuite faire un choix. 78 00:04:40,530 --> 00:04:42,670 Évidemment, il n’y a pas de caractère contraignant. 79 00:04:42,870 --> 00:04:46,570 On n’est pas obligé de conclure avec le premier avec lequel on 80 00:04:46,770 --> 00:04:48,220 a entamé les négociations. 81 00:04:48,700 --> 00:04:52,690 Sur ces négociations parallèles, il faut préciser qu’on n’a pas 82 00:04:52,890 --> 00:04:58,120 non plus l’obligation de révéler aux parties, avec lesquelles on 83 00:04:58,320 --> 00:05:03,000 discute, qu’on mène parallèlement des discussions avec des tiers. 84 00:05:03,540 --> 00:05:08,220 Les négociations parallèles peuvent tout à fait avoir un caractère secret. 85 00:05:08,420 --> 00:05:13,980 Parfois, la négociation, 86 00:05:14,180 --> 00:05:18,990 la progression de la discussion va être matérialisée par ce qu’on 87 00:05:19,190 --> 00:05:20,940 appelle des accords de principe. 88 00:05:21,140 --> 00:05:25,140 Au cours de la négociation, les parties vont faire régulièrement 89 00:05:25,340 --> 00:05:29,430 le point sur les points d’accord. 90 00:05:30,570 --> 00:05:34,230 Le contrat se forme ainsi par étapes, progressivement. 91 00:05:35,730 --> 00:05:38,730 On parle d’une notion qui a pris le nom de punctation. 92 00:05:38,930 --> 00:05:42,210 La punctation, c’est la formation progressive du contrat, 93 00:05:42,600 --> 00:05:46,710 avec des accords intermédiaires qui vont manifester, qui vont 94 00:05:46,910 --> 00:05:51,030 matérialiser les points sur lesquels les parties sont d’ores et déjà 95 00:05:51,300 --> 00:05:52,060 d’accord. 96 00:05:53,580 --> 00:05:58,590 Pour le reste, les pourparlers sont dominés par un principe de 97 00:05:58,790 --> 00:06:02,790 liberté, ce que rappelle l’alinéa premier de l’article 1112 : 98 00:06:02,990 --> 00:06:06,900 "L’initiative, le déroulement et la rupture des négociations 99 00:06:07,100 --> 00:06:08,910 précontractuelles sont libres. 100 00:06:11,460 --> 00:06:15,510 Ils doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi". 101 00:06:15,720 --> 00:06:19,590 Cette réserve de la bonne foi est extrêmement importante puisque, 102 00:06:19,790 --> 00:06:23,730 justement, la bonne foi va se présenter comme un tempérament, 103 00:06:23,930 --> 00:06:29,040 comme une limite au principe de liberté qui domine les pourparlers. 104 00:06:29,240 --> 00:06:32,880 Qu’est-ce que veut dire ici, la notion de bonne foi ? 105 00:06:33,750 --> 00:06:36,510 La notion de bonne foi, ça veut dire que dans la conduite 106 00:06:36,710 --> 00:06:41,070 des négociations, les parties doivent avoir un comportement loyal, 107 00:06:41,270 --> 00:06:47,040 doivent s’abstenir d’être le contraire de la bonne foi qui est la mauvaise 108 00:06:47,240 --> 00:06:48,000 foi. 109 00:06:48,300 --> 00:06:52,110 La mauvaise foi, d’après l’article 1112, sera sanctionnée. 110 00:06:53,340 --> 00:06:56,730 Le problème est de savoir en quoi elle va consister. 111 00:06:57,030 --> 00:06:59,490 Quelle est l’attitude qui, lors des pourparlers, 112 00:06:59,690 --> 00:07:02,340 alors même qu’ils sont dominés par un principe de liberté, 113 00:07:02,540 --> 00:07:05,190 pourrait donner lieu à éventuellement une sanction ? 114 00:07:06,630 --> 00:07:10,950 Ce qu’il faut bien comprendre ici, au nom de l’application de ce principe 115 00:07:11,150 --> 00:07:15,150 de bonne foi, c’est que ce qu’on va sanctionner, le comportement 116 00:07:15,350 --> 00:07:18,690 qui va être sanctionné, la faute finalement ne réside pas 117 00:07:18,890 --> 00:07:23,910 dans la rupture elle-même qui est libre, mais dans les circonstances 118 00:07:24,110 --> 00:07:27,510 qui ont accompagné cette rupture des pourparlers. 119 00:07:29,160 --> 00:07:32,820 On peut rompre librement, c’est le principe de la liberté 120 00:07:33,020 --> 00:07:37,110 contractuelle, mais on ne peut pas rompre dans n’importe quelle 121 00:07:37,310 --> 00:07:40,500 circonstance, à n’importe quelle condition, les pourparlers. 122 00:07:40,860 --> 00:07:43,980 Si les circonstances démontrent l’existence d’une faute, 123 00:07:44,180 --> 00:07:46,770 alors une sanction sera encourue. 124 00:07:46,970 --> 00:07:50,790 Où est la faute, d’après la jurisprudence ? 125 00:07:51,300 --> 00:07:54,690 Ce qu’on peut remarquer ici, c’est que l’ordonnance n’en dit 126 00:07:54,890 --> 00:07:55,650 pas un mot. 127 00:07:55,850 --> 00:08:00,330 Il n’y a rien sur l’idée de faute, sur la notion de faute dans 128 00:08:00,530 --> 00:08:01,290 l’ordonnance elle-même. 129 00:08:02,160 --> 00:08:07,680 Il ressort de l’étude de la jurisprudence que la faute dans 130 00:08:07,880 --> 00:08:11,970 la rupture des pourparlers, dans les circonstances de la rupture, 131 00:08:13,200 --> 00:08:16,350 la faute peut se trouver dans une rupture qui serait brutale. 132 00:08:17,690 --> 00:08:21,620 Ou alors quand la rupture est le fait de ce que la jurisprudence 133 00:08:21,820 --> 00:08:23,810 caractérise comme une légèreté blâmable. 134 00:08:24,710 --> 00:08:30,050 Ou alors encore lorsqu’on arrive à démontrer que le partenaire n’a 135 00:08:30,250 --> 00:08:34,940 en réalité jamais eu l’intention de conclure le contrat. 136 00:08:35,750 --> 00:08:40,310 Ce qui ressort généralement de la faute telle qu’elle est retenue, 137 00:08:40,510 --> 00:08:44,120 telle qu’elle est envisagée par la jurisprudence, c’est qu’il y 138 00:08:44,320 --> 00:08:49,970 a ici une méconnaissance, une tromperie à l’égard du partenaire 139 00:08:50,170 --> 00:08:50,930 à la négociation. 140 00:08:51,560 --> 00:08:57,230 On trompe les attentes légitimes de la victime de la rupture des 141 00:08:57,430 --> 00:08:58,190 pourparlers. 142 00:08:58,580 --> 00:09:02,630 Il y a faute quand celui qui est le demandeur, puisqu’il va demander 143 00:09:03,200 --> 00:09:07,670 une réparation en justice, quand le demandeur pouvait légitimement 144 00:09:07,870 --> 00:09:13,280 espérer, compte tenu de l’attitude de l’autre partie, conclure l’acte 145 00:09:13,480 --> 00:09:14,240 définitif. 146 00:09:14,480 --> 00:09:17,390 Les pourparlers étaient suffisamment avancés, on pensait conclure. 147 00:09:17,590 --> 00:09:21,950 Et soudain, rupture brutale ou rupture sans motif légitime qui 148 00:09:22,150 --> 00:09:25,190 démontre qu’on n’avait finalement jamais l’intention de conclure 149 00:09:25,390 --> 00:09:28,820 parce qu’on n’a pas de motif à donner pour rompre les pourparlers. 150 00:09:29,060 --> 00:09:33,560 Il faudra démontrer vraiment qu’il y avait ici l’intention de ne jamais 151 00:09:33,760 --> 00:09:36,050 conclure le contrat, mais de faire perdre du temps à 152 00:09:36,250 --> 00:09:40,130 l’autre partie en la poussant dans des négociations durables. 153 00:09:40,330 --> 00:09:44,330 Donc, on a un principe de liberté. 154 00:09:44,530 --> 00:09:48,470 On a le tempérament de l’exigence de bonne foi qui fait que lorsque 155 00:09:48,670 --> 00:09:53,750 les circonstances l’exigent, une réparation pourra être prononcée 156 00:09:53,950 --> 00:09:54,710 par le juge. 157 00:09:54,910 --> 00:09:59,360 Mais justement, la deuxième grande question qui se pose pour les 158 00:09:59,560 --> 00:10:04,250 pourparlers, c’est celle qui tient au préjudice réparable, 159 00:10:04,450 --> 00:10:07,660 quel préjudice pourra donner lieu à réparation. 160 00:10:09,020 --> 00:10:13,520 Il y a une discussion, deux conceptions possibles sur 161 00:10:13,720 --> 00:10:15,260 le préjudice réparable. 162 00:10:16,130 --> 00:10:19,820 Première conception, une conception qu’on peut qualifier 163 00:10:20,020 --> 00:10:21,440 de conception large. 164 00:10:22,370 --> 00:10:25,820 Deuxième conception, à l’opposé, c’est une conception 165 00:10:26,020 --> 00:10:28,100 stricte du dommage réparable. 166 00:10:29,390 --> 00:10:34,760 D’après la conception large du préjudice, on va réparer tout le 167 00:10:34,960 --> 00:10:35,720 préjudice subi. 168 00:10:35,920 --> 00:10:39,710 On fait comme si le contrat devait être conclu et du fait de la rupture, 169 00:10:40,160 --> 00:10:41,330 ne sera jamais conclu. 170 00:10:41,540 --> 00:10:47,990 On va réparer les gains qu’on aurait eus si le contrat avait été conclu. 171 00:10:48,190 --> 00:10:50,900 C’est une conception très large du préjudice. 172 00:10:51,170 --> 00:10:56,750 Au contraire, dans la conception stricte, on ne répare que les frais 173 00:10:56,950 --> 00:11:00,470 occasionnés par la négociation, frais de déplacement, 174 00:11:00,890 --> 00:11:04,850 frais éventuellement générés par des études préalables, 175 00:11:05,050 --> 00:11:05,810 des expertises, etc. 176 00:11:06,010 --> 00:11:06,770 Pourquoi ? 177 00:11:07,970 --> 00:11:13,100 Cette conception stricte repose sur le principe de la liberté 178 00:11:13,300 --> 00:11:14,060 contractuelle. 179 00:11:14,390 --> 00:11:19,940 On estime que même s’il n’y avait pas eu une rupture abusive des 180 00:11:20,140 --> 00:11:23,810 pourparlers dans les circonstances de la rupture, même s’il n’y avait 181 00:11:24,010 --> 00:11:28,850 pas eu ce manquement à la bonne foi, rien ne dit que le contrat aurait 182 00:11:29,050 --> 00:11:30,920 été conclu parce qu’il manque une étape. 183 00:11:32,420 --> 00:11:34,190 Il manque un lien de causalité. 184 00:11:35,510 --> 00:11:40,160 Le principe de liberté contractuelle fait que même si on avait normalement 185 00:11:40,360 --> 00:11:44,660 mené des pourparlers conformément à la bonne foi, rien ne dit que 186 00:11:44,990 --> 00:11:48,800 ces pourparlers auraient débouché sur la conclusion du contrat. 187 00:11:50,240 --> 00:11:54,860 La jurisprudence a tranché ce débat entre la conception stricte et 188 00:11:55,060 --> 00:11:56,030 la conception large. 189 00:11:56,230 --> 00:12:00,810 C’est un arrêt très important rendu par la chambre commerciale le 26 190 00:12:01,010 --> 00:12:02,150 novembre 2013. 191 00:12:02,720 --> 00:12:08,300 Dans cette décision, la Cour de cassation va juger que 192 00:12:09,020 --> 00:12:13,460 la conception stricte doit l’emporter, c’est-à-dire qu’on ne va réparer, 193 00:12:13,940 --> 00:12:17,810 en cas de manquements dans la conduite des pourparlers de bonne foi, 194 00:12:19,010 --> 00:12:21,980 que les frais générés par la négociation. 195 00:12:22,180 --> 00:12:28,190 Là, le préjudice est certain, il découle directement de la faute. 196 00:12:28,700 --> 00:12:32,860 En revanche, tout ce qui est gain espéré de la conclusion du contrat, 197 00:12:33,080 --> 00:12:35,390 tout ceci ne se rattache pas nécessairement. 198 00:12:35,690 --> 00:12:40,130 Il manque un élément très important en responsabilité qui est le lien 199 00:12:40,330 --> 00:12:44,120 de causalité entre la faute et le dommage subi. 200 00:12:44,410 --> 00:12:47,330 Ce lien de causalité ici fait défaut parce que, je le répète, 201 00:12:47,750 --> 00:12:50,420 il y a ce principe de la liberté contractuelle. 202 00:12:50,870 --> 00:12:55,370 La loi de ratification de 2018 a par ailleurs rajouté le fait 203 00:12:55,570 --> 00:12:59,750 qu’on ne répare pas non plus la perte de chance d’obtenir les gains. 204 00:12:59,950 --> 00:13:02,750 La perte de chances, on reviendra sur cette notion en 205 00:13:02,950 --> 00:13:04,160 matière de dommages réparables. 206 00:13:04,360 --> 00:13:10,280 Ici, l’ordonnance montre bien, en consacrant la solution retenue 207 00:13:10,480 --> 00:13:14,120 en 2003 par la Cour de cassation, que c’est bien la conception stricte 208 00:13:14,630 --> 00:13:20,950 qui l’emporte au nom de la causalité, de la prise en compte du lien de 209 00:13:21,150 --> 00:13:21,910 causalité. 210 00:13:23,110 --> 00:13:27,200 Sur la question des pourparlers, si on résume, on peut dire, 211 00:13:27,400 --> 00:13:31,240 un, que les pourparlers sont dominés par un principe de liberté qui 212 00:13:31,440 --> 00:13:35,380 s’explique par le principe de la liberté contractuelle. 213 00:13:35,580 --> 00:13:41,470 Deux, il y a une exigence de bonne foi qui permet de lutter contre 214 00:13:41,670 --> 00:13:46,660 des comportements d’une légèreté de nature à tromper les attentes 215 00:13:46,860 --> 00:13:49,720 légitimes du partenaire à la négociation. 216 00:13:49,930 --> 00:13:55,750 Trois, quant au préjudice réparable, la jurisprudence reprise dans la 217 00:13:55,950 --> 00:14:00,250 loi retient une conception stricte du préjudice réparable. 218 00:14:00,450 --> 00:14:05,440 C’est uniquement ce qui est dû à la faute dans la rupture, 219 00:14:05,640 --> 00:14:09,640 dans les circonstances de la rupture, mais on ne va pas faire comme si 220 00:14:09,840 --> 00:14:12,550 le contrat devait de toute façon être conclu. 221 00:14:13,660 --> 00:14:16,660 Ce sont les premières dispositions qui ont trait à la conclusion du 222 00:14:16,860 --> 00:14:20,870 contrat et qu’on va retrouver dans l’article 1112 du Code civil 223 00:14:21,070 --> 00:14:21,830 aujourd’hui.