1 00:00:07,940 --> 00:00:14,755 Nous voici donc arrivés à un stade de réflexion qui est plus intéressant, 2 00:00:14,900 --> 00:00:19,200 puisque nous allons devoir analyser désormais. 3 00:00:19,900 --> 00:00:25,110 Il ne s'agit plus donc uniquement de décrire un déséquilibre, 4 00:00:25,830 --> 00:00:33,555 il s'agit de tenter de le comprendre, pour proposer une politique économique adaptée. 5 00:00:34,140 --> 00:00:43,555 Ce sera donc l'objet du chapitre quatre, les grands déséquilibres, inflation, chômage. 6 00:00:44,520 --> 00:00:49,155 Nous aurons ensuite à étudier un autre type de déséquilibre, 7 00:00:49,155 --> 00:00:53,600 mais qui est majeur et qui nécessite à lui seul un chapitre, 8 00:00:53,750 --> 00:00:54,720 ce sera l'endettement. 9 00:00:55,290 --> 00:01:01,555 Donc au chapitre quatre, les grands déséquilibres, inflation, chômage.. 10 00:01:03,200 --> 00:01:08,888 En introduction déjà, nous devons nous poser quelques questions. 11 00:01:10,800 --> 00:01:17,600 L'inflation, par définition, c'est donc l'augmentation soutenue des prix, 12 00:01:19,911 --> 00:01:21,990 est-ce aujourd'hui un problème ? 13 00:01:22,860 --> 00:01:25,210 C'est une menace essentiellement. 14 00:01:25,950 --> 00:01:31,822 Donc toutes les économies craignent le retour de l'inflation. 15 00:01:32,250 --> 00:01:41,822 L'inflation à deux chiffres que nous avons connue, c'est une inflation redoutable, 16 00:01:41,822 --> 00:01:45,870 qui met en cause le pouvoir d'achat des agents. 17 00:01:46,170 --> 00:01:50,340 C'est un affaiblissement, donc l'inflation est une menace. 18 00:01:50,760 --> 00:01:57,911 C'est un mal dont on cherche finalement à se protéger, 19 00:01:57,955 --> 00:02:01,600 parce que non seulement elle déstabilise, 20 00:02:01,644 --> 00:02:05,066 mais elle remet en cause la valeur monétaire 21 00:02:05,333 --> 00:02:09,244 et elle met en cause le pouvoir d'achat des agents. 22 00:02:09,244 --> 00:02:10,530 Donc c'est un appauvrissement. 23 00:02:11,920 --> 00:02:12,920 Le chômage. 24 00:02:13,800 --> 00:02:21,030 Alors nous sommes habitués à vivre avec un taux de chômage en France, 25 00:02:21,066 --> 00:02:28,355 aujourd'hui de 9 %, mais ce n'est pas parce qu'on a pris l'habitude de ce phénomène, 26 00:02:28,355 --> 00:02:32,400 que l'on appelle d'hystérésis, un chômage qui se maintient, 27 00:02:33,022 --> 00:02:39,288 alors que la croissance est repartie, mais c'est un mal persistant. 28 00:02:39,440 --> 00:02:43,866 Donc c'est un mal persistant et ce n'est pas parce qu'on vit avec le chômage, 29 00:02:43,866 --> 00:02:48,630 que pour autant on ne cherche pas à le combattre. 30 00:02:48,870 --> 00:02:55,960 Aujourd'hui, ce chômage est un frein bien sûr à la relance économique. 31 00:02:58,780 --> 00:03:04,390 Une autre caractéristique de déséquilibre est inquiétante, 32 00:03:04,400 --> 00:03:07,360 c'est ce qu'on appelle la stagflation. 33 00:03:07,560 --> 00:03:14,755 C'est la contraction de deux effets : la stagnation économique et l'inflation. 34 00:03:15,240 --> 00:03:17,170 C'est un déséquilibre redoutable. 35 00:03:18,460 --> 00:03:26,590 C'est un déséquilibre qui a beaucoup marqué les économies des années 1970, 36 00:03:26,625 --> 00:03:27,875 début 1980, 37 00:03:28,850 --> 00:03:36,300 et un déséquilibre qui a donné l'occasion à de nombreux débats, 38 00:03:36,488 --> 00:03:43,155 parce que ce déséquilibre paralyse aussi le fonctionnement des politiques économiques. 39 00:03:43,820 --> 00:03:48,000 Alors aujourd'hui, on a tendance à dire que c'est un mal dépassé. 40 00:03:48,000 --> 00:03:53,288 Mais attention, la stagflation est redoutable 41 00:03:53,288 --> 00:03:56,260 parce qu'elle s'installetrès vite dans une économie. 42 00:03:57,180 --> 00:04:05,200 Et enfin, une notion très, très difficile à vivre, 43 00:04:05,250 --> 00:04:11,377 parce qu'on la subit, c'est la déflation, à ne pas confondre avec la désinflation. 44 00:04:11,800 --> 00:04:17,420 La désinflation c'est la diminution du niveau de l'inflation, 45 00:04:17,511 --> 00:04:21,511 j'ai une inflation de dix et je passe à huit, ça, c'est de la désinflation. 46 00:04:22,120 --> 00:04:26,711 Alors que la déflation, ça, c'est un piège. 47 00:04:26,730 --> 00:04:30,444 C'est la pire des difficultés, 48 00:04:30,444 --> 00:04:34,311 le pire déséquilibre qui puisse exister pour une économie, 49 00:04:34,355 --> 00:04:37,022 c'est la baisse continue des prix. 50 00:04:37,330 --> 00:04:39,511 Donc ça veut dire que finalement 51 00:04:40,311 --> 00:04:44,710 c'est la baisse qui provoque et entretient la récession permanente. 52 00:04:44,920 --> 00:04:46,360 L'économie ne progresse plus. 53 00:04:46,660 --> 00:04:49,850 Donc l'économie se fige, se paralyse. 54 00:04:50,800 --> 00:04:55,466 Alors pourquoi redouter tous ces déséquilibres, 55 00:04:56,000 --> 00:05:00,222 que malheureusement les économies occidentales ont toutes connus ? 56 00:05:01,900 --> 00:05:04,940 Quelles sont les difficultés qui y sont associées ? 57 00:05:05,790 --> 00:05:10,488 Est-ce qu'une économie qui renoue avec la croissance 58 00:05:10,800 --> 00:05:16,420 peut finalement échapper à l'inflation, à un retour de l'inflation ? 59 00:05:16,775 --> 00:05:23,370 Est-ce qu'elle peut également espérer ne plus connaître de chômage persistant, 60 00:05:23,377 --> 00:05:26,177 et éviter définitivement la déflation ? 61 00:05:26,650 --> 00:05:27,760 Rien n'est moins sûr. 62 00:05:28,120 --> 00:05:33,422 D'où la difficulté justement, pour toutes ces économies, 63 00:05:35,180 --> 00:05:40,730 de trouver les politiques économiques la protégeant de ce risque ; 64 00:05:41,180 --> 00:05:48,577 soit d'inflation, soit de chômage, soit du cumul d'inflation et de chômage. 65 00:05:49,050 --> 00:05:56,133 Donc de stagnation économique avec de l'inflation, soit voire encore de déflation. 66 00:05:57,590 --> 00:06:05,270 Pour comprendre tous ces risques, et voir comment on peut les éviter, 67 00:06:06,260 --> 00:06:12,933 il y a une étude économique intéressante qui a donné lieu à de grands débats. 68 00:06:13,040 --> 00:06:15,644 C'est l'étude de Phillips 69 00:06:16,311 --> 00:06:23,333 qui s'est principalement porté sur le problème de l'arbitrage, 70 00:06:23,333 --> 00:06:27,080 entre l'inflation et le chômage. 71 00:06:28,280 --> 00:06:33,466 Plusieurs mises en cause ont été faites par les évolutions récentes de nos économies, 72 00:06:33,644 --> 00:06:38,400 mais en même temps, des éléments de réponse sont proposés par Phillips, 73 00:06:38,755 --> 00:06:44,266 et vont nous permettre, surtout à nous, débutants en économie, 74 00:06:44,510 --> 00:06:49,555 de comprendre les raisonnements qui vont opposer, 75 00:06:49,822 --> 00:06:53,244 notamment, les keynésiens aux classiques. 76 00:06:53,380 --> 00:07:01,600 Donc des schémas d'études qui peuvent être utiles pour mieux comprendre l'économie. 77 00:07:01,866 --> 00:07:11,777 Alors, l'analyse que nous allons mener va se décomposer en plusieurs temps. 78 00:07:12,280 --> 00:07:18,460 Nous allons, dans une première section, décrire ce que nous enseigne Phillips, 79 00:07:18,660 --> 00:07:23,600 avec sa courbe inflation-chômage, son arbitrage. 80 00:07:24,080 --> 00:07:27,422 Quelles politiques économiques à ce moment-là propose-t-il ? 81 00:07:28,610 --> 00:07:32,480 Nous nous interrogeons ensuite, dans une deuxième section, 82 00:07:32,680 --> 00:07:36,844 sur le dilemme entre l'inflation et le chômage, 83 00:07:36,977 --> 00:07:43,244 et nous nous poserons surtout la question de savoir si ce dilemme est toujours d'actualité. 84 00:07:44,000 --> 00:07:49,160 Et nous en tirerons surtout des enseignements, en troisième section, 85 00:07:49,360 --> 00:07:53,230 sur les implications de politiques économiques. 86 00:07:54,140 --> 00:07:57,710 Nous aborderons alors, en quatrième section, 87 00:07:57,733 --> 00:08:03,022 les mises en cause des enseignements traditionnels de Phillips, 88 00:08:03,260 --> 00:08:06,933 avec le débat notamment keynésien et monétariste, 89 00:08:06,933 --> 00:08:12,222 et nous conclurons dans une dernière section ce chapitre 90 00:08:12,488 --> 00:08:19,866 par le problème d'un nouveau déséquilibre, la déflation encore plus menaçante. 91 00:08:21,200 --> 00:08:25,377 Donc compte tenu des grands déséquilibres, 92 00:08:25,822 --> 00:08:30,977 de risques inflationnistes et de problèmes d'emploi, 93 00:08:31,822 --> 00:08:38,533 regardons ce que nous enseigne donc Phillips dans son étude 94 00:08:38,533 --> 00:08:44,420 sur la relation entre le chômage et l'inflation. 95 00:08:45,733 --> 00:08:50,977 Première section, premier point de cette étude, de ce chapitre, 96 00:08:50,977 --> 00:08:53,911 la courbe de Phillips. 97 00:08:56,266 --> 00:09:04,800 Pour être bien dans le contexte d'analyse, avant de présenter cette courbe, 98 00:09:05,150 --> 00:09:12,200 nous allons très vite donner des caractéristiques de raisonnement 99 00:09:12,200 --> 00:09:15,333 propres aux classiques et aux keynésiens. 100 00:09:16,330 --> 00:09:19,377 Dans la théorie néoclassique, 101 00:09:19,866 --> 00:09:25,733 et donc dans la théorie qui prolonge les enseignements de Smith, 102 00:09:25,733 --> 00:09:30,711 de Ricardo, de Malthus, de Kaldor, de Stuart Mill, 103 00:09:32,177 --> 00:09:40,000 les néoclassiques, c'est-à-dire par exemple Jevons, Menger, Walras, 104 00:09:40,755 --> 00:09:45,955 nous proposent un raisonnement à prix flexible. 105 00:09:46,160 --> 00:09:50,530 Donc ça veut dire que, lorsqu'il y a un déséquilibre, 106 00:09:51,880 --> 00:09:59,110 les marchés peuvent s'ajuster de manière libre grâce au jeu des prix. 107 00:09:59,310 --> 00:10:01,430 C'est quasiment automatique. 108 00:10:02,020 --> 00:10:07,410 La flexibilité assure le plein emploi des facteurs. 109 00:10:08,260 --> 00:10:09,520 Je vous donne un exemple. 110 00:10:10,360 --> 00:10:14,290 Je suis dans une économie qui ne connaît pas le plein emploi. 111 00:10:14,650 --> 00:10:19,750 Il y a une partie des agents qui ne trouve pas de travail, 112 00:10:19,950 --> 00:10:20,890 qui est au chômage. 113 00:10:21,340 --> 00:10:31,955 Selon les néoclassiques, nous aurons une intervention de l'État totalement inutile, 114 00:10:32,311 --> 00:10:37,022 il suffit de baisser le taux de salaire et les entrepreneurs, 115 00:10:37,066 --> 00:10:41,600 les entreprises embaucheront plus de salariés. 116 00:10:41,700 --> 00:10:45,250 Donc progressivement je vais retrouver le plein emploi. 117 00:10:45,930 --> 00:10:50,530 Donc cet ajustement est sans coût, sans coût pour l'État, 118 00:10:51,250 --> 00:10:56,310 mais au prix d'un effort social, diminution du niveau de salaire. 119 00:10:56,510 --> 00:11:01,180 Mais en contrepartie un emploi, donc du pouvoir d'achat futur. 120 00:11:03,290 --> 00:11:08,090 En revanche, la théorie keynésienne condamne ce raisonnement. 121 00:11:08,660 --> 00:11:12,933 Elle s'en tient à la considération de prix fixe, 122 00:11:14,133 --> 00:11:18,050 et elle considère que le plein emploi est alors impossible. 123 00:11:18,630 --> 00:11:24,560 Que finalement, il faudra se contenter d'un équilibre sur tous les marchés, 124 00:11:24,760 --> 00:11:29,777 sauf sur le marché de l'emploi, donc un équilibre de sous-emploi, 125 00:11:29,777 --> 00:11:33,770 sous-entendu un équilibre avec du chômage sur le marché du travail. 126 00:11:35,090 --> 00:11:41,688 Donc les prix peuvent augmenter, à la limite, mais surtout ne jamais baisser. 127 00:11:41,733 --> 00:11:44,577 Donc raisonnement à prix fixe. 128 00:11:45,590 --> 00:11:51,066 Nous aurons, dans nos économies contemporaines, à redouter en fait, 129 00:11:51,650 --> 00:11:56,730 un phénomène majeur : la coexistence de chômage, 130 00:11:57,022 --> 00:12:02,960 donc sous-emploi et d'inflation, donc d'évolution des prix à la hausse. 131 00:12:03,620 --> 00:12:11,111 Donc si simultanément, on peut avoir du chômage et de l'inflation, 132 00:12:12,177 --> 00:12:18,380 pourquoi parler d'un arbitrage entre inflation et chômage, 133 00:12:18,650 --> 00:12:20,088 comme le fait Phillips ? 134 00:12:20,355 --> 00:12:25,180 Alors si nous étudions, dans cette première section, 135 00:12:25,690 --> 00:12:30,133 la courbe de Phillips, c'est surtout pour voir son mode de raisonnement 136 00:12:30,266 --> 00:12:33,466 et les enseignements que nous pouvons en tirer. 137 00:12:33,880 --> 00:12:36,888 Mais il faut avoir présent à l'esprit, 138 00:12:36,888 --> 00:12:43,066 que nos économies contemporaines redoutent considérablement 139 00:12:43,688 --> 00:12:51,333 la coexistence de chômage et d'inflation ou également, 140 00:12:51,511 --> 00:12:56,000 la coexistence de chômage et de déflation. 141 00:12:56,844 --> 00:12:59,640 On redoute encore plus ce dernier scénario. 142 00:13:01,460 --> 00:13:06,755 Pour Phillips, cette ambiguïté n'existe pas. 143 00:13:07,810 --> 00:13:12,650 Pour Phillips finalement, ce serait un arbitrage. 144 00:13:12,755 --> 00:13:19,644 Donc, si j'ai la volonté de réduire le taux de chômage, 145 00:13:20,355 --> 00:13:26,933 je dois accepter selon Phillips, en contrepartie, une augmentation des prix. 146 00:13:27,310 --> 00:13:34,933 Donc si je veux moins de chômage, je dois accepter plus d'inflation et inversement. 147 00:13:35,066 --> 00:13:42,680 Alors cette étude, cette relation entre l'inflation et le chômage, 148 00:13:42,920 --> 00:13:49,822 fait bien sûr l'objet d'une des plus grandes controverses contemporaines. 149 00:13:51,560 --> 00:14:02,533 Au départ, en 1958, Phillips a étudié l'hypothèse d'une relation inverse 150 00:14:02,530 --> 00:14:06,075 entre le taux d'inflation et le taux de chômage ; 151 00:14:06,175 --> 00:14:11,770 plus précisément, entre le taux de croissance du salaire nominal, 152 00:14:12,088 --> 00:14:16,444 le salaire donc qui augmente et le taux de chômage. 153 00:14:17,270 --> 00:14:27,244 Et de cette expérience d'analyse, il en a tiré une observation que finalement, 154 00:14:27,466 --> 00:14:30,890 il est possible, pour les responsables économiques, 155 00:14:31,310 --> 00:14:35,911 de politiques économiques, d'obtenir moins de chômage, 156 00:14:35,990 --> 00:14:38,570 au prix de plus d'inflation. 157 00:14:39,555 --> 00:14:44,844 D'où se pose le fameux dilemme inflation/chômage, 158 00:14:44,844 --> 00:14:46,820 que nous étudierons à la section deux. 159 00:14:48,260 --> 00:14:56,755 La difficulté, c'est que si on ne peut pas réduire les deux simultanément, 160 00:14:57,288 --> 00:15:02,088 alors on court le risque de stagflation, 161 00:15:02,088 --> 00:15:06,800 c'est-à-dire de croissance faible et d'inflation forte. 162 00:15:07,140 --> 00:15:09,066 Donc une difficulté, 163 00:15:09,111 --> 00:15:18,666 que les économistes soulignent et cherchent bien entendu à réduire, 164 00:15:18,977 --> 00:15:23,288 parce que cette difficulté pose un problème majeur 165 00:15:23,288 --> 00:15:26,222 pour l'orientation des politiques économiques. 166 00:15:27,911 --> 00:15:36,888 Alors dans son analyse, non seulement il observe que pour obtenir moins de chômage, 167 00:15:36,880 --> 00:15:40,800 il faudrait accepter en contrepartie, plus d'inflation ; 168 00:15:41,125 --> 00:15:44,300 mais il observe, en plus, 169 00:15:45,111 --> 00:15:52,222 que l'inflation n'existerait pas, il y aurait donc une inflation nulle, 170 00:15:52,666 --> 00:15:59,466 mais pour un taux, à ce moment-là, de chômage, de l'ordre de 5,5 %. 171 00:16:00,080 --> 00:16:06,000 Donc, un taux de chômage incompressible important, 172 00:16:06,888 --> 00:16:13,111 que l'on devrait donc admettre, même quand il n'y a pas d'inflation. 173 00:16:13,111 --> 00:16:16,490 Alors, il va falloir tenter de l'expliquer. 174 00:16:17,377 --> 00:16:22,577 Donc ce qu'il observe de toute son analyse, 175 00:16:22,977 --> 00:16:27,111 qui s'effectue sur la période des années 50, 176 00:16:27,244 --> 00:16:35,111 c'est que "la croissance du salaire nominal est négativement corrélée au taux de chômage" ; 177 00:16:35,810 --> 00:16:39,980 c'est-à-dire que quand le taux de salaire augmente, 178 00:16:40,250 --> 00:16:43,640 le taux de chômage baisse, ce qui est logique. 179 00:16:44,870 --> 00:16:48,266 Quand le taux de salaire augmente, 180 00:16:48,488 --> 00:16:53,422 c'est que les entreprises ont besoin de main-d'œuvre et embauchent, 181 00:16:53,422 --> 00:16:57,555 donc elles incitent les salariés à venir travailler. 182 00:16:57,890 --> 00:17:05,466 Pour les convaincre de venir travailler, elles leur proposent un salaire alléchant. 183 00:17:06,170 --> 00:17:11,540 Donc, lorsque le taux de salaire augmente, Phillips nous dit : 184 00:17:11,555 --> 00:17:13,600 "on observe que le chômage baisse". 185 00:17:13,644 --> 00:17:16,844 Oui, parce que les entreprises embauchent 186 00:17:16,844 --> 00:17:20,540 et que la main-d'œuvre accepte cette offre de travail. 187 00:17:21,150 --> 00:17:25,644 Donc ce qui est ici absolument logique 188 00:17:25,688 --> 00:17:30,666 et conforme aux thèses à la fois des classiques et des keynésiens. 189 00:17:31,610 --> 00:17:35,022 Donc, si on veut économiquement la justifier, 190 00:17:35,022 --> 00:17:38,030 c'est la notion de rareté, qui permet de le dire. 191 00:17:38,450 --> 00:17:43,555 Lorsque la main-d'œuvre devient rare, parce qu'il n'y a plus de chômage, 192 00:17:43,690 --> 00:17:47,155 parce qu'elle est totalement occupée, cette population active, 193 00:17:47,480 --> 00:17:53,911 alors le seul moyen de trouver d'éventuels travailleurs supplémentaires, 194 00:17:53,955 --> 00:17:56,444 c'est d'augmenter le taux de salaire. 195 00:17:56,730 --> 00:18:02,980 Donc une logique incontournable et acceptée de tous, 196 00:18:03,022 --> 00:18:05,955 quelle que soit la tendance, classique ou keynésienne. 197 00:18:06,900 --> 00:18:12,577 Deuxième enseignement, qui nous est donné par Phillips : 198 00:18:13,010 --> 00:18:19,050 c'est que la relation entre chômage et inflation n'est pas linéaire. 199 00:18:19,910 --> 00:18:28,577 Plus le taux de chômage baisse et plus la montée des salaires est forte. 200 00:18:28,960 --> 00:18:36,222 Donc ça veut dire que moins j'ai de chômage et plus les entreprises doivent donner, 201 00:18:36,222 --> 00:18:41,022 en contrepartie à la main-d'œuvre, des salaires motivants, 202 00:18:41,022 --> 00:18:43,955 ce qui est encore logique. 203 00:18:44,666 --> 00:18:47,466 Donc quand le chômage est faible, 204 00:18:47,822 --> 00:18:53,066 son recul s'accompagne d'une forte progression des salaires. 205 00:18:54,550 --> 00:18:57,600 En revanche, quand le chômage est élevé, 206 00:18:58,133 --> 00:19:03,377 son recul s'accompagne d'une faible progression des salaires. 207 00:19:03,460 --> 00:19:11,225 En effet, si je suis dans une économie avec un chômage soutenu, fort 208 00:19:11,375 --> 00:19:13,420 et que je cherche à embaucher, 209 00:19:13,600 --> 00:19:17,066 je n'ai pas besoin d'augmenter les taux de salaire : 210 00:19:17,244 --> 00:19:21,130 tout le monde est prêt à venir travailler, puisque beaucoup sont au chômage. 211 00:19:21,370 --> 00:19:24,340 Donc là encore, c'est logique. 212 00:19:25,420 --> 00:19:29,288 Troisième enseignement qui nous est donné par Phillips : 213 00:19:29,822 --> 00:19:36,711 "la courbe reliant l'inflation et le chômage, coupe l'axe des abscisses, 214 00:19:36,711 --> 00:19:40,577 c'est-à-dire l'axe qui représente le taux de chômage, 215 00:19:41,244 --> 00:19:46,720 en un point qui coexiste avec un taux de chômage très important". 216 00:19:47,200 --> 00:19:49,090 C'est ce que l'on a observé tout à l'heure. 217 00:19:49,930 --> 00:19:57,020 Il existe un problème réel, quand je n'ai pas d'inflation, 218 00:19:57,250 --> 00:20:01,200 quand donc mon inflation est égale à zéro, 219 00:20:03,200 --> 00:20:13,644 ceci coexiste néanmoins avec un chômage relativement élevé, de l'ordre de 5,5 %. 220 00:20:14,340 --> 00:20:21,230 Alors là, ça veut dire que je ne peux jamais avoir le plein emploi. 221 00:20:22,040 --> 00:20:24,888 Donc même quand les prix sont stables, 222 00:20:25,066 --> 00:20:29,377 même quand l'économie fonctionne sans inflation, 223 00:20:29,644 --> 00:20:36,488 il existerait un taux de chômage important, de l'ordre de 5,5 %. 224 00:20:37,570 --> 00:20:44,533 Cette thèse, inévitablement, est inacceptable pour les néoclassiques ; 225 00:20:45,060 --> 00:20:50,133 et surtout, pour les partisans de la monnaie, les monétaristes, 226 00:20:50,570 --> 00:20:57,733 qui sont donc des libéraux, mais surtout axés sur le problème de la monnaie, 227 00:20:57,866 --> 00:20:59,155 notamment Friedman ; 228 00:20:59,155 --> 00:21:09,555 qui vont récuser fortement cette affirmation de taux de chômage incompressible, 229 00:21:09,555 --> 00:21:15,866 de l'ordre de 5,5 %, lorsque les prix sont eux-mêmes stables. 230 00:21:16,444 --> 00:21:20,840 Alors, on n'entrera pas dans les détails théoriques et techniques, 231 00:21:21,110 --> 00:21:26,480 mais le débat va porter dans la mise en cause de la courbe de Phillips, 232 00:21:26,780 --> 00:21:29,250 sur la notion de taux de salaire. 233 00:21:30,110 --> 00:21:35,600 L'observation de Phillips a été faite sur la base d'un taux de salaire nominal, 234 00:21:35,955 --> 00:21:38,577 alors que pour les classiques, 235 00:21:38,666 --> 00:21:42,666 on ne peut le faire qu'en tenant compte du niveau général des prix, 236 00:21:42,666 --> 00:21:50,000 c'est-à-dire un taux de salaire réel, afin de ne pas être victime de l'illusion monétaire. 237 00:21:51,170 --> 00:21:59,422 Donc les fondements de la relation de Phillips apportent des enseignements, 238 00:21:59,688 --> 00:22:05,000 qui sont intéressants pour la politique économique. 239 00:22:05,440 --> 00:22:11,390 Il y a un ajustement possible des politiques économiques, 240 00:22:12,320 --> 00:22:17,733 en fonction, notamment, de la réaction d'un prix à un déséquilibre. 241 00:22:17,780 --> 00:22:25,066 La réaction du prix du travail, le salaire, a un déséquilibre, le chômage. 242 00:22:25,190 --> 00:22:32,355 Comment doit réagir le taux de salaire quand on est en situation de chômage ? 243 00:22:32,355 --> 00:22:37,644 Est-ce qu'on peut se permettre, quand on est en situation de chômage, 244 00:22:38,133 --> 00:22:43,466 de proposer une politique économique qui soutienne le taux de salaire ? 245 00:22:43,770 --> 00:22:47,111 Eh bien pour les classiques, ce n'est pas possible, 246 00:22:47,111 --> 00:22:51,860 il faut la flexibilité : donc en chômage, il faut baisser le niveau du taux de salaire. 247 00:22:51,990 --> 00:23:01,600 Donc finalement, cette analyse de Phillips va nous plonger dans un débat théorique, 248 00:23:01,822 --> 00:23:11,200 sur le problème de la flexibilité ou de la fixité du taux de salaire. 249 00:23:11,630 --> 00:23:15,111 Et en fonction de la nature du chômage, 250 00:23:15,466 --> 00:23:20,044 diverses réponses pourront donc être apportées.